DIS-MOI COMMENT TU CONSTRUIS TES ÉCOLES, JE TE DIRAI QUELLE SOCIÉTÉ TU FABRIQUES
Le chantier de l'école Marceau, dans le 3e arrondissement, en avril 2024.
Le bâti scolaire : un choix politique !
Construire ou réhabiliter des écoles, ce n’est pas juste empiler des bâtiments.
Actuellement, dans le cadre du Plan Marseille en Grand, près de 50 marchés de travaux sont lancés, chacun avec sa propre vision, ses matériaux, ses équipements, ses contraintes. Une mosaïque orchestrée par la Ville, où chaque école devient un objet architectural singulier, au lieu d’être pensée comme un outil au service du service public.
Pendant ce temps, l’histoire nous prouve qu’une autre voie est possible. Les écoles Jules Ferry, Egger et Geep ont montré qu’un modèle rationalisé et pensé pour l’intérêt général permettait de concilier efficacité, coût maîtrisé et qualité du service public. Elles ont été bâties avec une vision collective, pas comme une juxtaposition de projets isolés dictés par des intérêts privés.
L’école n’est pas un bâtiment comme les autres, c’est un bien commun, une identité au sein de la ville !
Loin d’être de simples salles de classe, les écoles doivent être au cœur du quartier et de ses habitants. Un équipement structurant, qui devrait répondre aux besoins des enfants, des familles, des voisins et voisines :
— Des bibliothèques et médiathèques ouvertes à tous, pas juste aux horaires scolaires.
— Des piscines mutualisées, accessibles aux habitants en dehors des cours.
— Des cuisines centrales, garantissant une alimentation saine pour les élèves et pouvant servir des cantines solidaires.
— Des centres médicaux scolaires et de proximité, pour un suivi préventif et une offre de soins renforcée.
— Des espaces mutualisés, pour les associations, les services sociaux, les habitants.
— Des salles polyvalentes, pour des réunions citoyennes, des activités culturelles, des initiatives locales
Une école de qualité, c’est une école ouverte, intégrée à son territoire, pensée pour tous.
Marseille rate le coche et c’est une honte !
Plutôt que de concevoir un grand plan cohérent, la Ville multiplie les écoles uniques, aux conceptions éclatées, aux équipements disparates. Résultat ?
— Un entretien hors de prix, car chaque école nécessite des interventions spécifiques.
— Une incapacité à s’adapter aux évolutions démographiques et climatiques.
— Une rupture d’égalité, où certaines écoles seront mieux loties que d’autres, selon les choix des entreprises et des cabinets d’architectes.
En d’autres temps, les écoles Egger et Geep ont prouvé qu’une rationalisation intelligente, c’est garantir une architecture fonctionnelle, évolutive, économe et accessible à tous.
La Ville doit reprendre la main avec une maîtrise d’œuvre publique, la SPEM devrait être cette maîtrise d’œuvre publique !
Le Plan Marseille en Grand aurait pu être un tournant historique. Une occasion unique de bâtir l’école du XXIe siècle, répondant aux besoins des habitants, tout en optimisant les ressources publiques, tout comme donc les plans massifs du passé de construction/reconstruction d’écoles publique, plus de 150 écoles avaient été construites par exemple dans les années 60 par la ville et l’architecture Egger.
Mais aujourd’hui, c’est tout l’inverse qui est en train de se jouer : une dispersion des moyens, des projets éclatés, une absence de vision globale. Une gestion menée par une poignée d’élus, qui sacrifie l’intérêt général sur l’autel de la communication politique et des logiques privées.
Dis-moi comment tu construis tes écoles, je te dirai quelle société tu fabriques.
Nous exigeons donc une véritable stratégie publique, pilotée par la Ville, avec une maîtrise d’œuvre publique, où les écoles marseillaises seront conçues avec intelligence, avec cohérence, avec un souci d’égalité et de service public.
Mais cela ne suffit pas. Nous voulons des écoles à taille humaine !
Le gigantisme ne peut être une solution pour l’école du XXIe siècle. Des écoles de 25 ou 30 classes, c’est une aberration : elles diluent le lien éducatif, surchargent les équipes pédagogiques et déshumanisent l’apprentissage. Nous revendiquons des établissements à taille raisonnable, favorisant un cadre d’enseignement serein et une véritable proximité entre les élèves, les enseignants et les familles.
Nous voulons aussi :
— Des écoles accessibles et adaptées aux besoins des élèves, avec des espaces de qualité, pensés pour le bien-être, l’inclusion, et les familles.
— Des bâtiments conçus pour durer, avec une architecture rationnelle et fonctionnelle, plutôt qu’une succession de projets uniques coûteux et difficiles à entretenir.
— Une planification urbaine cohérente, intégrant l’école comme un véritable équipement public, ouvert aux habitants et mutualisant les infrastructures.
— Une école résiliente face aux défis climatiques, avec des constructions adaptées au climat méditerranéen et des solutions écologiques ambitieuses.
Nous ne voulons pas d’une école standardisée par les intérêts privés, mais une école conçue pour et par la collectivité, au service du bien commun.
Est-ce trop tard ?
Les militantes et militants du CeM, Collectif des écoles de Marseille.
(Prononcez “le seum”… parce qu’il y a de quoi l’avoir !)
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