“Le bus est moins cher et plus efficace que le métro”…Ah bon ?
J’ai bien pris soin de mettre des guillemets parce que ce n’est pas du Lagachon, c’est le fruit des recherches de Carlos Daganzo, professeur de la prestigieuse université de Berkeley spécialisé en transports, qui intervenait en dernière page de La Vanguardia ce matin. Pour les hispanophones, l’article est disponible sur le site sous le titre “El bus es más barato y eficiente que el metro“.
Lorsque j’ai vu le titre, je me suis dit… moins cher d’accord, mais efficace je ne savais pas. Et comme à Marseille, c’est bien connu, on a pas d’argent pour faire plus de métro, j’ai pensé que ça valait le coup d’aller plus loin dans l’article, voire même d’en faire un compte rendu.
Selon l’ingénieur, métro et tramway ne peuvent absolument pas être compétitif face au bus : évidemment, le coût de mise en place du service est sans commune mesure, mais il ajoute que le bus peut faire tout ce que fait un tram ou un métro alors que l’inverse n’est pas forcément vrai. De plus, le bus est plus “démocratique” puisqu’il est plus facile d’accès aux seniors/handicapés. “Sans parler de l’impact environnemental et de la gêne occasionnée par les travaux” du métro/tram. Finalement, les seules “bonnes” raisons qu’il voit pour faire une ligne de métro/tram sont politiques : ça fera toujours plus plaisir à un maire d’inaugurer une ligne ou quelques stations qu’un nouveau système de bus !
Face à tant d’éloges, le journaliste lui oppose les embouteillages que créent le bus. Ben oui quand même ! Selon M.Daganzo, c’est parce qu’on régule mal le trafic routier, car avec une bonne gestion (que les nouvelles technologies permettent) il n’en serait rien. Prenant l’exemple des couloirs de bus, il propose que les voitures puissent les emprunter tant qu’aucun bus n’y circule, et qu’ils se poussent lorsqu’un bus arrive. Face à se rêve de civisme, il reconnaît que les bus devraient être équipés de camera de vidéo-verbalisation.
Le journaliste n’a peur de rien et persiste en lui disant que, tout de même, on fait rentrer plus de monde dans un métro. On apprend dans la réponse que les bus modernes sont capables de s’emboîter momentanément pour faire un trajet commun (en tandem) sur une partie très empruntée, puis de se séparer pour desservir des lignes secondaires.
Et l’ingénieur d’enfoncer le clou : si on accepte que la ligne de bus ne s’arrête pas devant sa porte mais qu’il y ait un arrêt à proximité (sur un axe important – comme c’est le cas pour le métro), alors tout le monde gagne du temps, car on récupère dans le temps de trajet celui qu’on perd à marcher jusqu’à l’arrêt. Il ajoute qu’on pourrait baisser le prix des billets aux heures de pointe pour encourager les gens à ne pas prendre leur voiture à ce moment !
Alors même si ce brave monsieur parlait pour Barcelone, j’ai pensé que ça pouvait apporter de l’eau au moulin du débat sur les transports à Marseille. Comment se défaire de l’obsession du métro/tram et se demander comment optimiser le parc de bus existants, voire même acheter des bus dernier cri (ce qui ne devrait pas coûter bien plus cher que le tram rue de Rome).
J’avais déjà lancé dans un ancien billet quelques idées pour optimiser le réseau de bus : considérer quelques lignes stratégiques comme des lignes de tram, horaires allongés, moins d’arrêt et vidéo-verbalisation sur les couloirs de bus qu’ils empruntent. Ajoutons à ça les perspectives qu’ouvre ce monsieur : lignes fortes où les bus circulent encastrés, et lignes secondaires où ils se séparent, et ça, sans rupture de charge…
Bref, on devrait l’inviter à Marseille !
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