Mes châteaux d’If: The road to Aubagne

Billet de blog
le 26 Nov 2024
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Mes châteaux d’If: The road to Aubagne
Mes châteaux d’If: The road to Aubagne

Mes châteaux d’If: The road to Aubagne

Procès de la rue d Aubagne ( 3eme volet).

La semaine dernière les témoignages des familles de deux hommes morts dans le 65 rue d’Aubagne, sont venus couronner le tableau tragique. Mohammed Cherif et Taher passaient la soirée chez leur ami Rachid qui ne doit la vie qu’a son addiction à la clope. Le matin du 5 novembre, le locataire de Xavier Cachard sort acheter des cigarettes. Il ne reverra plus ses amis.

Les portraits des victimes témoignent d’un sort qui s’acharne sur eux. Hedfi, enfant de Tunis avait été emprisonné 7 ans en Italie avant d’être acquitté. Il y gagne une hépatite et devient accro aux drogues. Pour finir à Marseille enseveli sous les décombres d’immeubles que les riches de la ville ne gèrent pas.

L’audience se déroule sous l’autorité de Pascal Gand qui juge cette affaire. Il a instruit l’affaire du Médiator et des Suicides à France Telecom. Il a jugé sans mollir l’ex policier Gérard Callas, devenu marchand de sommeil. Il préside la sixième chambre correctionnelle à Marseille.

Commençons avec Virginie Vallier. Habitante du 66, elle s’inquiétait du 63 depuis son arrivée en 2012. ” Marseille Habitat rénove votre quartier.” affichait une banderole déglinguée sur la façade. Son voisin du 70, Frédéric Tchalian signale à Camille Galtier, collaborateur à la mairie 1/7, les désordres de l’immeuble. Sur les images, il est de guingois, les fenêtres occultées, des fissures de la taille d’un homme ont été reprises à la sauvage. Le futur maire de Manosque lui répond: “Sortez de votre nombrilisme” et l’accuse de mensonge et de calomnie. On reconnait là toute la bienveillance d’un élu LR. Et toute sa clairvoyance. Virginie en arrêt maladie après les événements passait pour ramasser son  courrier. Celui de Groupama retient son attention. L’assureur annule la garantie effondrement de son contrat. Quelle délicatesse. A ce moment, rue Beauvau, à la cellule de crise, on leur dit que tout va être rasé. Elle comme bien d’autres va être expulsée pendant un an.

Julien Ruas, responsable de la gestion des Risques à la ville de Marseille, sait s’occuper des pompiers.Pour les effectifs de son service, Ruas encore s’embourbe l’après midi du 26. Le reste, les pauvres, il ne voyait pas ce que c’est. Des prétextes, c’est ce que fournit le mieux la ville de Marseille à l’époque. Pour les repas, les chambres, c’est au compte goutte. Quand, comme Maël Camberlain et sa compagne, on est délogé du 69 qui sera déconstruit, tout les jours c’est la bataille pour les repas ou les chambres.

 

Alors le bouledogue s’avance, prêt à mordre mais surtout aboyant chaque fois qu’on lui parle de ses biens. Triple nuque, surface d’un mètre 40 dans tous les sens et crane rasé, Xavier Cachard est entendu pour une double casquette, proprio et avocat du syndic. L’appartement? Il n’est pas à lui. Il appartient à la SCI dont il est propriétaire. Il ne le gère pas, c’est le cabinet Liautard qui s’en charge. Pour le reste, c’est à la ville de faire son boulot.

Ça tombe bien. Ils se connaissent tous, ces élus et propriétaires comme le vice président du tribunal de commerce, Bernard Puccinelli, qui a connaissance des biens et qui est associé au Cabinet Liautard. On voit le topo: J’ai par mon boulot connaissance des faillites et des successions et j’achète ses bonnes affaires. J’en informe des amis. Comme le cabinet Liautard. Ça tombe bien , c’est chez moi. On dirait du Monopoly quand l’adversaire à acheté toutes les rues et quatre gares.

Xavier Cachard conteste que l’immeuble soit à l’abandon. La preuve; La somme astronomique dépensée pour l’entretien courant: 45 000 euros. Maitre Grazzini pour les parties civiles fait remarquer que c’est pour tout l’immeuble et… sur 10 ans. Soit 47 euros par mois pour chaque lot. Pour un bien acheté 32 000 euros, c’est un rendement exceptionnel. L’avocat élu au Conseil Régional et ami de Renaud Muselier écrit même a son expert M. Cardier ” Si vous pouviez empêcher le péril imminent…” Le propriétaire récuse l’accusation: ” Ça veut dire, dites moi quoi faire? La salle rit. Quel farceur ce Xavier. On ne lui connaissait pas ce talent. C’est plutôt un verrouilleur. Pas de portes. De systèmes et de combines. Qui s’efface de toute responsabilité.

On va voir que ça rassemble au gens de la même espèce qui se présentent à la barre le lundi 25 novembre.

A commencer par le touchant architecte Richard Carta, expert pour les tribunaux, qui semble sincèrement peiné de son incompétence. C’est assez vite oublier sa proximité avec tout le gratin mondain de Marseille. mais baste, c’est un des seuls qui est présent tous les jours. Au purgatoire ça va compter. Sauf que le peuple ne pardonne pas. Ils ont vu le renard prendre sa part dans le festin.

