JO 2024 : laisser passer l’orage

Billet de blog
le 10 Août 2024
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La plupart des espoirs de médailles pour les sportifs français, entretenus de manière trop optimiste, ont été douchés, ce qui provoque une certaine amertume chez certains « spécialistes ». Mais pas pour le public, heureux de communier au soutien de compétiteurs valeureux, quel que soit leur maillot.

Au moment de savourer quatre finales de « sportko », puisque les basketteuses se sont invitées à la fête, le public français constate que trois autres ont déjà eu lieu (rugby à VII, basket 3 X 3 et foot masculins) et qu’un seul titre a été gagné. Les autres finales ont vu les équipes de France faire bonne figure mais s’incliner devant un adversaire de meilleure qualité. C’est d’ailleurs ce qui guette les deux sélections de basket qui vont affronter les Américains. Les volleyeurs et les handballeuses ont en revanche la faveur des pronostics, ce qui n’arrangeait pas le teint des sportifs français jusqu’à présent.

Les footballeurs de Thierry Henry se sont donc inclinés devant l’Espagne (3-5 après prolongation), dans un Parc des Princes incandescent, au terme d’un match palpitant. Ils ont montré moins de maîtrise, et plus de fougue, et ont lavé l’affront fait à leur sport par les dirigeants qui n’ont pas aidé cette sélection comme c’était leur boulot. Il est insupportable à ces boutiquiers que le football puisse apporter du plaisir gratuitement, sans que le public soit contraint de payer des abonnements TV coûteux. Pourtant, le foot olympique, c’est une bouffée de fraîcheur et les retrouvailles avec un jeu sans calcul. Une perspective à éloigner résolument pour les caciques fédéraux.

Les basketteuses tricolores vont améliorer leur bilan : bronze à Tokyo, argent à Paris. Personne n’ose croire qu’elles pourront déboulonner les Américaines. Pourtant, elles ont su gagner un match mal embarqué contre les championnes d’Europe belges, où elles ont été abandonnées par leur adresse habituelle. Mais elles ont serré les dents, récupéré tous les ballons qui traînaient, et manifesté une confiance en elles proprement bluffante. Alors, qui sait ?

L’atmosphère était à l’orage ce vendredi, et les espoirs de médailles des Français se sont noyés les uns après les autres : escalade, canoë-kayak, breaking, voile…  Il ne fallait pas rester en plein air. En salle, le cyclisme sur piste s’est noyé lui aussi. Mais le tennis de table a soulevé une nouvelle fois la joie et la gratitude d’un public enflammé.

Félix Lebrun, le nouveau chouchou national, a obtenu une nouvelle médaille de bronze, par équipes cette fois. Avec son grand frère Alexis, et Simon Gauzy, ils ont difficilement écarté le Japon (trois victoires à deux) et Félix a de nouveau réalisé des prouesses. Il semble promis à une longue carrière et à de nombreux succès, ce que l’on savoure déjà par avance sans trop de crainte de le voir se perdre dans les pièges qui guettent les nouvelles stars. De leur côté,  les Chinois ont écrabouillé la Suède en finale (3-0), et on espère pour eux que leurs sempiternels succès (quatre titres sur quatre !) leur apportent un peu de gaieté.

La Chine a réalisé un grand chelem identique dans les épreuves de plongeon : sept titres et dix médailles, la moitié de celles qui étaient en jeu. Les Sud-Coréens sont d’autres monstres dans leur discipline, le tir à l’arc. Ils ont gagné les cinq titres en jeu, et la moitié des médailles. Cela représente le quart de leur total de récompenses, et plus du tiers de leurs titres.

Le mauvais temps a un peu gâché la fête au Stade de France pour le bonheur quotidien apporté par l’athlétisme. Les deux relais français sur 4 X 100 m étaient en finale, c’est déjà bien, et n’ont pas pu aller au-delà de leurs limites connues : les filles sont 4es et les garçons 6es. L’absence des Jamaïcains est de plus en plus intrigante, et les approximations techniques des Américains leur ont coûté un nouveau titre dans l’épreuve masculine, remportée par le Canada (et leur chevronné leader André De Grasse) devant l’Afrique du Sud et la Grande-Bretagne.

Le 400 m haies masculin n’a pas été aussi disputé qu’on s’y attendait. L’Américain Rai Benjamin a fait exploser en 46 s 66 le favori norvégien Karsten Warholm et le fantasque Brésilien Alison Dos Santos. Clément Ducos, le Français, n’a pas eu froid aux yeux, mais il ne pouvait faire mieux à ce niveau qu’obtenir la 4e place. Tous les espoirs lui sont permis dans cette épreuve de longue maturation.

