Demain (3)

Jamais deux sans trois demain. Celui-ci ne serait ni utopie ni catastrophe, un demain expérimental et ouvert, ni noir ni rose, au mieux arc-en-ciel, au pire marronnasse. Un demain à écrire entre promesses non tenues et espoirs inassouvis, grandes annonces et décisions à l’ancienne, retour aux sources et fuite en avant, satisfaction des besoins vitaux pour tous et enrichissement accru des nantis. Restructuration ou calfeutrage, révolte ou résignation, balcon ou rue, poings levés ou yeux fermés, monde d’après ou retour à la normale ? Demain dépend de nous. Et il est tout à la fois risque et espoir. Risque que l’accumulation des inégalités génère le ressentiment et dérape vers de fausses solutions, risque que la courte échelle le soit vraiment, que le ressort se distende, le tremplin se grippe et la trappe se fasse tombe. Risque que chacun se conforte dans ses certitudes et ses dogmes et succombe au « biais de confirmation », le pythique « je-vous-l’avais-bien-dit ». Mais aussi espoir que l’impensable génère de l’inédit. Espoir d’un monde meilleur, espoir fondé sur l’expérience vécue en temps de confinement : gratuité des transports en commun, déblocage rapide de fonds publics, prêts garantis, démarches facilitées, « décisions de rupture » : on a pris des habitudes et il faudra s’en souvenir. Rappeler par exemple les déclarations de notre révérend général en chef pour les prendre au mot : « il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies ». Oui, dit-il encore « le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant (…) beaucoup de certitudes, de convictions (…) seront remises en cause ». « Ce qui semblait impossible, nous avons su le faire. Nous devrons nous en souvenir ». Chiche !