La fin des partis : chronique d’un glissement vers le pire
La fin des partis : chronique d’un glissement vers le pire
Le théâtre de l’absurde
Avec l’épisode politique que nous traversons depuis un an et demi, la France semble tout droit sortie d’une pièce d’Eugène Ionesco. La Cantatrice chauve se rejoue, chaque jour, sur la scène publique : des discours creux, des alliances improbables, des postures répétées jusqu’à la nausée. Dans ce théâtre de l’absurde, les mots ont perdu leur sens, les idées leur poids, et la politique son âme.
On débat sans conviction, on gouverne sans horizon, on s’oppose sans courage. Tout n’est plus que communication, stratégie, storytelling. Les partis traditionnels — qu’ils soient de droite ou de gauche — se sont lentement dissous dans l’eau tiède du calcul et du renoncement.
L’épuisement du politique
Ce qui meurt aujourd’hui, c’est moins un système partisan qu’une idée du politique elle-même.
La politique, autrefois espace du conflit d’idées et du projet collectif, s’est transformée en machine à produire du vide. L’élu est devenu un gestionnaire, le militant un consommateur d’indignation, l’électeur un spectateur désabusé.
L’alternance s’est muée en alternance d’impuissances : on promet le changement pour mieux reconduire l’ordre établi. Et dans ce grand effondrement des convictions, le peuple s’éloigne, s’exaspère, se radicalise.
L’absence de sens nourrit le ressentiment. Le ressentiment, lui, enfante les monstres.
Le retour du refoulé : la tentation autoritaire
L’Histoire, disait Camus, est souvent « la somme des malentendus des peuples ».
Ce malentendu-là est tragique. Le Rassemblement national, jadis aux marges, se présente aujourd’hui comme une alternative “raisonnable”. La banalisation est achevée : les médias l’invitent, les électeurs l’envisagent, les élites s’y résignent.
Ce que nous vivons n’est pas une explosion mais une glissade — lente, méthodique, presque douce. Une normalisation du pire.
À force d’avoir vidé le débat démocratique de son contenu, à force de préférer la mise en scène au courage, nous avons préparé le terrain du totalitarisme sans même nous en rendre compte.
La démocratie en sursis
Nous sommes à un moment charnière, où l’Histoire hésite entre la lucidité et la répétition.
Le fascisme ne revient jamais sous les mêmes habits. Il prend aujourd’hui les traits de la peur, de la lassitude, du bon sens revendiqué contre les “élites”. Il se pare d’un vernis social, d’une parole lisse, d’une respectabilité nouvelle.
Mais la logique demeure : celle de la désignation de l’autre comme cause du malheur collectif. Celle du rejet, de la haine tranquille, de la simplification extrême.
Et tandis que la République s’éteint à petit feu dans les salons du pouvoir, le peuple, lui, croit reprendre la parole — alors même qu’il s’apprête à la perdre.
Ce qu’il reste à sauver
Tout n’est pas perdu.
Il reste des consciences, des forces morales, des citoyens qui refusent de se résigner à l’absurde. Il reste l’école, la culture, l’art, la parole libre.
Mais le temps presse. Car l’Histoire, on le sait, ne prévient jamais deux fois.
Il nous faut réapprendre la politique comme exigence et comme espérance — non plus comme spectacle. Réapprendre à dire nous, à penser ensemble, à disputer sans haïr.
C’est peut-être cela, aujourd’hui, le véritable acte de résistance.
Jean-Philippe Vigneron
Fondateur du Club Marseille Vision, Responsable Délégué Renaissance du 6/8. En tant que fondateur du Club Marseille Vision, je m’engage à promouvoir la transparence, l’équité et le progrès dans notre ville. Je suis passionné par l’avenir de notre ville. Engagé dans la politique locale, notre Club Marseille Vision vise à stimuler des discussions constructives pour façonner un Marseille dynamique et inclusif. N’hésitez pas à partager et commenter, votre participation enrichit cette conversation vers un avenir politique positif que nous construisons ensemble.
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