À Cuges-les-Pins, 56% pour le Rassemblement national : “Les étrangers, ça dégage !”

Reportage
le 3 Juil 2024
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Nichée au pied de la Sainte-Baume, la bourgade de 6000 habitants a voté très majoritairement pour le Rassemblement national lors du premier tour des législatives anticipées. Dans cette petite ville où "l'on vit bien", entre détestation d'Emmanuel Macron, peur de "devenir Marseille" et rejet de l'immigration, les électeurs, à la parole très libérée, assument leur choix.

Cuges-les-Pins, 6000 habitants a massivement voté pour la candidature de la sortante Rassemblement national au premier tour des législatives anticipées, le 30 juin 2024. (Photo : C.By.)
Cuges-les-Pins, 6000 habitants a massivement voté pour la candidature de la sortante Rassemblement national au premier tour des législatives anticipées, le 30 juin 2024. (Photo : C.By.)

Cuges-les-Pins, 6000 habitants a massivement voté pour la candidature de la sortante Rassemblement national au premier tour des législatives anticipées, le 30 juin 2024. (Photo : C.By.)

Que se passe-t-il à Cuges-les-Pins? Rien. “Ici c’est très calme, tranquille. C’est un village un peu dortoir, mais sans histoire”, confirme Luc Grillo, cugeois depuis 45 ans. Il est un peu plus de 11 heures et, en cette fin de matinée qui lorgne vers la pause déjeuner, l’homme est allé faire quelques courses au Spar de la place Stanislas-Fabre, au cœur de cette bourgade d’environ 6000 habitants. Quelques Cugeois se croisent là, devant les panneaux électoraux où s’alignent encore les affiches du premier tour des élections législatives anticipées. Dans cette petite ville nichée dans la plaine, au pied de l’imposant massif de la Sainte-Baume, le 30 juin dernier, les électeurs ont choisi de voter à 56% pour Joëlle Mélin, la députée Rassemblement national sortante de la 9e circonscription des Bouches-du-Rhône. Pas Luc : “Moi, le RN ce n’est pas possible. Mais je vous confirme qu’ici, autour de moi, plein de gens l’ont fait. Par ras-le-bol, parce qu’ils en ont marre du macronisme.” 

Macron c’est Louis XVI, un jour peut-être qu’il se fera couper la tête, parce que la royauté, c’est fini !

Corinne, électrice RN

Ce rejet du président de la République et de sa politique comme moteur du vote d’extrême droite, ils sont nombreux à le revendiquer. Corinne Simon pousse une poussette d’où dépassent deux gambettes potelées, elle rejoint Marion, sa fille, qui l’attend à la pharmacie.“Macron c’est « je je je je», « moi moi moi » et « moi je». Macron c’est Louis XVI, un jour peut-être qu’il se fera couper la tête, parce que la royauté, c’est fini !”, lâche Corinne. Mère et fille viennent de s’installer à Cuges et se désolent de ne pas avoir eu le temps de faire leur changement sur les lites électorales. Toutes deux auraient voté RN.

Comme ailleurs dans le département, le parti de Marine Le Pen confirme avec ce scrutin son enracinement profond : 39,6% sur l’ensemble des Bouches-du-Rhône, contre 35,7% aux européennes. Les électeurs rencontrés à Cuges ne connaissent que rarement le nom de Joëlle Mélin, la sortante. L’étiquette RN a suffi : sur les 3110 inscrits, ils sont 1702 à avoir glissé un bulletin pour elle dans l’urne, contre 1100 au second tour des législatives de 2022. Loin derrière, Bernard Ougourlou-Oglou le candidat du Nouveau front populaire recueille 605 voix (19,9%).

“Effondrement social”

À quelques dizaines de mètres de la supérette, Frédéric (qui ne souhaite pas donner son nom de famille) est sorti jeter sa poubelle. Le quinqua fait de sa déception des partis “traditionnels”, la première raison d’un vote qu’il assume totalement. “Les politiques n’ont plus le désir de s’occuper du peuple, ils sont tournés vers leur réélection. Cahuzac repart en politique et Hollande revient ! Ils ne pensent qu’à leur petite personne”, s’irrite l’homme. Longtemps, dit-il, il a voté pour la gauche qui l’a déçu. “Ce qui arrive c’est grâce ou à cause d’elle, comme vous voudrez. Elle a précipité notre effondrement social. À ceux qui disent : avec le RN on va dans le mur, je réponds, moi, qu’on y est déjà.” Alors comme lui, sa famille et ses amis – “même des purs et durs de gauche” – ont voté RN, “en pensant aux générations futures.”  

