Catherine Ponçon, agricultrice d’aujourd’hui et de demain
Catherine Ponçon, agricultrice d’aujourd’hui et de demain
Dans un contexte où de nombreux villages de la Région Sud se confrontent au défi du renouvellement des générations d’agriculteurs, Catherine Ponçon incarne une agriculture moderne et pragmatique. À 34 ans, elle est désormais à la tête de l’exploitation familiale dans laquelle elle a grandi. Pour le plus grand bonheur de ses parents.
« On a eu de la chance que je reprenne l’exploitation. Beaucoup de collègues savent déjà qu’ils n’auront pas de repreneurs. C’est très dur de transmettre son exploitation à quelqu’un… Déjà qu’en famille, c’est parfois compliqué, alors à quelqu’un d’autre, je n’imagine pas… » Catherine Ponçon est agricultrice à Salon-de-Provence. Quand on parle de son métier, la question du renouvellement des générations arrive vite sur la table. En effet, d’après le ministère de l’Agriculture, plus de la moitié des exploitations en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont dirigées par des agriculteurs de plus de 55 ans. Une profession vieillissante où un coup de jeune est nécessaire.
Être sa propre cheffe
Avant de prendre le relais de son père dans son maraîchage bio en 2020, la jeune agricultrice a accumulé de l’expérience, sous son aile d’abord, puis en toute indépendance. « J’ai été diplômée en 2009 d’une licence professionnelle d’agriculture biologique » explique-t-elle avec fierté. « J’ai ensuite été salariée de mon père mais cela ne m’a pas plu, je voulais être ma propre cheffe. J’ai donc créé mon exploitation en 2013. Puis en 2020, mon père a enfin décidé de prendre sa retraite et je l’ai remplacé à la tête du maraîchage. » Un passage de relais naturel, dans la plus grande tradition familiale. Cependant, Catherine Ponçon veut innover, en rompant notamment avec certaines pratiques agricoles
« Le bio, c’est une évidence »
Agriculture bio ou conventionnelle ? Catherine Ponçon ne s’est jamais vraiment posé la question tant le choix coule de source. « Le bio, c’est une évidence. Je n’ai jamais appris à travailler en conventionnel. Ce serait une façon de gagner dix fois mieux ma vie, mais pour moi, ce n’est pas ça l’agriculture » revendique la salonaise.
Elle résume d’ailleurs très simplement sa pratique et sa vision de l’agriculture : « produire local pour consommer local. » Elle ajoute : « Mais si c’est pour importer des intrants chimiques de je ne sais où, cela ne sert à rien. ». L’agricultrice utilise par exemple la technique du paillage dégradable qui consiste à recouvrir les sols de matériaux biodégradables pour en améliorer leur qualité et faciliter ainsi la pousse des végétaux.
De manière plus globale, Catherine Ponçon soigne l’ensemble de sa chaîne de production. Elle fait malheureusement face à plusieurs obstacles. « Je fais un travail de recherche pour connaitre les méthodes des employés qui fabriquent mes produits » assure-t-elle. « Mais je me heurte souvent au secret industriel qui est très présent dans ce milieu. » Pas facile pour elle de faire évoluer les mentalités, même si l’agricultrice a sa propre vision : « ce qui compte c’est d’aborder le travail de façon différente. Certains des précurseurs sont vieux et implantés, d’autres sont des néo-ruraux. » Une tâche d’autant plus ardue dans un milieu très masculin.
Une lente féminisation
Catherine Ponçon a aussi vu, depuis une dizaine d’années, l’évolution de la place de la femme dans le métier. Si elle concède que les choses bougent doucement, elle explique que la profession revient de loin. « Quand j’ai créé mon exploitation, je faisais téléphoner mon père ou mon frère pour avoir une réponse plus rapide de certains organismes » se confie-t-elle. « Les gens trouvent les femmes moins crédibles pour gérer une exploitation agricole, et le problème, c’est que même les femmes sont comme ça dans ce métier. »
Les chiffres du ministère de l’Agriculture montrent cependant une évolution dans le secteur avec de plus en plus de femmes à la tête d’exploitation : 37% des installations après 2010 ont des femmes comme cheffes d’exploitation contre 24% avant 2010. « Les nouveaux arrivants sont plus souvent des femmes en effet, mais beaucoup d’agriculteurs âgés ont pour habitude de basculer la société au nom de leur femme » relativise Catherine Ponçon, souvent pour des questions d’héritage. « Pour changer l’inconscient collectif, il faudrait peut-être faire des journées portes ouvertes pour montrer que les femmes peuvent gérer des exploitations. La démonstration par l’exemple, c’est une bonne chose, non ? »
Martin Cribier et Jocelyn Gouriou
La rencontre Connaissance du territoire sur le thème du renouvellement des générations d’agriculteurs en région PACA s’est tenue le 8 décembre 2022 à l’École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille.
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