JO 2024 : une atmosphère qui a de la gueule

Billet de blog
le 6 Août 2024
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Commencée par une chute calamiteuse dans le relais mixte du triathlon, la journée s’est achevée dans le stade de France acclamant le perchiste suédois Armand Duplantis, qui a offert un record du monde à la foule, chavirée de bonheur. Enfin, pendant la nuit, un jeune Tahitien, Kauli Vaast, et une Réunionnaise chevronnée, Johanne Defay, ont brillé en surf sur la mythique vague de Teahupo’o, au milieu du bien nommé Océan Pacifique.

A l’autre bout de la planète, c’est aussi la France. Pour l’instant en tout cas, et cette présence coloniale, controversée comme dans tous les océans, a apporté son écot luisant et salé au butin tricolore. Grâce au Tahitien Kauli Vaast (22 ans), médaille d’or chez les garçons, qui a profité du « mana », la force surnaturelle qui pousse les enfants du Pacifique, et à la Réunionnaise Johanne Defay (30 ans), devenue grâce à sa récompense en bronze la première médaillée française de la discipline. La monstrueuse vague de Teapuho’o ne s’est réveillée que pour favoriser nos concurrents, dans un sport où l’on sait que la nature décide de tout. Il n’est pas inutile de le rappeler de nos jours. Le choix de présenter les épreuves de surf à Tahiti, y compris en chahutant un peu le site avec la construction d’une « tour des juges » qui a fait polémique, s’est avéré être une grande idée. Une de plus à porter au crédit des organisateurs.

La journée du lundi 5 août avait mal commencé pour les triathlètes français, dans l’épreuve du relais mixte, puisque la Seine a montré sa mauvaise humeur d’être ainsi bousculée, et que le premier des relayeurs français, Pierre Le Corre, a subi une chute malencontreuse dans l’épreuve à vélo, encore courue en peloton au départ de la course. Le retard n’a pas pu être comblé par la suite par une équipe française qui a terminé 4e derrière la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis, malgré un baroud d’honneur de Cassandre Beaugrand. On est resté héberlué de voir une telle foule dans les tribunes de ce magnifique parcours dès 8 heures du matin.

Une autre idée réussie est l’introduction du cross, dans les programmes de kayak et de canoë. Cela permet de mieux utiliser le site en eaux vives, dont la construction est coûteuse, et de proposer des affrontements rugueux, mais réglementés et spectaculaires. Chez les hommes, Boris Neveu (38 ans) et Titouan Castryck (19 ans) ont été victimes de leur propre fougue. Mais Angèle Hug a obtenu en filoute une médaille d’argent méritoire derrière l’Australienne Noémie Fox, la petite sœur de Jessica, la double championne olympique de slalom, en kayak et en canoë.

Simone Biles a fait ses adieux aux JO de Paris avec une nouvelle médaille, en argent au sol puisqu’elle a été devancée à cet agrès par la Brésilienne Rebecca Andrade, récompensée aussi par l’hommage délivré par la reine de la discipline. Biles a chuté de la poutre, où elle ne s’est classée que 5e, mais n’a pas cédé à la crainte qui l’avait envahie il y a trois ans à Tokyo. A 27 ans, titrée en individuel, par équipes et au saut, elle devrait prolonger sa carrière jusqu’aux JO de Los Angeles, devant son public. Côté français, le seul représentant en finale, Samir Aït Saïd, a terminé au pied du podium aux anneaux. A 34 ans, il déclare vouloir participer aux prochains Jeux, illustrant la professionnalisation de ce sport ingrat. Nul ne saurait le lui reprocher.

Le formidable public qui fait exploser les tribunes dans tous les sites de compétition a sans doute permis aux sélections françaises de se tirer de plusieurs mauvais pas.

Les volleyeurs ont renversé l’Allemagne, qui menait deux sets à zéro, dans un affrontement irrespirable et se sont qualifiés pour les demies. Les footeux étaient menés (0-1) à Lyon devant l’Egypte, sont parvenus à égaliser à une dizaine de minutes du terme, et se sont imposés en prolongation (3-1) en usant progressivement leurs valeureux adversaires. Ce sera difficile en finale contre l’Espagne, mais ce n’est pas perdu d’avance, et une nouvelle médaille est déjà dans la poche.