Le village de Cuges-les-Pins. (Photo : C.By.)

Le bourg rural s’étire de part et d’autre de la départementale D8N qu’empruntent en vrombissant les motards aimantés par le circuit du Castellet, tout proche. Au gré des décennies le village, avec ses ruelles en pente et sa fontaine moussue qui glougloute, a gagné en logements et en habitants. Au noyau villageois se sont greffés villas, lotissements et programmes neufs plus ou moins réussis.

Les gens se sont mis à voter Front national. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’est quoi le problème, à Cuges ? Je n’en vois pas.

Alain, un habitant

À l’entrée du village, dans le quartier du Puits, les albizias en fleurs ondulent sous le vent et les piscines renvoient leur reflets bleutés sur les façades. Alain habite dans ce coin adossé à la colline. Le vote d’extrême droite qui, à Cuges, va se confirmant d’élection en élection, le laisse pantois. Sa famille, ancrée à gauche, vit là depuis les années 1970. “Avant il y avait les blancs et les rouges : les mecs de droite et les radicaux. Et cette antinomie n’était pas violente”, pose le retraité. “Et puis les gens se sont mis à voter Front national. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’est quoi le problème, à Cuges? Je n’en vois pas. Le problème il est dans leur tête.” Il décrit une délinquance inexistante et des problématiques sociales peu aiguës. Selon l’Insee, le taux de pauvreté était de 9% à Cuges en 2021, contre 15,6% au national et 26% à Marseille la même année.

Frexit et immigration choisie

Habitué à croiser le fer politique, Alain délaisse le village où, dit-il, il refuse de croiser “un habitant sur deux qui vote RN”. À ses yeux, le bourg a muté, au gré de cette importante poussée démographique qui l’a vu passer de 1000 habitants en 1960 à 6000 aujourd’hui. “Je ne comprends pas que des gens qui se sont endettés sur 20 ans pour acheter un terrain et y faire construire une villa, choisissent le racisme et la haine des autres au détriment de leur propre intérêt économique et social. Ça me dépasse”, analyse-t-il au regard du programme économique du Rassemblement national.

À Cuges-les-Pins, plus de 62 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale, selon les données de l’Insee en 2021. C’est le cas d’André. De son tote bag pour une marque de cosmétiques dépasse une baguette. Il a 75 ans, vit dans le centre de la bourgade depuis 5 ans, est propriétaire de son logement, et bénéficie “d’un niveau de vie confortable”, décrit-il. Il a voté RN le 30 juin dernier, “comme depuis plusieurs élections.” Il en convient, “le village est calme”. Puis précise: “On commence à avoir des vols, quand même, surtout l’été. Mais ça reste supportable.” Tee-shirt bariolé et short bleu, l’homme déroule : Macron est “un traître à sa patrie qui fait ce que les Américains et Von der Leyen [la présidente de la commission européenne, ndlr] lui ordonnent” et Mélenchon, “une honte d’être français”. André choisit d’abord l’extrême droite pour en finir avec des institutions qui sont, à ses yeux, à bout de souffle. Puis il évoque pèle-mêle les “3000 milliards de dette publique qui nous plombent”, “la nécessité absolue du Frexit pour se débarrasser de l’Europe” et “l’immigration qui devrait être choisie.” 

Il n’y a pas de problème d’immigration ici… pour le moment.

André, électeur RN

L’immigration. Le mot n’est pas toujours prononcé par les électeurs cugeois qui ont choisi Joëlle Mélin. Pourtant le sujet est là, tout le temps, implicite. “On vit en France, on s’adapte”, tranche André, qui “n’aime pas le voile et tout ça.” Y a-t-il beaucoup de musulmanes voilées à Cuges-les-Pins ? “Ah ben non”, répond-il d’un ton mi outré mi soulagé. “Il n’y a pas de problème d’immigration ici… pour le moment”, assure encore le septuagénaire. Il en veut pour preuve “les nouvelles constructions à l’entrée de Cuges. Particulièrement laides, elles risquent de concentrer l’immigration puisqu’il y a des logements sociaux.”

