JO 2024 : le sourire de la France, sa plus belle victoire

Billet de blog
le 5 Août 2024
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Il reste une semaine de compétitions, mais notre pays a déjà gagné ses Jeux en montrant sa beauté, sa gaîté, et l’enthousiasme de son public. Les grincheux se sont tus, et la communion collective a démontré ses vertus.

Il pourrait se passer n’importe quoi désormais, rien n’enlèvera l’idée que les JO 2024 sont une franche réussite. De la cérémonie d’ouverture en passant par la mise en valeur joyeuse des plus beaux lieux de la capitale, du travail courageux et incessant pour lutter contre la pollution et l’insécurité, les moyens déployés ont permis aux plus grands champions d’accomplir leur rêve en le partageant sincèrement avec le public. Cela reste du sport, et ne résout en rien des problèmes plus préoccupants. Mais cette quinzaine d’évasion et de jubilation laissera des traces profondes. Les Jeux paralympiques seront les premiers à en profiter, avec une prise de conscience réelle du handicap par l’ensemble de la population et des moyens à imaginer pour le surmonter. Parmi les critiques, relativement nombreux, qui avaient fui Paris et le tumulte engendré par les JO, une partie se ravise déjà et envisage d’assister aux compétitions paralympiques pour participer eux aussi à la fête populaire. Paris s’est ouverte à la population mondiale, fière de ses atouts et lucide sur ses lacunes, et elle a aussi ouvert une voie pour désenclaver le sport de ses stades et ses salles. Tous les responsables de cette belle idée doivent en être chaleureusement félicités.

La première semaine de compétitions a constaté un engouement permanent, grâce au judo et à l’escrime notamment, mais surtout par le génie de Léon Marchand, vedette incontestable de la natation malgré une sacrée concurrence : Katie Ledecky (4 médailles et 2 titres, avec le record égalé de 9 médailles d’or en carrière), Summer McIntosh (4 médailles dont 3 titres à seulement 17 ans), Sarah Sjöström (doublé sur 50 m et 100m à 30 ans, six médailles olympiques dont 3 titres). Pour conclure les débats, Marchand a obtenu une cinquième médaille avec ses collègues du relais 4 X 100 m 4 nages, récompensés par le bronze derrière la Chine et les Etats-Unis. L’or de la Chine ne durera peut-être pas autant que les impôts, car les responsables de la lutte anti-dopage ont la mémoire longue.

Deux champions hors-norme ont aussi été sacrés dimanche 4 août. Novak Djokovic a enfin obtenu l’or qu’il convoitait depuis cinq éditions des Jeux. Malgré trois demi-finales, le plus grand tennisman de tous les temps n’avait arraché jusqu’ici qu’une médaille de bronze, écrasé par la pression olympique, lui qui a obtenu la plupart de ses titres en hypnotisant ses rivaux. Cette fois, il a vaincu (7-6, 7-6) le plus dangereux des prétendants, l’Espagnol Carlos Alcaraz, qui venait de le punir à Wimbledon. La joie du Serbe a fait éclater son masque habituel, montrant les émotions d’un enfant au pied de l’arbre de Noël.

Au golf, le n°1 américain Scottie Sheffler s’est imposé sur le fil, démontrant que des pros confits dans les millions de dollars de leur vie sur le circuit, étaient désormais prêts à s’entrebattre pour une poignée de figues et une consécration olympique. Le Français Victor Pérez a terminé 4e, à un coup du podium, ce qui montre aussi l’effet survoltant de la passion des Jeux.

L’athlétisme a ouvert sa semaine avec ses épreuves reines sur 100 m. Chez les hommes, le vide énorme laissé par la retraite d’Usain Bolt n’attendra peut-être pas si longtemps pour être comblé. L’Américain Noah Lyles rêve d’un quadruplé de folie, jamais réalisé sur le sprint mondial : 100 m et 200 m, plus les deux relais 4 X 100 m et 4 X 400 m. Il a réussi d’un souffle (5 millième de seconde !) la première levée de ce carré d’or, sans doute la plus compliquée pour ce partant médiocre mais finisseur exceptionnel. Gagnée en 9 s 79, la finale du 100 m a été la plus disputée et la plus relevée de l’histoire olympique avec huit concurrents séparés par 12 centièmes de seconde. Seul Usain Bolt a couru plus vite, à deux reprises, dans une finale olympique.

