JO 2024 : une clôture, pas une fermeture
La cérémonie de clôture a permis de prolonger l’ambiance festive qui restera la signature des JO de Paris. Les participants réunis sur la piste du Stade de France rayonnaient de bonheur, et ont attendu patiemment la fin des discours obligatoires pour danser ensemble jusqu’au bout de la nuit. Rendez-vous à Los Angeles dans quatre ans.
La cérémonie d’ouverture avait placé la barre très haut, et on craignait un peu d’être déçu à l’issue de la dernière soirée des Jeux. Malgré des longueurs pas toutes inévitables, ce n’a pas été le cas. La démonstration symbolique sur la construction d’un idéal olympique aurait pu tourner à la prise de tête, mais elle n’était pas trop pompeuse ou hautaine. Une légèreté bienvenue a atténué le caractère totalitaire qui aurait pu se dégager du spectacle des petites fourmis grises édifiant un totem d’anneaux gigantesques.
Le karakoé collectif, suivi d’une série de mini-concerts de bonne qualité, a en permanence valorisé la participation du public et des athlètes réunis sur la piste.
La transmission du drapeau vers Los Angeles, ville d’accueil des prochains JO, avait en revanche un parfum lourdingue, et la capitale mondiale du spectacle et de la fiction serait bien inspirée d’améliorer ses prestations dans le futur.
On retiendra l’image simple et inventive d’une réunion d’athlètes autour du président du CI0 qui ont éteint ensemble en soufflant dessus la flamme olympique apportée par Léon Marchand dans une lampe de mineur.
Il ne reste plus qu’à espérer que la parenthèse magique des Jeux va étendre ses effets pendant quelque temps encore, jusqu’aux Jeux paralympiques d’abord et pourquoi pas au-delà. C’est le même souhait un peu vain tous les quatre ans. Mais le souvenir de la fête peut aussi signer le début d’une nouvelle libération.
Pour mettre un terme au spectacle purement sportif, Paris a mis les petits plats dans les grands.
La finale du basket féminin a donné lieu à un affrontement étouffant, dont les Françaises ont donné le “la”, à la surprise générale. L’écart à combler avec l’équipe américaine apparaissait comme un gouffre, plus large encore que celui qui était présenté aux garçons la veille. Mais elles ont su contraindre leurs flamboyantes adversaires à un jeu de défense, ralenti, joué sur un demi-terrain. Bien sûr, elles auraient pu commettre moins d’erreurs, transformer plus d’occasions, être plus présentes au rebond offensif.
Mais elles sont parvenues à semer le trouble chez leurs prestigieuses adversaires, qui n’avaient jamais été agressées de la sorte, et qui n’ont récupéré que par éclairs l’adresse qui les caractérise. Le manque d’habitude à fréquenter de telles altitudes a un peu étourdi les « Bleues » (qui jouaient en blanc) qui se sont consumées toutes seules en quelques instants. En tentant des actions trop ambitieuses, et en subissant une agressivité accrue des Américaines (la sanction d’une faute grossière sur Marine Johannes aurait dû être réclamée par le banc), elles ont fait fondre en un instant l’écart de dix points qu’elles avaient réussi à construire. Les feux follets habituelles, Marine Fauthoux et Marine Johannes, n’osaient plus rien tenter du coup, et c’est Gaby Williams, la perle importée des Etats-Unis, qui s’est chargée de tout à la fin, marquant à la sonnerie un panier qui ne valait pas les trois points espérés parce qu’elle était entrée de quelques centimètres dans la zone.
De toute manière, une prolongation aurait sans doute entraîné une correction, tant les fautes accumulées, la fatigue et la clairvoyance disparue commençaient à peser dans le jeu des Françaises. Elles ont transformé le bronze de Tokyo en argent à Paris, c’est déjà une performance très remarquable et prometteuse.
Les Américaines ont dû se contenter d’inscrire d’un p’tit point de plus au score final, qui a eu le double avantage de leur épargner une humiliation inattendue, et de permettre à leur pays d’atteindre le même total de titres que la Chine (40), pour finalement la dépasser au classement grâce au nombre des médailles d’argent obtenues (44 contre 27). Ce qui était d’une importance cruciale pour les deux géants.
