Le premier tour des élections législatives
LA GAUCHE ET LA DROITE À MARSEILLE
Dimanche 11 mai a donc lieu le premier tour des élections législatives, à Marseille comme partout en France. Ce qui est intéressant, dans le premier tour d’une élection, c’est moins son résultat, car, finalement, c’est le résultat du second tour qui compte, que l’information qu’il donne sur la situation politique dans le pays concerné – en l’occurrence la ville de Marseille.
Ce qu’il importe de lire, dans ce premier tout qui s’annonce, au moment où j’écris, comme tous les dimanches, c’est moins de savoir qui sera présent au second tour, dimanche prochain, que de comprendre les orientations de l’élection. Le premier tour des élections législatives est, en quelque sorte, l’expérience au cours de laquelle se mesure l’état des forces en présence sur la scène politique, dans l’espace public de notre pays.
La gauche et la droite
D’abord, sans doute importe-t-il de rappeler, car certains seraient tentés de l’oublier – ou, pire, de chercher à nous le faire oublier – que l’opposition entre la droite et la gauche a un sens, qu’elle continue à être pertinente pour comprendre les identités politiques en présence et pour manifester les confrontations qui fondent le jeu politique. La droite, depuis toujours, représente le conservatisme, tandis que la gauche représente le progrès social. Tandis que la droite désigne l’ensemble des partis et des acteurs politiques qui cherchent à pérenniser de façon conservatrice les institutions et les structures sociales qui sont ancrées dans le société, les partis et les acteurs de gauche cherchent, au contraire, à les transformer, à les faire évoluer, à les déplacer.
Mais, au-delà, sans doute convient-il de donner une signification plus contemporaine à l’opposition entre la droite et la gauche. On peut le faire, en particulier, de trois points de vue. Le premier, c’est l’Europe, devenue un des thèmes majeurs de la confrontation politique dans notre pays. Tandis que la droite cherche à ancrer l’Europe dans le libéralisme et à lui faire dominer les pouvoirs nationaux, plus facilement transformés et déplacés par les confrontations avec les partis progressistes, la gauche, elle, cherche à réduire l’emprise des pouvoirs européens, à faire disparaître ce qu’il faut bien appeler un pouvoir supplémentaire, qui vient s’ajouter à ceux auxquels nous sommes déjà soumis.
Par ailleurs, tandis que le droite cherche à imposer à l’économie les logiques libérales qui tentent de faire échapper les entreprises aux pouvoirs politiques, la gauche entend, au contraire, imposer la volonté populaire aux orientations de la politique économique et aux choix et aux pratiques des échanges et des marchés. Finalement, tandis que la droite entend laisser le pouvoir sur l’économie aux marchés, la gauche tente de garantir l’emprise des pouvoirs démocratiquement désignés par les peuples sur les choix de la politique économique. La gauche, finalement, cherche à rendre sa place à une économie pleinement politique.
Repenser les logiques de pouvoir
C’est l’autre signification que l’on peut donner à ce premier tour des élections législatives : en se confrontant les uns aux autres, les partis et les acteurs mettent en opposition les logiques différentes de pouvoir dont ils sont porteurs. Tandis que la droite entend maintenir les logiques et les systèmes classiques des pouvoirs établis, des autorités fondées sur les possessions et sur les successions, ainsi que sur la permanence de leurs emprises sur le monde, la gauche cherche, au contraire, à transformer les pouvoirs et à en renouveler les acteurs, à changer les modalités de leur exercice et à les confier à d’autres identités politiques.
Dans cette confrontation entre les logiques de pouvoir, c’est tout le politique qui voit s’opposer deux significations, dont sont porteurs les acteurs de droite et les acteurs de gauche. Tandis que la droite entend que le pouvoir sont conservés par des acteurs à qui nul ne dénie le droit de l’exercer, la gauche a toujours cherché à faire apparaître les contre-pouvoirs et les discours de contestation des autorités.
Repenser les logiques d’adhésion et d’appropriation des identités politiques
C’est le dernier sens que l’on peut donner à ces élections législatives : il s’agit, par leur vote, pour les citoyens qui, le temps d’un vote deviennent des électeurs, d’exprimer le choix de l’identité politique dont ils entendent être porteurs, qu’ils entendent manifester dans l’espace politique. C’est cela, l’adhésion : c’est le choix de l’appartenance à une identité politique plutôt qu’à une autre. Mais, au-delà, cette année, ce sot ces logiques mêmes qu’il importe de repenser, ce à quoi nous appellent les nouvelles identités politiques qui s’expriment lors de cette élection. Par le succès qu’ont eu les Insoumis et la République en marche lors de l’élection présidentielle, ces mouvements ont fait apparaître une sorte de retrait des partis classiques, une sorte de perte d’influence des Républicains, des socialistes et des communistes. Un tel mouvement de déplacement des identités politiques avait été engagé il y a maintenant longtemps avec l’émergence des écologistes. Mais, aujourd’hui, c’est, sans doute, toutes les logiques d’appartenance aux identités politiques et d’expression de ces identités que nous sommes appelés à repenser. Peut-être est-ce cela, la véritable leçon de ce premier tour des élections, législatives : il importe, aujourd’hui, d’inventer de nouvelles pratiques politiques et de nouvelles formes d’expression de nos engagements.
C’est pourquoi il importe que la gauche et la droite se trouvent de nouveaux langages et de nouveaux modes d’expression dans l’espace politique de Marseille, dans cette ville et cette métropole toujours en quête de nouveaux avenirs et de nouvelles formes d’identité.
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