Mardi 3 août 2021

Nouveautés en tous genres

Billet de blog
le 4 Août 2021
0

Les controverses qui agitent les sociétés civiles font irruption sur la scène des Jeux, et il ne faut pas s’en plaindre car c’est un souffle de liberté.  

La vie du monde extérieur entre dans les stades de Tokyo, et ses pulsations se font entendre sur les tribunes vides. Il y a les manifs, rassemblant les opposants aux Jeux qui ne désarment pas, alors que leur fin s’approche.

Il y a aussi maintenant les proclamations des militantes et militants LGBTQIA+, dans les salles d’interview et jusque sur les podiums, les « coming out » plus ou moins affirmés. Les préférences sexuelles n’influent pas sur le déroulement des épreuves sportives. Sauf dans le secret des vestiaires, où des manifestations ignobles de harcèlement, voire d’agressions, se sont parfois produites. Ce qui est révélé et sanctionné de plus en plus souvent.

Les épreuves olympiques ne sont plus systématiquement cloisonnées entre homme et femmes, puisque la mixité se répand progressivement dans les disciplines. Pour autant, la différenciation des genres continue de poser des problèmes inattendus au mouvement olympique.

Une haltérophile néo-zélandaise a obtenu sa sélection pour les Jeux, alors qu’elle avait longtemps concouru chez les hommes. Sous le coup de l’émotion, elle n’a pas pu soulever la moindre barre, mais se dit tout de même heureuse d’avoir pu œuvrer pour la cause des transgenres.

Ce changement d’identité sexuelle est bienvenu dans la société, puisque son acceptation empêche la survenue ou la prolongation de terribles drames psychologiques.

En revanche, il peut troubler la régularité des compétitions quand les possibilités physiologiques ne sont pas identiques entre femmes et hommes. Mais qui peut décider quel est le genre d’un individu, celui qui a été choisi, celui que la société a normé ?

Les dérives malheureusement inévitables entraînées par l’appât du gain, le désir de gloire ou la soif de reconnaissance peuvent entraîner la transformation d’un homme en une femme pour pouvoir bénéficier d’une concurrence amoindrie. Comme des sportifs qui changent de nationalité, par pur intérêt et non pas par conviction.

Le CIO n’a pas su pendant longtemps comment gérer les déséquilibres hormonaux qui pouvaient affecter la régularité des compétitions féminines, comme ce fut le cas pour les sœurs Tamara et Irina Press, célèbres athlètes soviétiques des années 1960.

Plus tard, les apprentis sorciers du dopage ont injecté des adjuvants chimiques ou biologiques pour favoriser un déséquilibre hormonal, jusqu’à l’utilisation des hormones de croissance. On a pris peur devant l’apparition de phalanges féminines à la voix grave, et aux carrures impressionnantes. Tous ces secrets sulfureux n’ont pas été révélés, et la crainte qu’ils continuent de faire leurs effets de manière plus discrète n’a pas disparu.

Aujourd’hui, les dirigeants du CIO et des fédérations internationales sont confrontés aux problèmes d’athlètes féminines débordant d’attributs hormonaux masculins (hyperandrogénie), sans que l’on sache toujours si c’est un effet de la nature, ou un résultat d’éprouvettes. A la va comme je te pousse, ils ont adapté des règlements bricolés, imposant des traitements de compensation aux athlètes concernées (mais à quel niveau fixer la normalité ?) ou les privant de la participation à certaines épreuves.

Le cas le plus connu est celui de la Sud-Africaine Caster Semenya, double championne olympique du 800 m, qui poursuit sa lutte dans les prétoires pour ne pas être privée de compétitions sur les distances allant du 400 m au 1 500m, celles où elle est supposée profiter le mieux de son « avantage physiologique ».

Deux athlètes namibiennes ont été empêchées de participer au 400 m de Tokyo pour les mêmes raisons, alors qu’elles figuraient parmi les favorites. Mais Christine Mboma a été autorisée à participer au 200 m, où elle a obtenu la médaille d’argent !

Le sujet n’a pas fini de faire couler l’encre et d’agiter les réseaux sociaux.

Le coup de tonnerre de la journée a retenti à l’issue de la finale du 400 m haies, quand le Norvégien Karsten Warholm a désintégré son propre record du monde, pour devenir le premier spécialiste à passer sous les 46 secondes, en 45 s 94. Et il n’a pas vraiment écrasé la course, puisque son rival américain Rai Benjamin (46 s 17) n’a cédé progressivement qu’à l’entrée de la dernière ligne droite, et que le troisième, le Brésilien Alison Dos Santos, a terminé lui aussi sous les 47 secondes (46 s 72).

