À PROPOS DU BUDGET PARTICIPATIF
Du 31 août au 3 novembre, les Marseillaises et les Marseillais sont appelés à choisir les projets qu’ils jugent devoir figurer dans le budget de la ville. Il s’agit d’un « budget participatif ».
Qu’est-ce qu’un budget participatif ?
Tandis que les budgets sont préparés et adoptés par les instances délibératives des institutions concernées (en l’occurrence le Conseil municipal et les Conseils d’arrondissements), le principe du budget participatif et de faire « participer » les habitantes et les habitants à l’élaboration du budget et à son adoption. Cela a deux buts : sensibiliser les citoyens à l’importance de la question du budget et leur faire assumer une part de la responsabilité politique majeure de la question budgétaire. Par ailleurs, le principe du budget participatif est de mettre en œuvre un véritable dialogue entre celles et ceux qui vivent dans la ville et les institutions chargées d’organiser leur vie quotidienne dans la cité, afin de donner plus d’existence au dialogue entre les élus et entre les citoyens et de motiver davantage ces derniers pour s’impliquer dans la politique de la ville. Le budget participatif vise à sortir la politique urbaine de la tour d’ivoire des conseils élus et d’associer les citoyennes et les citoyens à une délibération réelle. « J’ai souhaité donner la parole aux Marseillaises et aux Marseillais », explique le maire, B. Payan, et « leur permettre de choisir par eux-mêmes des projets pour leurs quartiers ». En reposant sur la participation des habitants concernés, un tel budget vise à ce qu’ils s’approprient la politique décidée par les instances délibératives de la municipalité et qu’elle ne leur soit pas imposée par les pouvoirs. Un budget participatif constitue une sorte d’aboutissement des politiques de la ville élaborées et mises en œuvre depuis une cinquantaine d’années dans les villes de notre pays, mais il s’agit aussi de faire en sorte que la citoyenneté marseillaise soit une citoyenneté active et non une citoyenneté obéissante. Peut-être s’agit-il, d’ailleurs, de mettre en œuvre une véritable politique urbaine de gauche, fondée sur la solidarité et sur l’engagement des habitantes et des habitants, afin qu’habiter la ville constitue, ainsi, en soi, un acte politique : il s’agit de rendre tout son sens à la notion même de citoyenneté.
La première édition du budget participatif
La première édition du budget participatif concerne trois secteurs de la ville : le second secteur (2ème et 3ème arrondissements), le septième (13ème et 14ème arrondissements) et le huitième (15ème et 16ème arrondissements). Une deuxième édition sera organisée, concernant les autres secteurs (Rappelons qu’à Marseille, les huit secteurs désignent des couples de deux arrondissements). Chaque secteur dispose d’une enveloppe de 500 000 euros, et les habitants donnent leur avis sur les projets à financer, dans une liste de 45, choisis dans un ensemble de 900 idées qui avaient été soumises par les habitantes et les habitants au cours de la première consultation organisée dans ce but, de novembre 2023 à janvier 2024. Il existe aussi des projets « inter-secteurs » concernant l’ensemble des arrondissements. Les projets retenus pour être soumis au vote s’inscrivent dans quatre domaines : sport, culture, nature en ville et solidarité. Cela permet de mieux situer les domaines considérés par la municipalité comme devant s’ouvrir avant les autres au débat public et au choix des habitants. Les premiers projets (dont on peut consulter la liste sur le site de la Municipalité (https://www.marseille.fr/mairie/actualites/budget-participatif) concernent des aménagements de sites comme des places, des aires de jeux ou des parcs, l’organisation d’activités sportives ou des décorations et des œuvres d’art comme des fresques destinées à orner des lieux ou des monuments. Il s’agit, enfin, de projets concernant des activités d’entraide et de solidarité comme des aménagements de site de convivialité.
Les limites de cette procédure
Il est important de chercher ainsi à motiver les habitantes et les habitants de la ville dans leur cité, de leur faire retrouver une véritable implication. Par ailleurs, un tel « budget participatif » donne la parole à celles et ceux qui habitent Marseille, alors qu’ils ne l’ont sans doute pas assez dans les espaces politiques de la ville. On peut toutefois relever trois limites à cette initiative. La première limite est celle des domaines concernés. Le budget participatif ne concerne que quelques domaines et certains domaines lui échappent alors qu’ils sont très importants : je pense, notamment, à l’organisation de la santé publique ou de la politique de l’éducation dans la ville ou à la question des transports. Une seconde limite concerne les modalités de la participation citoyenne à cette élaboration du budget municipal. Nous en sommes à des choix dans des listes, ce qui tient davantage à un « catalogue » d’idées qu’à une véritable participation à l’élaboration du budget. C’est un véritable débat public qu’il faut organiser, mieux qu’il ne l’a été lors de cette première édition. Des méthodes doivent être élaborées pour implique encore davantage les habitants. Enfin, des projets comme « protégeons notre biodiversité » sont essentiels, mais il n’est pas sûr que les moyens, notamment les moyens politiques suivent la contribution des habitants à l’élaboration du budget participatif. Il est à craindre que, sans être soutenue par de véritables pouvoirs, une telle logique participative de l’élaboration du budget ne se réduise à un effet d’annonce. Si le budget participatif devait se pérenniser – ce qui est souhaitable – et afin de mieux encore sensibiliser l’opinion à cette idée, sans doute conviendrait-il d’élaborer une véritable évaluation de cette première édition et de penser d’autres domaines concernés, afin – pourquoi pas ? – que l’ensemble du budget de la municipalité fasse, de cette manière, l’objet d’un budget participatif. Il y a là une véritable transformation des logiques de la politique municipale à élaborer, et, si cela ne peut assurément se mener en une seule édition, il importe que les institutions et les acteurs de la politique municipale s’engagent pour la suite.
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