Jordan Diaz Fortun, réfugié cubain naturalisé espagnol, a enlevé le concours de triple saut, deux centimètres plus loin que le Pedro Pichardo, réfugié cubain naturalisé portugais et tenant du titre olympique. Le troisième du concours est Andy Diaz Hernandez, réfugié cubain naturalisé italien. Dans cette finale, où les neuf premiers ont sauté à plus de 17 m, le concurrent cubain, Lazaro Martinez, s’est classé 8e. On ignore s’il cherche un pays d’accueil.

La Kenyane Beatrice Chebet, déjà titrée sur 5 000 m, s’est imposée sur le 10 000 m, devançant d’un souffle (10 centièmes de seconde) l’Italienne Nadia Battocletti. La Néerlandaise Sifan Hassan, double championne à Tokyo sur 5 000 m et 10 000 m), a empoché le bronze comme sur 5 000 m, deux jours avant sa participation au marathon olympique. La Française Alessia Zarbo a été victime d’un malaise pendant l’emballage final de la course et a dû être évacuée par les secouristes.

Le concours du poids est revenu à l’Allemande Yemisi Ogunleye, après un dernier jet à 20 m 00, devant la Néo-Zélandaise Madison-Lee Wesche et la Chinoise Jianyuan Song. Les hiérarchies traditionnelles sont souvent chamboulées, comme l’illustre aussi le 400 m féminin, avec la victoire de la Dominicaine Marileidy Paulino (dépassant Marie-Jo Pérec avec un nouveau record olympique en 48 s 17), devant la Qatarie Salwa Naser et la Polonaise Natalia Kaczmarek.

La vedette de cette soirée est définitivement la Belge Nafissatou Thiam, devenue à l’heptathlon la première à réaliser un triplé olympique dans les épreuves combinées, femmes et hommes confondus. Elle y est parvenue à la bagarre au bout de la dernière épreuve (800 m), en gardant quelques points d’avance sur la Britannique Katarina Johnson-Thompson. Cet accomplissement la porte parmi les plus grands athlètes dans l’histoire des Jeux.

Au vélodrome, c’est le Néerlandais Harrie Lavreysen qui mérite les éloges. Comme à Tokyo, il s’est confirmé comme le pistard n°1 en s’imposant dans les épreuves individuelle et par équipes. Il est l’homme le plus rapide de son époque.

La fin des Jeux de Paris, relativement épargnés de ce point de vue, a vu quelques débats idéologiques parvenir sur le devant de la scène médiatique. La boxeuse camerounaise Cindy Ngamba est la première médaillée (de bronze) de l’équipe olympique des réfugiés, instituée en 2016. Elle avait dû quitter son pays en raison des discriminations qui y sont infligées aux homosexuels.

Une autre boxeuse, l’Algérienne Imane Khelif, titrée chez les moins de 66 kg, doit subir les effets d’une polémique nauséabonde sur la réalité de son identité féminine, qui fait l’objet d’un litige entre la fédération internationale et le CIO. Elle en sort gagnante, c’est le principal.

En breaking, une concurrente afghane a été exclue du classement pour avoir brandi une banderole réclamant la liberté pour les femmes de son pays. A notre avis, c’est à peu près la seule utilité de la présence au programme olympique de cette spécialité qui mérite d’autres scènes et d’autres conditions d’accueil.

 

VIGNETTES

¤ La natation marathon a couronné les Hongrois Kristof Rasovszky (1er) et David Betlehem (3e), et l’Allemand Oliver Klemet (2e). Les Français ne sont pas loin : Logan Fontaine (5e) et Marc-Antoine Olivier (7e). La Seine va maintenant retrouver son calme habituel.

¤ La gymnastique rythmique est une discipline bien gracieuse, malgré une surabondance de juges et de duègnes aux fortes mâchoires, qui s’accordent pour martyriser des jeunes filles magnifiques, souples, élancées et d’une dextérité ahurissante. Ces brindilles portent autant de maquillage que de tissus chamarrés, et elles ont l’agrément des vieux barbons qui trainent souvent dans les rangs des dirigeants olympiques. Heureusement, l’avenir de ces jeunes personnes semble assuré dans les salles de spectacle et les défilés de mode.

¤ Une lutteuse indienne, Vinesh Phogat, a été disqualifiée juste avant la finale des moins de 50 kg, parce qu’elle pesait 100 grammes de trop ! Son équipe a vainement tenté de l’allèger, et on préfère ne pas savoir comment. Phogat a déposé une réclamation pour récupérer la médaille d’argent dont elle a été ainsi privée et le premier ministre indien Narenda Modri s’est emparé de la polémique. Il faut dire aussi qu’accuser une Indienne d’être suralimentée…

 

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