“Marseille c’est dangereux”

La zone d’aménagement concerté (ZAC) des Vigneaux, à Cuges : des résidences de trois étages en bord de la route, comme il en pousse un peu partout dans les Bouches-du-Rhône. Ni plus jolies ni plus moches qu’ailleurs. Deux cents habitations, dont 40 % de logement social. Un véritable épouvantail planté au beau milieu de la plaine. “On n’a pas envie que ça devienne le 15e arrondissement de Marseille”, gronde Valérie, 51 ans. La terrasse du Bar des sports est pavoisée de fanions tricolores, la dame s’apprête à y déguster un risotto. La quinquagénaire, robe de coton blanc et lèvres repulpées, se présente comme comédienne. Elle vit là depuis 2 ans : “J’ai habité Marseille, c’est devenu dangereux. J’ai fui cette ville, c’est pas pour me retrouver avec la même population.”

Dans le centre ancien de Cuges-les-Pins. (Photo C.By.)

À quelques dizaines de mètres de là, dans le cœur du centre ancien, Bernard Bisio arrose les fleurs devant chez lui. L’espace forme une placette coquette. Il a peint un gros banc en fer en bleu blanc rouge. “Pas par racisme mais pour la Coupe du monde de foot d’il y a quatre ans”, précise-t-il. Dimanche dernier, il a voté pour Reconquête, le parti d’Eric Zemmour (1,6% à Cuges). Sa femme et sa fille ont choisi le RN. Il dit vouloir envoyer un “signal” : “Vous voyez quand une tempête arrive, on se calfeutre, on ferme ses portes et ses fenêtres. Eh bien là, c’est pareil.” L’homme de 70 ans pointe surtout une “violence” qui s’aggrave, selon lui : “La violence d’aujourd’hui, elle n’appartient pas à notre continent. Ce n’est pas forcément péjoratif pour les Maghrébins ce que je dis, mais les couteaux, les armes, l’Européen ne peut pas être comme ça.” Lui aussi a vécu à Marseille, puis s’est installé ici.

“Direct au bled, hop!”

Un argumentaire similaire est porté par Bernard Destrost, le maire sans étiquette de la ville que le vote majoritaire pour l’extrême droite “ne surprend pas du tout”. “À Cuges, on vit bien”, se félicite d’emblée l’édile. Parmi les nouveaux Cugeois “beaucoup viennent des grandes villes et ont peur que les problèmes qu’ils ont vécus ailleurs s’importent ici.” Quels problèmes ? “Réfléchissez un peu…”, répond-il, laconique. Le premier magistrat garde la nature de son vote au premier tour des législatives pour lui : “chacun est libre dans l’isoloir”. Comme plusieurs maires de la 9e circonscription, Bernard Destrost est opposé au front républicain et a cosigné un communiqué ne formulant aucune consigne de vote pour le second tour.

Si le maire parle par ellipse, ce n’est pas le cas de Patrick Fillippi. Accoudé au comptoir du bar des Sports, il a poussé son café avec plusieurs cognacs, mais garde les idées claires, assure-t-il. Le sexagénaire incarne l’adhésion profonde de l’électorat local au rejet de l’immigration prônée par le Rassemblement national. Sans filtre, Patrick se lâche : “C’est tout simple, des noirs et des arabes, on n’en veut pas. Les étrangers, ça dégage ! Je veux retrouver la France des années 1960 et pas être gouverné par des gens qui veulent nous faire devenir musulmans.” D’ascendance corse, il habite Cuges-les-Pins depuis 17 ans et explique vivre sous le seuil de pauvreté, alors que “les autres touchent le RSA et les allocs”. Chez Patrick, l’équation des binationaux est facilement résolue : “Si c’est que moi, je prends leur carte d’identité française, je la coupe en deux et je les renvoie direct au bled. Hop!”

La tranquillité, ce combat

Dans le bar, ça rigole. Un rapide référendum à l’échelle du bistrot montre que tous ses occupants, devant ou derrière le zinc, ont voté RN. “Mais on n’est pas tous comme Patrick”, tempère Thierry Coulomb, le père du  patron. “Ce que dit Patrick, c’est extrémiste, c’est un peu une obsession. Il a encore la mentalité du vieux Le Pen. Moi je suis RN modéré.”

