A Marseille, “les gymnases pires que les stades“
A Marseille, “les gymnases pires que les stades“
47. C’est le nombre actuel de gymnases à Marseille, qui devrait passer à 58. Par quel miracle ? Évidemment grâce à un nouveau plan de la mairie. Pour Richard Miron, adjoint UMP délégué aux sports, ces différents plans permettent de donner “une orientation“ à la politique sportive de la ville. Et de rajouter assez fièrement, “jusqu’à il y a 3-4 ans on répondait à la demande au coup par coup“ aujourd’hui la mairie se targue d’avoir “un schéma directeur“. Un plan gymnases qui comme les précédents (piscines, stades) n’est pour Pascal Chamassian, conseiller municipal chargé des sports au PS, qu’“un nouveau document de communication“ via lequel “M. Miron fait des contorsions”.
Il faut dire qu’en terme de méthode, même si l’étude commandée à l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) est rigoureuse et précise clairement les manques et les besoins en infrastructures à Marseille, la municipalité s’est contentée le 19 mars d’“approuv[er] les orientations […] du plan gymnases“. Autrement dit, comme les précédents, le plan gymnase ne prévoit pas d’échéancier et ne s’est donc imposé aucune contrainte en terme de temps et de réalisations. La question des prévisions budgétaires est elle aussi éludée.
De bonnes intentions certes… mais en pratique encore “des travaux au coup par coup“ comme finit par l’admettre Richard Miron. Difficile à suivre et à évaluer. “Nous allons essayer au fil des années de tout réaliser“ explique-t-il. Le risque : que les rénovations continuent à être conduites de manière moins cohérentes qu’un véritable plan pourrait le permettre.
“On ne va pas faire sauter des immeubles”
Le diagnostic du plan est clair. Près de 20 000 licenciés de sports en salle se partagent les 47 équipements municipaux. L’Agam liste trois axes de travail : remettre à niveau l’existant, rattraper le déficit d’équipement en centre-ville et dans le sud et anticiper l’évolution de la ville. Le centre-ville est particulièrement mal loti : moins d’un gymnase pour 10 000 habitants. Richard Miron se dit conscient du manque, mais explique qu’“on ne va pas faire sauter des immeubles“ pour construire des gymnases dans un centre ancien et dense. Pourtant, le diagnostic de l’Agam, dont la synthèse a été endossée par le conseil municipal, explicite que “le centre-ville doit être considéré comme un secteur prioritaire pour la création de nouveaux équipements“.
La solution selon l’adjoint au maire est de favoriser la “multi-activité des gymnases“ sans céder “aux modes“. C’est-à-dire, lorsqu’on écoute l’élu, de se concentrer sur le foot en salle. Les handballeurs ou basketteurs seront ravis d’apprendre que leur sport n’est pas à la mode – le basket est le sport en salle le plus pratiqué à Marseille… Les arts martiaux malgré 10 000 adhérents restent des parents pauvres. Des sports pour lesquels les fédérations appliquent des “numerus clausus” par manque de créneaux dans les gymnases, explique Maxime Vitalis de l’Agam.
Besoins d'”interventions lourdes”
Mais l’Agam préconise surtout des rénovations et des constructions. Son rapport souligne que “près de la moitié des gymnases nécessitent une intervention lourde“. La moitié du parc a été construit avant 1976, ce qui nécessite pour l’opposition “un effort budgétaire”. Dans ses conclusions, le rapport espère aussi à terme que la ville puisse “proposer une offre nouvelle qui hiérarchise les gymnases“ afin de rendre plus cohérent leur utilisation. L’objectif préconisé par l’étude : 10 gymnases “références“ pour accueillir des compétitions importantes, 16 gymnases intermédiaires, multisalles pour les compétitions départementales ou régionales et 24 gymnases de proximité pour l’entraînement. Ce qui implique sur le long terme la construction de six nouvelles structures (Charpentier, Zac Saint-Charles, Zac Nord Euroméditerranée, gymnase rue Callelongue, Rose Rollandin, Malpassé).
“Marseille n’est pas une ville sportive“
Aujourd’hui, le constat des associations sportives est plutôt pessimiste. “C’est pire que pour les stades, regrette Robert Lupi, le responsable des sports universitaires d’Aix-Marseille. Le plus compliqué : les sports collectifs, surtout dans les 8e, 9e et 10e arrondissements”, insiste-t-il. Le problème de Robert Lupi est facilement résumable : trouver des gymnases pour les étudiants le soir. Le peu de transports en commun en soirée complique cette recherche. “A part l’OM, le cercle des nageurs et la pétanque, la mairie ne s’intéresse pas au sport“, se plaint Robert Lupi.