On restera prudent avant de dire qu’il s’agissait de la plus belle course des Jeux de Tokyo. On a compris depuis la victoire d’un Italien sur 100 m que l’environnement de l’athlétisme n’était plus le même, notamment en raison de la qualité de la piste, et des avantages procurés par les nouveaux types de « pointes ».

La jeunesse est au pouvoir. Armand Duplantis (22 ans) est déjà depuis un moment le seigneur absolu du saut à la perche. Personne n’a pu l’inquiéter, pas plus le champion olympique de Rio, le Brésilien Thiago Braz, que le champion olympique de Londres, le Français Renaud Lavillenie, diminué par un bobo inopportun. Le 800 m féminin est revenu à Athing Mu, Américaine née de parents soudanais, qui s’est imposée en patronne alors qu’elle n’est âgée que de 19 ans.

Le pouvoir garde jeune. La Jamaïcaine Elaine Thomson (29 ans), déjà sacrée sur 100 m, s’est adjugée sans discussion le 200 m en 21 s 53, reproduisant ainsi le doublé réalisé à Rio. Le public va finir par s’apercevoir de son immense talent qu’elle devrait bien conserver jusqu’en 2024.

Les Français ont eu un coup de moins bien, question médailles, avec le seul bronze obtenu par l’équipe masculine de vitesse. Un résultat encourageant pour un cyclisme sur piste qui semble progresser dans la perspective des JO 2024. A l’inverse, l’hégémonie britannique, survenue d’un seul coup grâce à la préparation frénétique des JO de Londres 2012, est en train de s’atténuer progressivement. En ce moment, sur la piste, la mode est à l’orange des Néerlandais.

L’escalade a fait son entrée au programme olympique, laissant un peu perplexe les badauds qui la découvrent. Enfin, qui découvrent le format concocté par le CIO : une sorte de triathlon qui surprend les spécialistes de chacune des disciplines eux-mêmes. L’épreuve de sprint est d’une rapidité confondante (même au ralenti !) et dure autour de 6 secondes. On suggèrerait bien de compter aussi le temps de la redescente, pour faire durer le plaisir…

Au rayon des nouveautés, il faut aussi saluer la qualification des volleyeurs français qui continuent de décourager les pronostiqueurs : après avoir perdu autant de matchs qu’ils en ont gagnés (en battant la Russie et la Pologne, il est vrai), les voilà en demi-finale contre l’Argentine. On ne voit pas comment ils pourraient éviter d’aller en finale. Euh, si, on voit un peu, tout de même… Mais ce n’est pas ce que l’on leur souhaite, aux Yavbouh-fais-moi-peur.

Les handballeurs tricolores ont pulvérisé le Bahrein, invité surprise des quarts de finale, et affronteront l’Egypte en demie. Les basketteurs, en revanche, ont pris une belle suée face à l’Italie, faute d’adresse et de concentration. Mais ils ont su serrer les boulons à la fin du match, alors que leurs adversaires avaient recollé au score, emmenés par un Nicolas Batum stratosphérique. C’est la Slovénie qui s’annonce maintenant. La chance continue de sourire aux sélections bleues, espérons qu’elle n’oubliera pas les féminines qui en ont bien besoin dans leurs quarts respectifs.

VIGNETTES

¤ La gymnaste américaine Simone Biles a terminé en beauté, par une médaille de bronze à la poutre, une semaine agitée par de nombreux problèmes extra-sportifs. On n’a jamais autant parlé d’une absente pendant les Jeux. On la retrouvera sans doute à Paris dans trois ans. Le Japonais Hashimoto, trésor vivant de son pays, ne l’a pas déçu en s’imposant à la barre fixe, épreuve où 71 concurrents étaient engagés.

¤ Les courses de canoë et de kayak fleurissent comme les cerisiers au printemps. En solo, en duo ou en quatuor, sur 200m, 500 m et 1 000m, les nations motivées (dont la Hongrie et Cuba) y accumulent les médailles. Mais pas les Français. C’est trop bas, l’eau ?

¤ La finale du tournoi masculin de foot opposera le Brésil à l’Espagne, soit les deux favoris. Le Japon tentera de priver le Mexique du bronze. L’équipe féminine de l’Inde essayera pour sa part d’obtenir le bronze face à l’Allemagne. Une médaille ferait du bruit dans le sous-continent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire