JO 2024 : l’hymne à la joie

Billet de blog
le 29 Juil 2024
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Avec le retour du soleil, et l’enthousiasme du public sur tous les sites de compétition, une bulle de bonne humeur est en train de s’installer sur les Jeux. Pourvou que ça doure.

Il s’agit ici de plonger dans le fixateur de la mémoire les impressions fugaces dont la compétition olympique surabonde. Pas de déterminer si les stars d’un jour participent de l’instant, de l’histoire ou de la légende, ce qui est l’apanage des spécialistes. On prête à Charles de Gaulle cette pensée forte : « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche… » Aux JO de Paris, des trouveurs d’or, on n’en cherche plus ! Deux des étoiles françaises attendues ont été ponctuelles à leur rendez-vous avec l’admiration du monde entier.

Pauline Ferrand-Prévot avait déjà beaucoup gagné de titres, dans la plupart des déclinaisons du cyclisme, mais il lui manquait une consécration olympique en VTT qu’elle avait manquée à trois reprises alors qu’elle écrase la discipline depuis une dizaine d’années. Elle a survolé la course pendant une heure et demie et son plaisir à l’arrivée s’est communiqué à tout le public, yeux humides et sourire éclatant.

Le parcours est apparu difficile, mais étrangement préservé de la boue après le déluge qui l’a délavé depuis plusieurs jours. A croire que les organisateurs avaient passé la nuit dans les sous-bois un sèche-cheveux à la main. La course a montré tous les aspects de la cruauté du cyclisme. La Française Loana Lecomte a lourdement chuté, et a dû abandonner alors qu’elle était en lice pour une médaille. La Néerlandaise Puck Pieterse semblait assurée d’une médaille d’argent quand elle a crevé. Elle a échoué à 20 secondes de la médaille de bronze. Agées respectivement de 25 et 22 ans, ces deux victimes de la malchance auront plus tard leur moment de gloire, si elles s’inspirent du parcours de « PFP ». Pauline Ferrand-Prevot a 32 ans pour sa part, mais cet accomplissement ne marque sans doute pas la fin de sa carrière. Allégée de la pression insensée qu’elle s’est elle-même infligée, elle rêve désormais de Paris-Roubaix (dont les pavés lui paraitront des douceurs) et du Tour de France. Elle s’apprête à devenir la meilleure cycliste française de tous les temps, donnant la version souriante et charmeuse d’une nouvelle Jeannie Longo.

 Pour sa part, Léon Marchand a creusé un écart tout aussi impressionnant avec ses rivaux dans le 400 m 4 nages, qui ouvrait son opulent festin olympique. Il est sidérant de confiance et de maîtrise, à seulement 22 ans, et devrait le démontrer tout au long de la semaine.

Il ne faudra pas pour autant oublier de célébrer le talent de l’Australienne Ariarne Titmus, déjà sacrée sur 400 m dans une des seules courses où plusieurs torpilles étaient en compétition, dont l’Américaine Katie Ledecky qui va devoir reporter ses attentes sur les épreuves de fond (800 m et 1 500m). Et s’attendrir sur le destin du Britannique Adam Peaty, privé d’un triplé olympique sur 100 m brasse sur la marge microscopique de 2 centièmes de seconde.

D’autres sportifs en revanche ont manqué leur rendez-vous. En judo, le Japonais Hifumi Abe a confirmé son titre acquis à Tokyo en moins de 66 kg, mais il a attendu en vain que sa sœur Uta le rejoigne sur la plus haute marche, comme il y a trois ans. Uta Abe avait fait le choix de se préparer discrètement, négligeant de participer aux compétitions qui auraient pu lui assurer un classement parmi les têtes de série protégées. Du coup, elle a affronté prématurément la leader de ce classement, a été battue et en a conçu une détresse pathétique.  Elle n’a pas glissé sur une méduse, car l’Ouzbèque Diyora Keldiyorova a tout emporté sur son passage par la suite, y compris la Française Amandine Buchard en quart de finale. Après l’argent de Tokyo, Buchard a dû se contenter du bronze, mais l’a bien mérité tout de même. Il est néanmoins regrettable qu’elle ait pris son judo à l’envers, tout en gestion des décisions arbitrales, pour tenter de profiter d’une occasion unique d’enfin décrocher un titre majeur.

Son compatriote Walide Khyar s’est arraché courageusement jusqu’au combat pour la médaille de bronze qu’il a perdu sur le fil contre le Moldave Denis Vieru, n°1 mondial qui semblait pourtant avoir la tête ailleurs.

La fleurettiste française  Ysaora Thibus a quitté la compétition d’emblée, ce qui va nous reposer les yeux (elle est pourtant tout-à-fait adaptée aux critères de médiatisation) et les oreilles. Entre ses problèmes avec les autorités anti-dopage, son omniprésence publicitaire, et son bulletin médical quotidien, elle prenait beaucoup de place tout de même. Elle vante sur les écrans les mérites d’une marque de protection intime féminine. Elle pourrait aussi dispenser ses conseils à propos les douleurs provoquées par les règles. On est curieux de voir ce que cela va donner quand elle va rejoindre ses copines dans l’épreuve du fleuret par équipes.

L’escrime est à la France ce que le judo est au Japon : une discipline vénérée, mais engluée dans des problèmes d’image provoqués par des compétiteurs rétifs aux consignes collectives. C’est justement un talentueux Japonais, Koki Kano, qui a infligé une leçon en finale (15-9) à l’épéiste Français Yannick Borel. Dont on attendait qu’il sache trouver un plan B pour résoudre son problème technique. Les bons entraîneurs d’escrime français sont partis exercer à l’étranger, où ils accumulent les succès, ou quand ils sont restés au pays, voient leur expertise contestée par leurs disciples. Y a kek chose qui cloche là-d’dans…

Les sports collectifs voient les sélections tricolores se mettre en route. Les filles du rugby à VII ont démarré à bloc, avec deux roustes infligées aux Brésiliennes et aux Japonaises. Les garçons du volley ont hoqueté contre les Serbes, battus seulement au tie-break. Et les handballeuses ont dominé les Néerlandaises sans trop forcer.

En revanche, si les footballeuses parviennent mal à tirer au but, elles arrivent parfaitement à se tirer dans les pieds. Comme lors du match contre la Colombie, elles se sont effondrées en seconde mi-temps contre le Canada après avoir sauvé les apparences en début de match. Du coup, les tenantes du titre, qui devaient s’imposer après une lourde sanction pour espionnage (6 points de pénalité !), ont recueilli la victoire (2-1) qui leur était généreusement offerte au bout de l’interminable temps additionnel. De surcroît, la France a perdu sa gardienne (handicap assez relatif…) mais surtout la meilleure joueuse de son histoire, la capitaine Wendy Renard.

Cette équipe talentueuse est désespérante : elle joue en retrait quand il faudrait attaquer rapidement, balance des missiles vers ses attaquantes incapables de les récupérer, s’acharne dans des duels sur un côté quand il faudrait renverser le jeu de l’autre, se plaint à l’arbitre de perdre souvent ces duels, oublie dans son marquage les ailières adverses pour mieux se marcher sur les arpions au centre du jeu. Et surtout ne parviennent pas à oublier les rancœurs accumulées dans les rivalités du championnat domestique. Comme à l’époque où la sélection masculine accueillait des joueurs de l’OM et du PSG écumant de leurs haines réciproques.

Le sélectionneur Hervé Renard ne parvient pas à faire appliquer ses consignes par ces têtes de mule, inaptes au haut niveau international. Il a compris qu’il n’ajouterait sans doute pas une ligne à son brillant CV, et prépare déjà ses paquets. On ne voit pas bien pourquoi il n’utilise pas mieux ses remplaçantes, il n’y a plus grand-chose à perdre.

 VIGNETTES

¤ Sur le front du dopage, on ne constate que trois cas positifs pour le moment. On va pouvoir vérifier si les progrès récents de la contestation juridique des contrôles antidopage sont étendus partout. La mode n’est plus à contester la présence des produits dopants dans le corps, mais à incriminer des compléments alimentaires, qui sont réputés depuis peu attaquer sournoisement et en masse des athlètes innocents pour les doper à leur insu. Les fabricants des dits compléments n’ont toujours pas dit si cela avait dopé leurs ventes.

¤ Le match de foot féminin entre l’Australie et la Zambie s’est terminé sur le score anachronique de 6 buts à 5. Dire qu’on a regardé l’équipe de France à la place…

¤ Les épreuves de surf continuent à Tahiti, mais elles sont diffusées à l’heure du coucher. Les images apaisantes d’une eau paradisiaque, à peine agitée par la vague légendaire, favorisent l’endormissement. L’endroit est néanmoins dangereux, puisque la Française Johanne Defay s’y est ouvert le crâne et doit désormais porter un casque. L’eau n’est pas plus sûre qu’à Paris, ma bonne dame.

 ¤ L’équipe de France féminine de gymnastique a réalisé une prestation collective catastrophique, affectée qu’elle était par le spectacle d’une chute inquiétante d’une de leurs camarades. Un effet de la pression, après les récents progrès constatés? Elles n’en manquent pourtant pas, mais il faudrait ajouter de la légèreté dans l’ambiance.

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