Ce lundi 25 novembre, on a même un marin qui se présente pour la succession Liautard. Le rejeton Puccinelli. Un naufrage cette affaire et pour au moins 125 copropriétés. Il feint de ne rien savoir le bougre.

Jean François Valentin, le gestionnaire du cabinet vit dans la misère désormais. Mais étant d’un milieu favorisé, ce n’est pas l’enfer non plus. Pas celui des Hassanis dont il a pu constater que le cumulus fuit sans cesse et qu’il troue le plancher.

Non, Jean-Francois Valentin est engagé chez Liautard tardivement. Mauvais cheval. Étrangement, il a travaillé 15 ans chez Berthoz, le gérant du 67 dont il devient l’ami. Comme on apprend que Xavier est un ami de Puccineli, donc du cabinet Liautard. Comme la dévouée Arlette Fructus dont le mari louait aussi des taudis. Il ne savait pas lui aussi. Comme le président des Assises du logement louait des garages de 9m2. Tout le monde se connait et tout le monde mange des chocolats après les effondrements avec Mme Caradec, l’adjointe à l’urbanisme. On n’a pas de figure chez ces gens là.

Embauché pour redresser la baraque branlante, M Valentin ne peut y parvenir. 125 copropriétés à gérer avec 7 personnes dont deux épuisés professionnellement, c’est mathématiquement impossible. D’autant que Puccinelli veut virer la secrétaire, Mme Caillet. Un panier de crabes. Alors durant l’audition J.F Valentin, lui aussi tente de charger la mule sur Rachid Rahmouni le locataire du 5éme étage, le fumeur, le “drogué” voire le trafiquant mais ça ne passe pas. Ce n’est pas l’urine ni les déchets du couloir qui ont pu faire effondrer l’immeuble. Bien tenté. Valentin a des accents de vérité parfois: ” Depuis mai 2016, plus personne n’était présent pour la partie syndic au cabinet Liautard. Bernard Puccinelli me demande  de régler les dossiers.”

Le juge s’étonne: “Vous n’avez jamais parlé de ça. Ce n’est pas anodin!” Valentin découvre que les dossiers sont vides. Pour le 65, l’agent municipal Bénigni lève le péril mais l’appartement est dans un état terrible selon le syndic. Le fameux ruissellement de notre Président se matérialise sur la cloison des Hassanis. “Monsieur Puccinelli voulait toujours rendre service …contre d’autres services” le bon samaritain est un renvoyeur d’ascenseur en fait. Il prenait trop d’affaires.

On peut imaginer les rentrées d’argent de 125 copropriétés sans que les travaux ne soient engagés ni sans que des réunions ne soient actées aussi. Le chiffre d’affaire de la société est alors de 903 K en 2016 avant de dégringoler. Olivier Puccinelli lui demandait de garder toutes les copropriétés: “C’était ma boussole” Une boussole qui ne perdait pas le nord question finances.

Les heures d’après, on les passe électriquement avec des va et vient entre Julien Ruas et Arlette Fructus pour Marseille Habitat et adjointe au logement. Ils ne sont responsables de rien, au fond. Même pas de reloger dignement les habitants. Claude Bertrand, le grand manitou à droite de Jean Claude Gaudin explique que “Ruas pilotait, Mme Fructus y participait.” Mais à quoi? Au pilotage du navire amiral qui fait naufrage depuis 25 ans, un quart de siècle de règne où on ne demandait aux élus qu’ à empocher sa part de gâteau et aux municipaux de faire figurer leur nom sur des plaques de service de sécurité immobilière en maladie, établissement recevant du public mais fermé, sécurité civile mais en burn out, ASTFS mais absent ce jour.

Comme va le rappeler Emmanuel Patris d’un Centre ville pour tous, transfuge, qui travailla à la SOLEAM, une société de plus dans la galaxie des pébrons, chargée de faire des études et de refaire des études puis de passer à une autre société mixte bien sur, des réalisations de projets:  “350 000 Euros engagés alors que 6.5 millions attendaient des chantiers.” J’oubliais que la SOLEAM agissait : Montée en gamme de La place Jean Jaurés. , façades ou Ilot des Feuillants pour en faire un Hôtel chic. Pour le reste il est urgent d’attendre. Emmanuel Patris retoque Julien Ruas: “Oui on pouvait rentrer dans les immeubles.” L’argument du Laisser faire ne fonctionne pas.

Arlette, la pauvre Arlette, raconte: ” J’étais tout le temps seule.” Normal, Julien Ruas courrait un sprint dans “son couloir de nage” à tel point qu’il n’est pas mis au courant du rapport désastreux de Nicols. A la pauvre Arlette, on explique en 2013 qu’il n’y a pas d’habitat indigne à Marseille. C’est vrai qu’il faut sortir dans les rues pour le savoir. Elle avoue n’avoir jamais eu les moyens nécessaires pour agir. ” De toute manière la priorité de la ville n’était pas le logement.” Avec cette bonne pharmacienne de Solange Biaggi, il s’agissait d’attirer le péquin dans un centre ville rénové et de façades repeintes derrière lesquels la misère se cache. Un programme poursuivi par la métropole et le département.

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