“Malheureusement il n’y a pas de sport pour tous, confirme Céline Péron, présidente du comité régional de gymnastique. Les clubs se plaignent du manque de créneaux“. Avec 1400 licenciés et 200 nouvelles adhésions cette année, l’Agam estime que la gymnastique est un sport “très bien implanté“ à Marseille. Mais suite à l’incendie qui a détruit le gymnase de la Verrerie ainsi que celui des Sabliers, il ne reste aujourd’hui que 5 structures spécialisées. Limite pour l’entraînement, surtout dans les quartiers Nord et Sud. Et totalement inadapté pour accueillir des compétitions.
Pour la rencontre départementale de gymnastique rythmique organisé à La Capelette “on a failli évacuer le gymnase pour des questions de sécurité“, raconte Céline Péron. La deuxième ville de France n’étant même pas capable d’organiser des championnats régionaux, et le dernier championnat de France accueilli par Marseille date de 2001. Un problème qui finalement n’est pas propre à la gymnastique affirme Pascal Chamassian : “Que ce soit en athlétisme, en natation ou en gymnastique, Marseille est incapable d’organiser des évènements nationaux ou internationaux“.
Les scolaires aussi touchés
Même scepticisme du côté des collectivités partenaires, gérées par la gauche. Vice-président du conseil régional chargé des lycées et conseiller municipal d’opposition, Jean-Marc Coppola (PCF) dénonce la participation “aberrante“ (30 millions d’euros) demandée par la mairie pour les travaux du stade Vélodrome. Finalement, c’est un partenariat de 20 millions qui a été conclu, prévoyant 8 millions pour les équipements sportifs de la ville. “Nous allons suivre de très près la traçabilité de cet argent“, assure-t-il.
La conseillère générale Janine Ecochard soulève elle la difficulté des collèges non équipés par manque de place à trouver des gymnases : “On loue – cher – à la commune des créneaux horaires mais on a des difficultés, beaucoup de gymnases sont fermés, il faut parfois que les élèves se déplacent loin.“
Alors quand Richard Miron lui demande – dans la lignée d’un des axes préconisés par l’Agam (le développement des coopérations avec les collèges et les lycées) – un effort, elle répond : “Nos équipements sportifs ne sont occupés que la moitié de l’année. On a donc eu le souci d’ouvrir les équipements, on s’efforce de construire en bordure de terrain pour faciliter l’accès aux clubs.“ Néanmoins, les principaux n’ont aucune obligation d’ouverture de leurs structures, dont ils sont responsables juridiquement. Sur 30 collèges qui disposent d’infrastructures sportives, 17 ouvrent leurs portes hors temps scolaire. Et de rajouter fermement, “ce n’est en aucun cas substitutif au fait que les collectivités doivent construire les équipements nécessaires.“
Commentaires
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Merci pour ces articles sur le désintérêt total de la ville pour les équipements sportifs … Je ne peux plus aller à la piscine depuis 3 ans que j’habite ici …
HORS SUJET : Arrêtez vos sondages ! Mettre deux réponses est déjà assez limitatif, mais alors en mettre deux aussi précises que vous le faîtes n’a AUCUN sens ! On peut avoir envie de voter ” oui ” sans pour autant partager VOTRE seul et unique argument … Je vous conseille de lire un petit Bourdieu !
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Avant d’en refaire d’autres, remettre en état ceux qui existent déjà
c’est une honte losque nos locaux doivent recevoir des visiteurs!!!!!
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Merci, il faut le savoir !
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“ce n’est en aucun cas substitutif au fait que les collectivités doivent construire les équipements nécessaires.
Mme Ecochard aurait tout intérêt à élever le débat. La question de la mutualisation des équipements sportifs des colléges, écoles et lycées est complètement d’actualité. On ne peut pas multiplier les structures sportives (une pour un collège et une à coté pour la Ville.) Il s’agit d’une question d’économie d’argent public. Il faut trouver les solutions architecturales et de responsabilité pour arriver à ce qu’un équipement soit utilisé au maximum de ces capacité.
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Peu de gymnases, pratiquement pas de piscine, mais une patinoire à Marseille et un stade qui se couvre! Pourrait -on faire une évaluation de ce que coûte (a couté) le stade et ce qu’il rapporte à la ville (donc aux marseillais) pas aux vendeurs de sandwich et de bière!!!Si cette étude était publièe on aurait peut-être une grosse surprise !
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