Portés par le public, les basketteurs du 3 X 3 ont réussi contre toute attente à se qualifier pour la finale en écartant (21-14) la Lettonie, tenante du titre, pour venir échouer d’un souffle dans la soirée contre les Pays-Bas. Ils ont été crucifiés par deux tirs bonifiés des Néerlandais, le premier pour obtenir la prolongation, le second pour y mettre un terme. Ce format du jeu a de nombreux atouts et les jeunes vont sans doute se les approprier en compétition.

Les supporteurs ne peuvent pas faire tout le travail tout de même, et leur soutien bruyant peut aussi paralyser ceux sur lesquels il se porte. Il a semblé que tel a été le cas pour les pongistes françaises, sans doute plus fortes que leurs adversaires thaïlandaises, mais qui n’ont pas su conclure les points décisifs. Un refrain qui n’est pas encore démodé.

Au superbe vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, dont la piste a été re-surfacée, le record du monde de vitesse par équipes a été battu cinq fois, dont trois par la Grande-Bretagne qui s’est imposée devant la Nouvelle-Zélande et l’Allemagne. Le public ne pouvait pas pousser l’équipe de France féminine, puisqu’il n’y en avait pas. Une absence regrettable, qui n’augure rien de sympa pour l’avenir. Les Bleus seront en revanche en lice pour une médaille de bronze dans la poursuite par équipes masculine, l’épreuve qui démontre la santé d’une nation dans le cyclisme sur piste, et même dans le cyclisme tout court si le sens de l’histoire n’a pas définitivement changé.

La soirée parisienne s’est achevée sur le feu d’artifice déclenché par le Suédois Armand Duplantis. Le tenant du titre au saut à la perche est un artiste, et il avait souffert d’obtenir son premier titre à Tokyo devant des tribunes vides. Seul compétiteur resté en lice, devant 80 000 personnes restées pour l’admirer dans le stade de France, il a successivement battu le record olympique (6 m 10), puis, à sa troisième tentative, le record du monde (6 m 25). A 24 ans, et compte tenu de l’écart qu’il a creusé sur ses concurrents (30 cm !), il peut envisager d’accumuler titres et records pendant plusieurs olympiades. C’est un athlète adorable. On espère l’adorer longtemps encore.

La Kényane Beatrice Chebet (24 ans) a créé une surprise sur 5 000 m en devançant sa compatriote Faith Kipyegon (30 ans), double championne olympique, triple championne du monde et recordwoman du monde du 1 500 m. Kipyegon a même été un temps disqualifiée pour avoir été impliquée dans une bousculade, avant de récupérer sa médaille d’argent devant le jury d’appel.

Sur 800 m, la favorite britannique Kelly Hutchinson s’est imposée facilement devant l’Ethiopienne Duguma et la Kényane May Moraa. La Française Rénelle Lamote obtient une très méritoire 5e place, couronnement d’une carrière exemplaire.

VIGNETTES

¤ Le Danois Viktor Axelsen (30 ans) a confirmé son titre olympique dans l’épreuve individuelle de badminton, en écartant (2-0) le Thaïlandais Kunlavut Vitidsarn. Le bronze est revenu au Malais Zii Jia Lee, face à l’Indien Laskhya Sen (2-1). Chez les femmes, l’Espagnole Carolina Marin, titrée en 2016, s’est blessée dans une demi-finale qu’elle menait contre Bingjiao He, et n’a pas pu disputer la médaille de bronze, revenue sans combattre à l’Indonésienne Victoria Tunjung. Lors de la finale He-An, la Chinoise a été battue (2-0) par la Sud-Coréenne, Se-young de son prénom.

¤ Les mérites de l’ancien champion russe de lutte gréco-romaine Alexandr Karelin ont été célébrés à de multiples reprises, et à juste titre, dans cette chronique. Le vieux scribe un peu flapi avait simplement oublié de mettre ses archives à jour : dans la même catégorie des super-lourds, le Cubain Mijain Lopez Nunez a depuis longtemps supplanté l’ancienne référence. A l’âge de 41 ans, vénérable dans ce sport éprouvant, il a obtenu quatre titres entre 2008 et 2020 (il était déjà 5e en 2004 !) et combat à Paris pour glaner une 5e médaille d’or individuelle (il n’y a pas de compétition par équipes en lutte). Il sera objectivement le plus grand combattant de l’histoire, devant même Teddy Riner, s’il y parvient.

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