De Noailles à Gèze : Pour que vivent les Puces

Billet de blog
le 13 Oct 2023
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“On a plus de chances de devenir riche en faisant les poubelles qu’en jouant au loto !”*

Dans les allées du Marché aux Puces de Marseille, les récits de trésors retrouvés dans des poubelles sont nombreux. Qu’elles soient le fruit de hasards heureux, ou au contraire de recherches consciencieuses, les découvertes faites en soulevant un couvercle de conteneur peuvent surprendre celui ou celle qui n’y imagine qu’un amoncellement de déchets sales et sans valeur.  Les habitués des poubelles le savent, quand on cherche, on ne sait pas sur quoi on va tomber, mais on trouve toujours quelque chose à récupérer et à revendre par la suite. Les histoires les plus spectaculaires qui se racontent aux Puces font par exemple état d’une sacoche pleine de billets dont on se figure qu’un trafiquant l’aurait cachée là avant un contrôle policier, ou bien d’une boîte remplie de bijoux en or, jetée probablement à la suite d’un décès ou d’un divorce. Parfois, il est question d’électroménager quasi-neuf, de vêtements de marque en parfait état ou encore de matériel hi-fi à peine utilisé, dont on peut tirer un bon prix à la revente. Bon, il est vrai que cela ne se passe pas toujours comme ça, et il faut bien rappeler que même s’il existe nombre d’histoires -dont on ne sait exactement si elles tiennent de la légende urbaine ou de l’expérience vécue et transmise- aucune ne relate pour autant la vie d’un pucier s’étant enrichi à millions grâce à son activité. Faire les poubelles pour revendre une partie de leur contenu, c’est un travail de gagne-petit. Mais cela permet tout de même de survivre, voire de vivre pour les mieux lotis des récupérateurs, et de le faire de façon indépendante. Depuis les chiffonniers du 19e siècle qui se rassemblaient sur le parvis de l’ancienne église Saint-Martin dans les vieux quartiers jusqu’aux vendeur.ses qui s’installent chaque jour à Noailles et le long du boulevard Capitaine Gèze, les déchets dont on sait qu’ils sont produits en masse trouvent une seconde vie, et forment ainsi une économie à part entière, recréant de la valeur à partir d’objets dont certain.es s’étaient dit en les jetant qu’ils n’en avaient plus.

Les puces vivent, et les bennes, les patrouilles et même la Française des jeux n’y changeront rien.

 

*Propos de l’illustre Momo lui-même, brocanteur, chineur, pucier, artiste, et ami.

 

 

(Ce texte est déjà paru dans le numéro 4 de la Gazette du Ruisseau, consacré à la question des déchets autour du fleuve côtier Caravelle-Aygalades.)

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