Le Stade de France a vibré pour le titre obtenu à la hauteur féminine par Yaroslava Mahuchikh. Il y avait deux Ukrainiennes et deux Australiennes sur le podium, et des tonnes de fierté. Il a également salué la performance du lanceur de marteau canadien Ethan Katzberg, au look de surfeur souriant, qui a plié le concours dès son premier essai à 84 m 12 et s’est imposé avec plus de 3 mètres d’avance sur ses meilleurs adversaires.

Médaillé de bronze en tennis de table, Félix Lebrun est devenu en un éclair une star du sport français. Dans un exercice que tout le monde ou presque a pratiqué au moins une fois dans sa vie, ce qui permet de mesurer les performances des meilleurs. « Démonté » en demi-finale par le Chinois Fan Zhendong, futur champion olympique, « Féfé » s’est remonté comme un coucou pour punir (4-0) le Brésilien Hugo Calderano, qui avait éliminé son frère Alexis en huitième de finale. A 17 ans, Félix Lebrun est promis à un bel avenir. Son plus sérieux rival, outre les Chinois, devrait être le finaliste suédois Truls Möregard. A peine plus âgé à 22 ans, il attire lui aussi les projecteurs avec sa curieuse raquette hexagonale et son grand talent.

Les boxeurs français continuent de mettre en valeur leur compétitivité et leur bel esprit. Deux d’entre eux, Sofiane Oumiha et Billal Benamma, se sont qualifiés pour la finale de leur catégorie, avec un coup de pouce du jury grâce à la chaleur du public pour ce qui concerne Benamma. Les boxeurs sont habitués à l’injustice et ne la supportent que parce qu’elle joue parfois en leur faveur. C’est la raison pour laquelle les étreintes fraternelles qui concluent les combats sont si émouvantes.

A Paris, les Français ne critiquent trop pas l’arbitrage, les membres des jurys d’appel passent de bonnes vacances, et c’est tant mieux pour l’image de tous les acteurs.

L’épreuve féminine de cyclisme sur route a délivré le même formidable spectacle que chez les garçons. L’Américaine Kirsten Faulkner (31 ans), méconnue mais surpuissante, a astucieusement profité du marquage réciproque des favorites, la Néerlandaise Marianne Vos et la Belge Lotte Kopecky, pour s’échapper seule dans le final.

Les fleurettistes français ont obtenu la médaille de bronze contre les Américains, tandis que les Japonais s’imposaient devant l’Italie pour le titre. Le bilan français est honorable avec 7 médailles dont 1 titre (sabre féminin), mais inférieur aux attentes. L’ambiance créée par le public au Grand palais restera dans toutes les mémoires. Il reste qu’on jalouse affreusement les Sud-Coréens qui ont réalisé le grand chelem (5 titres et 7 médailles) dans les épreuves de tir à l’arc.

VIGNETTES

¤ Les chevaux des Français sont rétifs au dressage (étrange, n’est-il pas ?) et les cavaliers rentrent bredouilles de ces compétitions alors qu’ils excellent ailleurs. Le concours individuel a été remporté (elle était tenante du titre) par l’Allemande Jessica von-Bredow-Werndl (respirez…), devant sa compatriote Isabell Werth, qui obtenait ainsi sa 14e médaille (dont 8 titres) aux Jeux (soufflez…) et la Britannique Charlotte Fry. Cinq femmes étaient classées aux 5 premières places du classement de cette épreuve mixte.

¤ Deux nouveaux records du monde ont été battus lors de la dernière journée de natation, sur 1 500 m (par l’Américain Robert Finke) et sur le relais 4 X 100 m 4 nages féminin (par les Etats-Unis). Ils s’ajoutent à ceux du 4 X 100 4 nages mixte (par les Etats-Unis) et du 100 m masculin (par le Chinois Pan Zanhle). La piscine n’était donc pas si lente que cela. Les nouveaux moyens de contrôle antidopage ont pu avoir leur effet, et en auront peut-être un autre dans le futur.

¤ Les joueuses de tennis italiennes Sara Errani et Jasmine Paolini, déjà titrées ensemble au dernier tournoi de Roland-Garros, ont difficilement gagné (2-6, 6-1, 10-7) le tournoi olympique de double devant le duo nouvellement composé par les Russes Mirra Andreeva et Diana Shnaider, qui concourent sous la bannière des athlètes individuels neutres (AIN). On ignore s’il y a eu ou s’il y aura des affrontements entre les AIN et les EOR, membres de l’équipe des réfugiés olympiques.

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