La dictée des Cités à Marseille

Logo de cet évènement itinérant qui était le 12 novembre à Marseille. (D.R.)

À l’arrivée sur les lieux l’accueil est chaleureux et efficace. Chacun se voir offrir une feuille de papier et un stylo avant de pénétrer dans la grande salle de théâtre où des tables, en rangs serrés, attendent les participants. L’ambiance est bruyante et joyeuse mais un peu inquiète. Je prends place à une des tables entourés de nombreux enfants et adolescents accompagné le plus souvent leurs mères un peu inquiètes. Au milieu de cette foule joyeuse et colorée, je suis un peu le “canard“ en raison de mon âge. Seul de ma “catégorie“(de mon origine ?),  je sens des regards étonnés et curieux.

Mais chut !!!  La séance va commencer; il faut faire le silence; on écoute les dernières recommandations et chacun retient son souffle. L’extrait d’un beau texte de Marcel PAGNOL est égrené lentement et distinctement dans les hauts parleurs. Les premières difficultés apparaissent ; un coup d’oeil sur la voisine, quelques murmures et les élèves de primaire passent le relais à ceux du collège. Les adultes finissent l’épreuve, la page est pleine. On relit tous ensemble une dernière fois avant de remettre la copie aux correcteurs. J’ai, confirmant ma mauvaise réputation, fais sans aucun doute plusieurs fautes mais tant pis, j’ai participé avec grand plaisir à ce moment festif.

L’annonce des résultats et la distribution des prix sont attendues avec anxiété. Les applaudissements nourris salut les gagnants de chaque classe d’âge qui montrent leur fierté  d’être sur le podium. A la suite  un repas simple pris en commun on se retrouve à nouveau pour répondre à un questionnaire (on dit un quiz !) de 20 questions de plus en plus difficiles : cela commence par les couleurs de la France et de la liste des pays limitrophes et se termine par la date de la construction  de  notre Dame de la Garde r et du nom du créateur de la marseillaise à pétanque. Il y en a pour tous les goûts et je sèche un peu.  Cette belle journée se termine par la remise de prix et des médailles. Il y en a pour tous les lauréats ont bien mérité cette reconnaissance de citoyenneté.

Deux réflexions me poursuivent au lendemain de cette journée  :

Dans cette salle joyeuse et insouciante pleine de jeunes français accompagnés de leurs parents pour la plupart, désireux de montrer leur connaissance de la langue et de l’histoire de leur pays et de Marseille, j’ai pris un grand souffle d’espoir et pourquoi pas un coup de jeune en côtoyant ceux qui feront la cité de demain. Un grand merci aux organisateurs et à Shérérazade pour ce moment de chaleureuse fraternité.

Malgré l’accueil et les échanges amicaux j’étais, dans cette assemblée, le seul représentant d’un “autre monde“ parachuté au milieu de ceux qui sont trop souvent laissés à la marge de la société et accusés de tous les maux. J’ai douloureusement ressenti concrètement la fracture tragique qui, à Marseille plus qu’ailleurs,   s’approfondit entre les uns et les autres et qui annonce des jours bien sombres.

Combien d’entre vous, absents ce samedi à la Friche, auraient fait un sans faute à la dictée et répondu juste à toutes les questions du Quiz ? N’attendez pas la prochaine séance pour découvrir ces habitants de Marseille qui, malgré les multiples obstacles qu’ils rencontrent aujourd’hui, sont à part entière des citoyens de cette ville et s’affirment fiers de l’être.

Je laisse à Christopher et Baya, 12 ans habitants de la cité Bassens le dernier mots :  « C’est notre histoire, celle de toutes les immigrations. C’est la liberté d’être ensemble en s’acceptant les uns les autres ».

Marseille le 13 novembre 2013