Ma vie sans voiture à Marseille, épisode 5

Prendre le 583 un soir d’été !

Ah les fluobus ! Normalement on les évite, c’est aussi pour ça qu’on habite en centre-ville, pour ne pas être dépendant de ces bus de nuit soir qui prennent le relai de 21h à minuit et qui sont une parodie de service : il en passe un toutes les heures ou demie-heures, et impossible d’avoir une heure de passage puisqu’on sait juste qu’il quitte leur point de départ à XXh, ensuite, il faut faire un effort d’imagination et bien connaître le parcours pour estimer le temps qu’il lui faudra pour atteindre l’arrêt où l’on est… ça me rappelle un jour au Liban dans la montagne, on m’a dit “Mets toi au bord de la route et attend, quelqu’un vous ramènera à Beyrouth à un moment !”. C’est un peu ça le fluobus, à un moment il passera.

Bref, si tu n’as pas de carte IGN sur toi et un score de fou furieux au tage-mage : soit tu te pointes à l’arrêt très en avance, soit tu le rates ! Et comme – je repète – il en passe un par heure, tu finis par marcher. Donc normalement on évite !

Mais l’été…il fait chaud ! Très chaud ! Alors l’appel de la plage est trop fort, vous vous rappelez Massilia “le rêve marseillais un soir d’été au cabanon”, bon, même sans cabanon on aime bien le faire, et comme on va pas forcément aller tous les jours jusqu’aux Goudes en RTM (c’est un supplice raffiné dont je ne suis guère amateur), on s’arrête à Malmousque, au Prophète, ou même on tire jusqu’à la Pointe Rouge en navette maritime (ça aussi, ça mériterait un billet d’ailleurs !).

Donc pour y aller, c’est pas compliqué, le bus 83 fait bien son travail, un toutes les 8 à 15 minutes, on va pas se plaindre, sauf qu’à 21h, pfffftttt, a pu, fini, nibe ! En bonnes cigales ayant chanté tout l’été, on profite, on se baigne, on grignote, on boit du rosé de moins en moins frais, on se rô-baigne et les plus authentiques pêchent. C’est le paradis, le truc qui convaincrait n’importe quel parisien de bonne foi de venir vivre ici ! Mais… à un moment il faut rentrer ! Et c’est là que la vie sans voiture prend une saveur unique… va deviner à quelle heure passe à Endoume un fluobus qui quitte Montredon à minuit, sans calculette mais avec du rosé pas frais dans le nez, bon, par expérience je peux dire qu’il met entre 17 et 25 mns.

Hier, ce n’était pas l’appel de la plage mais celui du ciné en plein air. Le voyage en Arménie de R.Guédiguian au théâtre Sylvain, gratuit, sympa. Tout était parfait, sauf qu’il faisait froid et qu’il y a eu un soucis avec le DVD (bref, on a perdu 10mns de films) mais on a quand même compris. J’étais rassuré pour le retour parce que le programme disait “Ne venez pas en voiture, on assure des horaires de 83/583 adaptées à la fin des représentations”.

Et bien heureusement que l’immense majorité des spectateurs n’ont pas ma candeur et avaient pris leur voiture ! Parce qu’il n’y a eu qu’un seul bus, le fameux de 0h20, bondé comme un 21 un matin de rentrée, dans lequel nous nous sommes entassés.

D’où ma question : combien ça coûte de mettre un 583 toutes les 15 minutes entre juin et septembre ? Ou au moins les jours où il se passe des trucs sur le bord de mer (au Sylvain, au Prado, à l’Escale…) et le week-end ! Pitié !