A Vitrolles, le curé a les pieds dans l'eau
A Vitrolles, le curé a les pieds dans l'eau
Le prêtre de Vitrolles, dans l'eau jusqu'aux genoux donne la bénédiction à ses ouailles, en maillot sur la plage, indifférents à l'aileron de requin qui s'approche dangereusement. Au loin, sur des berges paisibles, les cheminées des usines de Berre crachent leurs fumées toxiques. Ce tableau irrévérencieux est une photographie, signée par l'artiste allemande Kristine Thiemann et tirée de son livre A Vitrolles, publiée aux éditions Wilproject.
Pendant de longs mois la photographe s'est immergée dans le quotidien des Vitrollais, dans le cadre du projet Metropolen, qu'elle a imaginé, afin de mettre en scène les communes mal aimées. Celles qui sont à l'ombre de grandes métropoles, où que "l'on remarque à peine en passant sur l'autoroute", raconte notre invitée. "Metropolen, c'est le pluriel de métropole en allemand" ajoute-t-elle. Auparavant, Kristine Thiemann est partie à Norderstedt, sa ville natale, à l'ombre de Hambourg, puis à Maromme (Rouen), à la Benauge (Bordeaux), Vitrolles (Marseille) et en ce moment à Saint-Ouen (Paris).
Durant son séjour en résidence à Vitrolles en 2012, Kristine Thiemann a réalisé "des castings sauvages dans les marchés, dans les rues" avec les habitants, écouté leurs histoires, afin de les mettre en scène et de retenir dix-sept clichés burlesques et humoristiques. Ce travail de terrain l'a changé de son travail habituel de photographe de mode. Dans le livre, véritable journal de bord, elle écrit d'ailleurs que "c'est agréable de travailler avec des gens normaux". "Là, on cherchait des histoires. Dans le casting, on demandait aux gens des détails sur leur vie, leur habitat. Une personne a écrit, par exemple, qu'il habitait dans un mobile-home et qu'en face de chez lui, il y avait un lama".
Surtout, ce qui a marqué Kristine Thiemann, c'est la fierté des Vitrollais. Qu'assurément elle comprend, puisqu'elle-même est tombée sous le charme de la ville : "Je suis tombée amoureuse de ce lieu, où il y a plein de choses à voir, comme le plateau de l'Arbois, la mer de Berre… Ou le grand rocher, qu'on voit de l'avion. C'était là où j'habitais". Ville perdue au milieu de l'autoroute ou non, lorsque les habitants en parlent, "ils ont les yeux qui brillent".
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