Redécouvrir Marseille en stagiaire

Vue de Marseille depuis l'Escalette le samedi 21 janvier 2023. (Photo SL)

Mes premiers pas à Marsactu

Le lundi 24 avril 2023, dès mon premier jour de stage, Les journalistes de Marsactu m’accueillent tous avec le sourire. En attente de la réunion matinale sur les sujets à traiter pour le reste de la semaine, mes yeux se posent sur les nombreux livres empilés. Parmi les titres variés, certains retiennent mon attention : Marseille brûle-t-il ? ; Faut-il quitter Marseille ? ; Rue d’Aubagne, récit d’une rupture … 

Tant d’intitulés pessimistes qui rappellent la situation dramatique dans laquelle Marseille se situe. Pourtant, cette ville vaut bien la peine d’être mise en lumière et d’être aidée afin ne pas oublier sa beauté. C’est en tout cas ce que m’ont fait ressentir les journaliste de Marsactu aujourd’hui. Je découvre ainsi l’ambition d’une presse internet indépendante qui ne se subventionne qu’à l’aide de leurs abonnés. J’apprends aussi la bataille menée pour remettre sur pied une presse vouée à disparaître en 2015. Je lis enfin la qualification de « journal offensif » pour clamer la liberté d’expression du journal. Tout cela pour que Marseille vive. 

Pendant la réunion matinale, la journaliste Coralie Bonnefoy parle de sa permanence du week-end. Elle souligne que les nouvelles informations ne sont pas nombreuses cette semaine en raison des vacances. Les sujets tournent autour d’une commune du département, la situation sur les fusillades ou encore un nouveau projet culturel à Marseille. Cela me donne une perspective de la diversité des sujets et des investigations qu’offre un journaliste pour les lecteurs de Marsactu. 

Une toute autre vision du journalisme

Pendant la pause déjeuner, je prends enfin le temps de questionner les journalistes. Clara Martot Bacry me parle de la difficulté du journaliste indépendant, qu’elle a pratiqué pendant plusieurs années avant de rejoindre la rédaction en février. Ce statut est complexe car pour Clara, trouver de nouvelles idées innovantes à proposer dans un milieu qui n’offre pas d’emplois est ardu. Nous avons aussi eu l’occasion d’échanger sur la fiabilité des témoignages, l’importance des contacts fidèles, la vigilance quant aux informations données. Elle souligne aussi que Marsactu est un journal d’investigation et non de faits-divers. Il s’agit d’offrir aux lecteurs une vision approfondie et réfléchie de Marseille en interrogeant des profils différents sur un sujet donné. 

Aussi, le journaliste Benoît Gilles parle de la dualité entre concurrence et entraide avec les différents journaux locaux. La relation est ressentie comme un « je t’aime, moi non plus » entre journalistes de rédactions différentes. Sur la table à manger, les journalistes de Marsactu ont un avis divisé : pour certains l’entraide prime, pour d’autres c’est la concurrence qui s’impose le plus dans ce milieu. 

Le journalisme, un milieu divers

Enfin, quelle est ma surprise lorsque j’apprends que les journalistes anglo-saxons payent une somme importante à certaines personnes pour témoigner sur un sujet donner ! Une pratique bien différente du journalisme français. 

Cette dernière discussion m’ouvre sur un métier du journalisme dont j’ignorais l’existence. Coralie Bonnefoy m’explique qu’elle a déjà eu l’occasion de travailler pour la BBC, l’un des médias les plus réputés du monde. Elle m’explique alors que son rôle était de mettre en relation les journalistes anglo-saxons avec des personnalités précises sur Marseille en fonction des besoins des journalistes. Elle précise que ces derniers demandaient souvent des sujets autour jeunes des quartiers nord afin de parler de la criminalité. 

L’importance du journal d’investigation

Ces discussions variées me font rendre compte de la frontière entre le journal d’investigation et celui de faits-divers. Lors de notre échange avec Clara, ses paroles m’ont ouvert les yeux quant à la pertinence d’un journal d’investigation pour mieux comprendre une ville et ses habitants. Dans une période où de nombreux médias parlent seulement de la criminalité à Marseille, le rôle du journaliste d’investigation est de porter un regard critique sur une situation donnée en variant les témoignages tout en cherchant à comprendre un fait sous un nouvel œil, tout en les vérifiant.

Ainsi, lors de mon premier jour en tant que stagiaire à Marsactu, j’ai réalisé que s’il y a bien une chose qui prime dans ce journal d’investigation est que Marseille vaut bien la peine d’être écoutée.