À Marseille, la Ville n’a toujours pas réduit la liste des courses de rentrée en primaire
Pour cette rentrée 2022, l'inflation impacte le prix des fournitures scolaires et donc le budget des familles. Mais aussi celui des établissements scolaires alors que la dotation de la Ville par élève ne bouge pas depuis des années.
Avec des budgets restreints, le choix des fournitures scolaires se complique . (Photo : ML)
Ce jeudi 1er septembre, 79 000 enfants font leur rentrée dans les 470 écoles primaires de Marseille. Sur leur dos ou traîné derrière eux sur des roulettes, les minots ramènent autant de cartables remplis de cahiers et stylos. Mais aussi parfois de ramettes de papier pour les enseignants. Les parents se sont en effet cassé la tête ces derniers jours pour trouver tout le matériel demandé par les établissements scolaires pour le jour J. Et bien souvent, ils ont également dû casser leur tirelire pour le payer.
Officiellement, la démarcation est pourtant claire entre le matériel pédagogique fourni au titre de la gratuité de l’enseignement, consacrée depuis 1882, et ce qui peut être demandé aux parents. “La commune a la charge de toutes les fournitures à usage collectif. Celles qui sont destinées à un seul et même élève et restent sa propriété ne relèvent pas du principe de gratuité”, résume la Cour des comptes dans un rapport de 2008.
Ainsi, l’État laisse aux villes la mission d’acheter pour les écoles de leur secteur les manuels scolaires ou encore les fiches d’exercices. Les municipalités versent pour cela une somme sous forme de dotation aux établissements. À Marseille, elle varie de 38 à 42 euros par élève en fonction de la localisation de l’école en réseau d’éducation prioritaire (REP) ou non. En 2011, une étude du syndicat enseignant SNUipp-FSU évaluait la moyenne nationale à 45 euros. “Avec ce forfait on essaie d’acheter tout ce qui est matériel collectif et demander le minimum aux familles, confie une enseignante lors de sa pré-rentrée. Mais il nous arrive de demander une ramette de papier par exemple c’est vrai.”
Ce geste, devenu une habitude pour les parents, était déjà il y a plusieurs années le symbole d’un manque de moyens dans les écoles publiques marseillaises. Mais, pour la rentrée 2022, la situation devient encore plus alarmante. “Le pack de cinq ramettes de papier a pris plus deux euros entre janvier et juillet, explique la professeure. Quand on doit commander six ou sept cartons, ça commence à faire une différence”. “Cela nécessite un travail avec les familles et les enseignants, comme pour tout ce que nous faisons, car des habitudes ont été prises”, commente Pierre Huguet, adjoint délégué aux écoles.
La dotation ne connaît pas l’inflation
On doit bricoler pour mettre en œuvre notre pédagogie.
Virginie Akliouat, SNUipp-FSU 13
Une quarantaine d’euros par élève pour tenir l’année, “ce n’est pas suffisant, affirme Arnaud Dupleix de la Fédération des conseils de parents d’élèves du département (FCPE13). Avec l’inflation, il faut plus, car sinon il va y avoir des restrictions.” L’association des parents d’élèves de l’enseignement public des Bouches-du-Rhône (MPE13) partage ce constat. “Au fur et à mesure, les établissements ont bien vu que les familles avaient du mal à fournir tout le matériel, indique Séverine Gil de MPE13. On aimerait que ce forfait soit ajusté à l’inflation”. “Chaque enseignant s’est retrouvé à devoir faire des choix dans l’achat de ses fournitures scolaires pour cette rentrée, déplore Virginie Akliouat, secrétaire départementale du syndicat des professeurs des écoles SNUipp-FSU 13. Les prix ont explosé, mais le budget de la municipalité lui n’a pas bougé.”
Plus précisément, la dotation par élève n’a elle pas bougé, et ce depuis des années. Des budgets annexes ont toutefois augmenté, comme l’aide pour les classes maternelles pratiquant l’apprentissage d’une langue vivante étrangère, celle des unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS), qui prévoient un dispositif spécifique pour les élèves en situation de handicap, ou le forfait pour la création d’un établissement. “Nous avons aussi étendu le bonus pour les REP aux écoles dites “orphelines”, qui relèvent de l’éducation prioritaire par leurs caractéristiques sociales mais n’y sont pas intégrées. Le forfait de base n’a pas bougé mais au final cela fait + 20% sur le budget global pour atteindre 3,8 millions d’euros”, défend l’adjoint délégué aux écoles Pierre Huguet.
Mais ces mesures sont insuffisantes pour les professeurs et parents d’élèves. “Ce forfait nous permet tout juste de fonctionner, on doit bricoler pour mettre en œuvre notre pédagogie, critique Virginie Akliouat. Ce sont les capacités des écoles qui en pâtissent.” Des systèmes alternatifs de solidarité se mettent alors en place. “Il y a une volonté de la part des enseignants d’essayer de peser le moins possible sur les familles, explique le SNUipp-FSU 13. Mais on ne va pas pouvoir continuer comme ça indéfiniment.” Les écoles réutilisent au maximum le matériel déjà existant, quand il n’est pas trop usé, et mutualisent les ressources entre les classes. Les professeurs s’organisent aussi pour distribuer les fournitures qui n’ont pas servi aux parents les plus en difficulté sous forme de pochette à utiliser pour la rentrée suivante.
