Délogé.es : laver son linge sale
À l’hôtel, nous avons été une douzaine de familles de délogés au plus fort des évacuations. Douze familles, sept jours dans une semaine et une machine à laver le linge en libre service de 16h à 21h (voire plus tard si le gardien de nuit est conciliant). Autant dire qu’en rentrant du taff vers 18h il y avait la queue des chaussettes sales à la lingerie et qu’il fallait souvent se résigner à reporter au lendemain.
Sauf que notre garde robe est monotone, réduite à sa plus simple expression. Revenons quelques semaines en arrière. On apprend qu’on doit quitter l’appartement demain, on aurait dans l’idéal une nuit pour remplir des cartons et des cartons. Dans la réalité on a juste les valises que l’on utilise pour partir deux semaines en vacances de temps en temps. Et puis, au lieu de s’y mettre à remplir les valises, on s’assoit dessus et on se demande :
Qu’est-ce que je prends ?
Combien de temps part-on ?
Est-ce que l’appartement va être squatté ?
Est-ce que les souris vont grignoter tout ce qu’on laisse ?
Que va-t-on retrouver en rentrant ?
Evidemment personne ne se prend la tête entre les mains en criant : j’ai l’impression de laisser ma vie ici !
Du coup j’ai rempli un sac de vêtements de saison, pris l’épluche légume et la cafetière. Tout ça pour dire que le peu de vêtements que l’on a doit être lavé régulièrement pour être porté de nouveau.
A l’hôtel, tout le monde supportait plus ou moins bien le système d’une lingerie quasiment inaccessible, tant qu’on a des copains chez qui débarquer avec notre linge sale. Jusqu’à ce soir-là où éclate une dispute entre délogés, dans la lingerie, au sujet d’un cycle long déjà enclenché et qui semble d’autant plus long que la file des vêtements sales explose. On crie. On explique que compte tenu de la situation tout le monde doit choisir le mode cycle court de la machine qui ne dure que 24 minutes et c’est déjà trop. Que oui, ce n’est pas très bien essoré, que oui ça va mettre trois jours à sécher mais que là vraiment, on n’a pas le choix. Résultat : le Staff de l’hôtel, face à l’énervement, condamne la lingerie, la boucle à clé jusqu’à nouvel ordre.
Magnanime le Staff lève la punition au bout d’une semaine, puis affiche un planning des tours de machine. Nous, on partage le lundi soir avec une autre famille. Le dimanche c’est parfois possible si on demande l’autorisation au Staff.
Dans le tambour il y a des hauts et des bas, je lave mon linge sale avec la même marque de lessive qu’avant le délogement, quand tout est étendu dans la chambre on pourrait presque se croire à la maison.
La psy de la rue Beauvau trouve que je supporte très bien cette période transitoire de délogement, je n’ose pas imaginer comment cela se passe pour ceux qui la subissent moins bien.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Commentaires
0 commentaire(s)
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.