Sifan Hassan, la Néerlandaise d’adoption (depuis 2013) et Ethiopienne d’origine est entrée dans la légende, qui ne l’attendait pourtant pas et écoutait les rumeurs désagréables sur l’imperméabilité relative de son entourage aux contrôles anti-dopage. A 31 ans, elle s’est imposée sur le marathon, dont elle n’est pas encore devenue une spécialiste, grâce à sa pointe de vitesse d’ancienne spécialiste du 800 m. Cela lui a permis de battre le record olympique sur un parcours exceptionnellement difficile, de devancer l’Ethiopienne Tigts Assefa, recordwoman du monde, et la Kényane Hellen Obiri.
Elle est la première femme à gagner trois médailles sur ces trois épreuves de fond lors de la même séquence olympique, après le bronze obtenu sur le 5 000 m lundi 2 août (précédé d’une série courue vendredi 30 juillet) et sur le 10 000 m, vendredi 9 août. Elle avait aussi obtenu le bronze sur 1 500 m, puis l’or sur 5 000 m et 10 000 m aux JO de Tokyo, ce qui est aussi un triplé incongru.
Seul le Tchécoslovaque Emil Zatopek, champion olympique sur les trois mêmes distances, avait réussi un tel exploit aux Jeux d’Helsinki en 1952. La concurrence qui lui était opposée n’était pas aussi forte, il est vrai, puisque les athlètes africains ne participaient pas alors aux Jeux.
Un autre Néerlandais, le cycliste Harrie Lavreysen (27 ans), est devenu le roi incontesté de la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines, en s’imposant dans l’épreuve du keirin (où il avait décroché le bronze à Tokyo), après ses succès en vitesse, individuelle et par équipes dont il était tenant des titres. Seul le Britannique Chris Hoy avait réalisé un semblable triplé aux JO de 2008 à Pékin. Il peut maintenant convoiter dans quatre ans à Los Angeles les records de médailles (9) et de titres (7) détenus par le Britannique Jason Kenny.
Elodie Clouvel a obtenu à 35 ans une méritoire médaille d’argent dans l’épreuve du pentathlon moderne, rééditant sa performance des Jeux de Rio, en 2016. Elle n’a été devancée que par la Hongroise Michelle Gulyas, qui a établi un nouveau record du monde (1 461 pts). L’autre Française engagée dans la finale, Marie Oleiza (28 ans) n’a pas été épargné par l’injustice qui frappe souvent les concurrentes dans l’épreuve d’équitation. Son cheval l’a expédiée à terre, et l’a privée de points, ce qu’elle lui a pardonné estimant que la faute était d’abord la sienne. Cette mésaventure ne devrait plus se produire à l’avenir, puisque l’équitation sera remplacée par une autre discipline, aux côtés de la natation, de l’escrime, du tir et de la course à pied. Le pentathlon moderne était à l’origine destiné principalement aux militaires. Il a su peu à peu se transformer en véritable épreuve sportive, et éloigner son image guerrière pour proposer sur un site unique une compétition passionnante à suivre. Il faut espérer que le nouveau format saluera les mérites de Marie Oleiza, si le pentathlon conserve sa place dans le programme olympique.
VIGNETTES
¤ L’épreuve masculine du water-polo a couronné la Serbie (13-10) pour la troisième fois consécutive, devant la Croatie, sa victime préférée, pourtant championne du monde.
¤ L’Italie s’est nettement imposée (3-0) devant les Etats-Unis en finale du tournoi de volley féminin.
¤ Privé de son affrontement devenu rituel avec la France, éliminée prématurément en quart par son rival du jour, le Danemark a puni l’Allemagne (39-26) en finale du tournoi de handball masculin. L’arène installée à Lille dans le stade Pierre-Mauroy avait battu la veille le record d’affluence pour un match de hand (26 664 spectateurs) lors de la finale féminine entre la France et la Norvège.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Commentaires
0 commentaire(s)
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.