“Dans les quartiers les plus favorisés, certains établissements préfèrent garder l’argent de la dotation pour acheter des équipements supplémentaires et rallonger la liste aux familles”, précise Séverine Gil de la MPE13. Face à ce constat, l’organisation des parents d’élèves demande : “Est-ce qu’il ne faudrait pas que la municipalité donne une liste de fournitures fixes pour les enseignants et pour les enfants harmonisée au niveau de la ville ?”. Au vu des disparités entre liste des fournitures pour un même niveau, on imagine la levée de boucliers des enseignants…
Une gratuité totale demandée
Le collectif des écoles de Marseille lance depuis plusieurs jours des appels sur les réseaux sociaux pour demander la gratuité totale des fournitures scolaires, comme elle est appliquée depuis la rentrée 2021 à Lille. “On s’attendait à ce que cela soit le cas à Marseille”, regrette le collectif. Dans les collèges des Bouches-du-Rhône, le conseil départemental prend en charge une liste de fournitures dont le coût est évalué à une soixantaine d’euros, en plus du matériel pédagogique.
Un des arguments avancés par les parents d’élèves dans ce combat est la baisse des contributions aux écoles privées suite à une action en justice. Pierre Huguet avait annoncé lors du conseil municipal du 29 juin une contribution hauteur de 13 millions d’euros. La délibération de 2019, cassée par le tribunal administratif, proposait 2 millions de plus. “On aurait pu s’attendre politiquement et symboliquement que ce gain soit reporté sur les fournitures scolaires des établissements publics, mais il n’en sera rien”, reproche le collectif des écoles de Marseille. Pierre Huguet fait savoir à La Marseillaise que c’est “une piste sur laquelle la mairie va travailler”.
Actualisation le 1er septembre 2022 à 18 h 50 avec les explications de Pierre Huguet, qui avait pas souhaité répondre avant la rentrée
Commentaires
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J’ai une suggestion à faire pour économiser le papier : arrêter de travailler sur des photocopies recto qu’on colle ensuite dans un cahier qui ne sert qu’à ça ; imprimer les fiches d’activité recto-verso et les ranger dans un classeur.
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Les instit gèrent la pénurie… l’école publique est à l’abandon. Rappelons nous qu’il a fallu une pandémie pour que les enfants aient du savon pour se laver les mains dans les toilettes !
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Un écran plat pour chacun et basta!
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Papy votre serviteur , ancien élève de l’école publique d’un quartier et d’un lycée pas vraiment favorisé à l’époque avait comme tout équipement quelques cahiers, quelques feuilles, une plume et un pot d’encre,un crayon,un taille crayon,une gomme et une règle.Ensuite un Bic , progrès obligé et pas de calculatrice,tous les calculs à la main et même au Baccalauréat. les racines carrées étaient extraites à la main.
Tout ceci ne nous a pas empêché mes camarades et moi de réussir de très bonnes études dans classes à plus trente élèves.
Il faudrait un jour se poser les bonnes questions, enfin.
Alors effectivement, beaucoup de dictées,de calculs,pas de Wikipédia et peu d’activités ludiques.Mais les résultats étaient là.
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J’ai toujours pensé que c’était une mauvaise idée de laisser les parents infiltrés les établissements scolaires a un tel niveau rognant sur l’autorité des enseignants pour tout !
Que ces parents se chargent de donner une éducation correcte à leurs enfants, ce serait déjà bien ! Je rappelle que l’Ecole est chargée d’´enseigner, et de faire des élèves des citoyens éclairés et ni pas de leur apprendre à se laver les mains ou les dents par exemple.
Les parents peuvent contribuer à la vie de l’établissement de leur enfant, mais sans avoir ce pouvoir disproportionné qui induit certains comportements inappropriés de leur part. Maintenant que les profs aient besoin de tant de ramettes de papiers me laisse pantoise : ils les mangent ?
La totale gratuité est devenue le maître mot,, aucun de mes enseignants ni ceux de mes frères et sœurs, ni ceux de mon fils n’ont jamais demandé de telles choses!
Mais il est vrai que avec « ces pédagogies « , « ces projets innovants «, ´la doxa de l’épanouissement personnel « etc , notre enseignement national forme des élèves qui par exemple : en 4ème ont le niveau de 5ème de1995, qui à l’université ne savent pas faire la différence entre : une page et une feuille, qui pensent que la révolution française a eu lieu au moyen- âge, qui parviennent à faire 136 fautes d’orthographe et de grammaire sur un sujet de 4 pages …
Vive le vent !
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Ah oui, j’oubliais,mais cela est gros mot actuellement,la sélection.
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