Vendredi 23 juillet 2021
Ouverture cérémonieuse
L’interminable cérémonie d’ouverture est apparue fort décousue, malgré quelques jolis intermèdes. C’était un premier test : avec le décalage horaire, il va falloir apprendre à lutter contre le sommeil !
La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de la XXXIIe olympiade, à Tokyo, ne restera pas dans les annales. A vouloir n’oublier personne, elle a ennuyé tout le monde pour une raison ou une autre, et n’a pas su s’adapter à l’absence du public. Dont les attentes ne sont pas les mêmes quand il est assis dans le stade, ou dans son salon.
Les JO de Tokyo 2020 ont bien lieu en 2021. Pourquoi ne pas le dire ? Cette position bancale dans l’album olympique n’a rien de honteux et, pour l’histoire, elle mettra en valeur la volonté d’un pays de surmonter les immenses difficultés qui l’ont accablé, quitte à attendre une année pour y parvenir.
On était prêt à excuser toutes les faiblesses, compte tenu du contexte sanitaire qui ensorcelle ce pays si méfiant vis-à-vis de l’extérieur. Les meilleurs moments de cette interminable succession de figures imposées étaient ceux où les organisateurs japonais ont pu reprendre la main.
Mais le respect des conventions est constitutif du caractère japonais. On n’interrompt pas un discours, on n’abrège pas un défilé, on prend le temps qu’il faut pour le moindre rituel.
A aucun titre, nous n’avons à conseiller les futurs organisateurs de la prochaine cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024. Ils sont déjà à l’œuvre, et ont remarqué comme nous les écueils à éviter. Le défilé des participants est indispensable. Mais il peut être accéléré et ne conduit pas nécessairement les victimes dans un parcage où elles restent debout pendant plusieurs heures.
Outre les porte-drapeaux de Samoa et du Vanuatu, aux torses huilés qui évoquaient les athlètes de l’Antiquité, un communiquant habile s’est attiré un moment de gloire éphémère mais mérité : Samir Aït Saïd a effectué un saut périlleux arrière devant toute la délégation française. Ce geste espiègle rassurait tous ceux qui n’avaient pas oublié le drame survenu à Rio, quand une blessure affreuse avait foudroyé le gymnaste à la réception d’un saut de cheval. S’il obtient aux anneaux la médaille qu’il espère, il n’aura pas volé sa popularité.
Puisqu’il n’était pas possible de voir les interactions des groupes alternativement joyeux ou réservés avec le public du stade, sinon quelques dirigeants agités de soubresauts enthousiastes dans la pénombre des tribunes, il aurait été préférable de préparer une courte vignette vidéo pour chaque délégation. Et d’interrompre le défilé pour caser des pauses-pipi pendant les discours qui méritaient aussi de ne pas se succéder les uns aux autres pendant une plombe.
La flamme, pourquoi pas ? Mais le drapeau, puis le serment, pfff. Il ne restait plus assez de temps pour découvrir en détail ce que Tokyo avait le plus de fierté à montrer d’elle-même, du pays et de la civilisation. Quel dommage.
On ne se moquera pas de la minute de silence demandée à une enceinte vide, quand les bruits des manifestants anti-JO se faisaient parfois entendre du dehors. On se souviendra tout de même de l’hommage rendu aux « travailleurs essentiels » et leurs chansons, du laurier d’honneur remis à Mohammed Yunus, et d’« Imagine », la chanson immortelle de John Lennon, restée imperméable aux assauts de la mièvrerie qui veut l’exploiter.
Les Jeux de Tokyo en 1964 avaient été filmés en différé, en noir et blanc, et sans tintamarre publicitaire. Le Japon n’avait pas crâné à propos de sa technologie qui s’apprêtait à déferler sur la planète, pour changer définitivement la vie quotidienne des consommateurs : appareils photo, hi-fi, autos et motos, walkman et VHS…
En 2021, la modestie reste de mise : le Japon affronte la sourde inquiétude née des abus de la technologie (pandémie, accident nucléaire, dérèglement climatique) et d’une créativité au débit plus modeste. Franchement, on a préféré les colombes de papier, rappelant les merveilles de l’origami, à l’impressionnante étoile noire formée par les drones.
On espère simplement que le déroulement de ses Jeux rassurera le peuple japonais sur l’intérêt à s’ouvrir sur le monde et à lui présenter son meilleur visage. Les compétitions commencent : banzaï !
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