Procès de Frontières : quand les accusés se font passer pour les victimes
Le tribunal correctionnel de Marseille, ce mercredi 3 septembre 2025. (Photo : CMB)
J’ai assisté aujourd’hui au tribunal correctionnel à une audience publique opposant trois avocats, ainsi que le SAF, à des journalistes de Frontières, un « média » d’extrême droite plus obsédé par le clic que par le fond.
Les avocats reprochent à ces journalistes d’avoir affiché leurs noms, déclenchant une vague d’intimidations, de haine et de harcèlement.
Le sujet me touche de près. Il y a quelques années, après une vidéo de Vincent Delapierre citant mon nom et mon adresse – vue plusieurs centaines de milliers de fois –, deux individus m’ont suivi, identifié mon domicile, pénétré chez moi et m’ont asséné plusieurs coups de couteau et de matraque. Je sais trop bien ce que signifie être livré à la vindicte.
À mon arrivée au tribunal, on m’a refusé l’accès parce que je portais un short. Je suis donc allé me changer. Jordan Florentin, journaliste de Frontières, en a profité pour me filmer et affirmer que je fuyais le tribunal, alors que je n’étais parti que pour enfiler un pantalon. Résultat : une pluie d’insultes contre moi sur X. Exactement ce que démontraient les avocats : Frontières filme, nomme, expose, pour transformer les gens en cibles. Il suffit de lire les commentaires me concernant pour le constater.
Je rejoins totalement les conclusions de la défense : Frontières détourne le concept de liberté d’expression pour livrer des avocats en pâture, les présentant comme des « gauchistes casseurs ». Ils entretiennent sciemment la confusion, assimilant l’avocat à son client, et en font une cible. Dans le même temps, ils fabriquent une réalité parallèle : Jordan décrivait une audience imaginaire remplie « d’antifa » et de « casseurs », alors qu’il n’y avait que des avocats dans la salle. La vérité leur importe peu : leur objectif est simple, générer des clics, faire liker, et pousser leur audience vers l’insulte, l’intimidation, voire la violence.
Maître Pichon, avocat de la défense, a livré une plaidoirie remarquée. Il a glissé des références à l’OAS, présenté comme des « soldats ayant voulu défendre la France jusqu’au bout », rappelé qu’il avait défendu certains étrangers et des gilets jaunes « non casseurs », se positionnant politiquement, alors que les avocats visés ne faisaient qu’exercer leur métier : défendre n’importe quel justiciable.
La décision du tribunal sera rendue le 22 octobre.
Honnêtement, je ne sais pas trop quoi en penser. Nous vivons à l’ère des réseaux sociaux, où trop de gens, en quête de visibilité, sont prêts à sacrifier, humilier ou inventer des histoires pour exister. Le post de Frontières était un appel clair à la haine contre des avocats qui ne faisaient que leur travail.
Pour l’anecdote : je suis allé faire la bise à Jordan pour lui montrer que je n’avais pas fui le tribunal, contrairement à ce qu’il prétendait, et rappeler que l’audience s’était déroulée dans le calme, sans casseurs ni désordre. Dans sa mise en scène, il réussit un renversement parfait : se présenter en victime alors que ses amis sont accusés d’intimidation et d’appel à la haine. En me filmant, il a déclenché une nouvelle vague de harcèlement, transformant encore une fois la présence de ses caméras en outil d’intimidation et de fichage. Il s’est mis à crier et a convaincu quatre policiers de m’escorter dehors, sans grande courtoisie mais de manière professionnelle. L’un d’eux m’a reproché d’avoir « déshonoré » le tribunal en venant en short. Quand je lui ai fait remarquer qu’il défendait les accusés – fait rare –, il a insisté pour que je sorte. Pendant ce temps, une équipe de policiers protégeait les journalistes de Frontières et les représentants de Reconquête… alors que ce sont eux les mis en cause.
Tout mon soutien va aux trois avocats pris pour cible par l’extrême droite. Il est essentiel de faire bloc et de ne pas laisser le champ libre aux méthodes de petits voyous comme celles de Frontières.
Et pour ceux qui regarderont leurs vidéos résumant la journée : sachez qu’ils mentent, ou qu’ils vivent dans un monde parallèle. Ils n’ont rien à faire de la France. Leur seul intérêt, c’est le nombre de vues, et la manière de vous transformer en moyen de pression ou en marchandise de données.
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