Barcelone 1992, Marseille 2013, pas le même air

Voilà un billet que j’ai en tête depuis longtemps… tout le monde connaît maintenant mon catalanisme latent, ma passion pour Barcelone et l’intérêt que j’ai pour la communication des villes en général. Je vous propose aujourd’hui une (courte) analyse comparée des “hymnes” de deux évènements internationaux ayant eu lieu, un à Barcelone, et l’autre à Marseille. A ma droite “Barcelona” par Freddie Mercury et Montserrat Caballé pour les JO de 1992, à ma gauche, “export import” de Gari Gréu et Flavia Coelho.

Peut-on comparer les deux ? Apriori oui, bien que les évènements soient différents, ils ont tous deux choisi la musique pour s’incarner, l’ambition n’a rien à voir (d’un côté on est mondial, de l’autre européen voire français) mais c’est dans les deux cas une ouverture vers les autres. Du coup, c’est un bout d’elle-même que les villes ont mises dans ces chansons, et c’est intéressant (enfin je crois) de voir ce qu’elles aiment montrer d’elles.

Que nous dit Marseille à travers Gari Gréu et Flavia Coelho ?

[http://www.youtube.com/watch?v=JL7tpRbgEwE]

C’est d’abord l’histoire d’un accueil, d’une rencontre entre deux musiciens différents, qui se retrouvent à Marseille. On voit dans le clip qu’ils font un petit tour, et puis ils jouent de la guitare au milieu de gens, on est dans le partage, dans un esprit très Fiesta des Suds… Marseille nous dit que “toutes les couleurs du monde” s’y retrouvent, qu’on se prend pas la tête, le rythme est simple, convivial.

Le Port est évidemment omniprésent, export – import, même si ce n’est plus par lui qu’on arrive. Il est central dans l’histoire : on y revient souvent mais on voit aussi le marché de Noailles, les graph’ du Cours Ju etc… Et puis il y a le partage, au centre de l’histoire :  “échangeons toutes nos couleurs”, “donne moi de ce que tu as je te donnerai tout ce que j’ai”, “vive le trafic”…

Marseille nous dit qu’elle accueille tout le monde, qu’on fait la fête simplement autour du grand port, sans chichi. D’ailleurs, la ville ne se met pas trop en avant, on entend son nom vite fait, vers la fin.

En contraste, que nous disait Barcelone en 1992, à travers Freddie Mercury et Montserrat Caballé?

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=IHRd0R-uKHc]

Déjà, tout commence par une intro complètement folle lors de laquelle le nom de la ville, chanté quatre fois par un choeur façon Bohemian Rhapsody, et conclu par un “viva” ! La musique est très solennelle, la voix de la soprano en rajoute, les cloches aussi…

On nous parle d’un rêve qui devient réalité, d’une rencontre, “la première”. Mais aussi d’une rencontre qui coupe le souffle (“The moment that you stepped into the room / You took my breath away”), une union divine (oui, la mention à Dieu est explicite).

Et cette rencontre rêvée devient évidente, un amour naît (“nace un gran amor”), celui de la ville avec le visiteur ? Barcelone, cet horizon si beau, ce bijou, comment pourrait-on ne pas en tomber amoureux ? Finalement, c’est à son couronnement que nous invite Barcelone, à la façon de celui de Zadok de Haendel, sous les yeux de Dieu, comme une mise en garde aux visiteurs ayant prévu de venir : une fois là, vous ne voudrez plus partir, une ville géniale est née, vous ne vous en remettrez jamais. Conclusion : Viva Barcelona !

Et tout ça, sans aucun complexe, comme une évidence. Effectivement, 1992 était un couronnement pour la capitale catalane, beaucoup plus que 2013 l’est pour Marseille. Ici, nous serions plutôt à un début, pas encore assez sûrs de nous pour ne pas trouver ridicule qu’une chanteuse d’opéra et une star du rock chantent “Vive Marseille !” sur un air de couronnement.

Mais après tout, faut-il nécessairement se comparer ? Et combien de barcelonnais regrettent aujourd’hui de ne plus être dans cet espèce d’accueil sans manières aucune que communique Export-Import ?