Journal de confinement N°5, dimanche 19, Parisiens à la campagne

Billet de blog
le 22 Avr 2020
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Journal de confinement N°5, dimanche 19, Parisiens à la campagne
Journal de confinement N°5, dimanche 19, Parisiens à la campagne

Journal de confinement N°5, dimanche 19, Parisiens à la campagne

Le Trésor de la Langue Française informatisé (http://atilf.atilf.fr/) donne au mot CONFINEMENT la définition suivante :

Maintien d’un être vivant dans un milieu de volume restreint et clos.

Le problème avec les dictionnaires, fussent-ils composés par le CNRS, c’est qu’ils ne voient pas les choses en détail. Celui-là nous parle d’un volume restreint et clos mais il ignore qu’en ces temps de pandémie, la restriction et la claustration n’ont pas pour tous le même sens. Il y a des familles qui se morfondent dans les plus étroits des logements et d’autres qui occupent des appartements assez vastes pour goûter aux plaisirs de l’ennui. Je fais partie de la seconde catégorie et je n’estime cependant pas être des plus privilégiés. Car il y a des traîtres, des infâmes, des faux jetons qui ont aussi droit à un jardin. Ceux-là, lorsqu’ils vous appellent (et comme par hasard, ils vous appellent souvent) ne manquent pas de détailler le plaisir qu’ils prennent à la fréquentation et à l’entretien de leur lopin ; « Ah tu verrais les iris, et les lilas, et le cerisier ! ».

Il y a même des parisiens planqués dans leurs résidences secondaires pour vous faire ce numéro. Ne les envions pas, ne les croyons pas, ces réfugiés de pacotille. Ouvrons plutôt le roman de Balzac intitulé LES PAYSANS et découvrons quel est leur véritable état d’âme.

« Quand un Parisien tombe à la campagne, il s’y trouve sevré de toutes ses habitudes, et sent bientôt le poids des heures. Après avoir demandé des amusements aux minuties de la toilette, il a perdu bientôt cette ressource.

Il est donc obligé alors de tourner dans les allées du parc, de bayer aux corneilles, de compter les gros arbres. Si l’on devait rester à la campagne, se dit-il, on meublerait son ennui de quelque passion pour la géologie, la minéralogie, l’entomologie, ou la Flore du département. Mais à quoi bon : un homme raisonnable ne se donne pas un vice pour tuer une quinzaine de jours. »

Il atteint bientôt, moralement et physiquement, à cette phase particulière aux passions satisfaites, aux bonheurs assouvis, et que tous les volatiles engraissés par force représentent parfaitement quand, la tête enfoncée dans leur gésier qui bombe, ils restent sur leurs pattes, sans pouvoir ni vouloir regarder le plus appétissant manger. »

Michea Jacobi
Michéa Jacobi est graveur et écrivain. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Chroniqueur à Marseille l’Hebdo pendant plus de dix ans, il a rassemblé ses articles dans un recueil intitulé Le Piéton chronique (Éditions Parenthèses) et il a écrit pour le même éditeur une anthologie littéraire Marseille en toutes lettres.

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