ENGAGEMENT, CULTURE, IDENTITÉ, DIVERSITÉ

Billet de blog
le 2 Fév 2020
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Les élections municipales ont lieu demain

ENGAGEMENT, CULTURE, IDENTITÉ, DIVERSITÉ

La présentation par Y. Berland (L.R.E.M.) de ses têtes de liste pour les élections municipales de Marseille, dont B. Gilles a rendu compte, dans « Marsactu », le vendredi 31 janvier, est l’occasion, pour nous, de réfléchir à la relation entre diversité culturelle et identité politique.

 

La diversité et la confusion

En mettant en avant la diversité ethnique de ses têtes de liste, Yvon Berland fait passer leur origine avant leur projet politique: si l’expression de la diversité concourt à une forme de confusion politique, c’est que le projet de La République en Marche pour Marseille est, somme toute, passé sous silence à l’occasion de cette présentation des candidats. Privilégier la présentation de la diversité des candidats au lieu de dire ce qui fonde le projet politique dont ils se soutiennent entretient une forme de confusion politique, car on ne sait pas de quoi serait fait le Marseille auquel conduirait, si elle avait lieu, l’élection d’Y. Berland et de son équipe à la direction de la municipalité. Mais, surtout, en mettant ainsi en avant la diversité, en fondant, en quelque sorte, sa candidature et celle de son équipe sur la diversité des candidats au lieu de la fonder sur un véritable projet politique, Y. Berland court le risque d’instituer une sorte de ghetto à l’envers. En effet, ce qui fonde un véritable engagement politique démocratique est, au contraire, le fait de ne pas avoir à connaître l’origine des citoyens et des acteurs politiques. Si l’on prend garde à la signification du mot grec dont est issu le mot français qui la désigne, la démocratie, c’est la reconnaissance du pouvoir, du kratos, au peuple, au démos, c’est-à-dire au peuple indistinct, uni dans une diversité fondée, au contraire, sur le fait de ne pas avoir à connaître l’origine des acteurs à qui l’électorat confie le pouvoir.

 

Identité culturelle et identité politique

C’est que, si notre identité culturelle est, en partie, fondée sur nos origines, sur les cultures dont nous sommes porteurs, notre identité politique, elle, est fondée sur le projet de société qui fonde notre engagement Une identité politique n’est pas fondée sur une origine, su une naissance, mais sur un projet de société, dans lequel tous les acteurs qui se soutiennent d’une même identité se retrouvent dans un imaginaire politique partagé. Si le peuple se fonde sur la diversité, les identités politiques ne se fondent pas sur la diversité des engagements, mais, au contraire, sur un projet commun que reconnaissent comme le leur tous ceux qui partagent la même identité. C’est cette identité politique qui fonde l’engagement de La République en marche qui, curieusement, n’est pas dite dans le discours d’Yvon Berland et de ses têtes de liste comme s’il n’y en avait pas, comme si la « diversité » suffisait à définir une identité politique sans que l’on sache ce qui la fonde dans le domaine de la politique de la ville, puisqu’il s’agit des élections municipales.

 

Diversité et égalité

En fait, sans doute faut-il se rappeler ce qui fonde une société réellement démocratique : l’égalité. L’égalité, c’est ce qui permet d’être sûr, justement, que, quelle que soit leur origine, toutes les citoyennes et tous les citoyens sont égaux, occupent la même place dans l’espace politique. Mais, pour que l’égalité soit pleinement assurée, il faut, justement, que la diversité fasse l’objet d’une forme de refoulement, pour utiliser un terme issu de la psychanalyse. C’est que nous devons nous rappeler que la psychanalyse, parce qu’elle rend raison de notre rapport à la loi, est peut-être la première science politique que nous rencontrons dans notre vie. En nous rappelant que la citoyenneté, l’appartenance à la cité, se fondent sur la reconnaissance de la loi, la psychanalyse vient nous dire que c’est parce que nous sommes tous égaux devant la loi que nous sommes les citoyens appartenant à une même société politique et que, par conséquent, nous sommes libres de choisir l’engagement dont nous sommes porteurs. Et, donc, pour reprendre ce terme issu de la psychanalyse, pour que la société soit pleinement démocratique, pour que nous soyons sûrs que nous appartenons tous au même démos, il faut que notre origine soit refoulée et que ce soit bien l’égalité qui fonde notre identité politique. Le peuple assemblé, le démos, n’a pas à connaître l’origine de ses membres, qu’elle soit ethnique ou professionnelle : il n’a à connaître que leur engagement et il n’a à débattre que des imaginaires politiques dont ils sont porteurs et qui orientent leur exercice de la citoyenneté.

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