L’après-midi est déjà bien entamé. Le vent n’a pas faibli. Il agite les branches des pins qui bordent les locaux de l’association locale de boulistes la Capricieuse, sur les hauteurs du village. À l’ombre, dans un frais qui sent bon la Provence de Manon des sources, une dizaine de retraités jouent à la pétanque. Clairement là, on préfère s’engueuler pour savoir qui “la prend” plutôt que d’évoquer les législatives. Le score du RN ? “La politique et la religion, on n’en parle pas”, évacue une dame bien mise en faisant non de la main. Tout le monde opine du chef. Polo noir, chaîne en or au cou, un bouliste glisse juste : “La tranquillité est un acquis, ça doit rester un acquis. Ici, la tranquillité est un combat”. Et à Cuges, on a manifestement choisi ses armes.

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Commentaires

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  1. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Cuges-les-pins, ou la preuve que l’électorat communiste s’est mué en électorat lepeniste

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    • RML RML

      La preuve, non. C’est bien l’émigration des gens de la ville qui a fait muer cet electorat, visiblement.

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    • Andre Andre

      Ah oui, RML la pureté des campagnes par rapport à la perversion de.la ville?…. Discours quasiment pétainiste.
      Face à cette montée du RN qu’on n’a pas su ou voulu contrer, je trouve que beaucoup dont vous même sont à cours d’arguments allant jusqu’à développer les mêmes discours de haine et de mépris qu’on reproche à ce parti. Reprenez vous, b…!….

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Rien n’excuse le vote en faveur d’un parti aussi peu crédible et aussi dangereux que le RN. Mais on voit dans les “explications de vote” présentées dans cet article à quel point Macron a abîmé la démocratie : sa politique du mépris et de la matraque a des conséquences tragiques.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      “Robe de coton blanc et lèvres repulpées” : je ne sais pas s’il s’agit d’un pari au sein de la rédaction de Marsactu, mais pourquoi concerne-t-il uniquement les femmes et pas les hommes ? “Polo non repassé et barbe de trois jours”, c’est sûrement tout aussi utile à la compréhension du sujet.

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  3. Alceste. Alceste.

    Mépris, stigmatisation, détestation .
    “Paroles et paroles et paroles et paroles
    Paroles et encore des paroles que tu sèmes au vent
    Encore des mots toujours des mots les mêmes mots”
    (Michaele/M.Chiosso/G.Ferrio.)

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  4. RML RML

    Rappelons nous l’expression : “c’est à Cuges”. ..rien n’a changé. Ça reste le bout du monde…et maintenant avec une mentalité de consanguins…

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  5. Coralie Bonnefoy Coralie Bonnefoy

    @Electeur du 8e ©
    Bonjour!
    D’abord merci de nous lire et de prendre le temps de commenter nos articles. Ces retours sont précieux. Pour ce qui est de la description physique dont vous faites mention, nul pari avec ma consœur, évidemment cela relève du hasard, nul jugement et nul mépris, non plus. C’est un fait, comme un autre, qui apporte des éléments de contexte. D’autres descriptions dans cet article concernent des hommes, cela ne vous a pas échappé. Un reportage essaye d’offrir une immersion au lecteur, il s’agit de lui donner à entendre autant qu’à sentir ou à contempler. Et parfois ce que l’on voit c’est un détail qui peut apparaître trivial mais être porteur de sens à la fois.

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Chère Mme Bonnefoy, les descriptions des hommes de cet article ne portent que sur des détails vestimentaires mais pas sur leur physique.

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  6. Alceste. Alceste.

    “Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose. Ils sont piquants et amers ; leur style est mêlé de fiel et d’absinthe : la raillerie, l’injure, l’insulte leur découlent des lèvres comme leur salive. Il leur serait utile d’être nés muets ou stupides : ce qu’ils ont de vivacité et d’esprit leur nuit davantage que ne fait à quelques autres leur sottise. Ils ne se contentent pas toujours de répliquer avec aigreur, ils attaquent souvent avec insolence ; ils frappent sur tout ce qui se trouve sous leur langue, sur les présents, sur les absents ; ils heurtent de front et de côté, comme des béliers : demande-t-on à des béliers qu’ils n’aient pas de cornes ? De même n’espère-t-on pas de réformer par cette peinture des naturels si durs, si farouches, si indociles. Ce que l’on peut faire de mieux, d’aussi loin qu’on les découvre, est de les fuir de toute sa force et sans regarder derrière soi.”
    Les Caractères , La Bruyère.
    Comme quoi , tout n’est qu’un éternel recommencement pour certains caractères “gauches”.

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  7. kukulkan kukulkan

    des années de mattraquage médiatique autour de l’insécurité avec l’instrumentalisation quotidienne de faits divers… Voici la TV néolibérale donnée aux milliardaires, et son effet délétère sur le vivre-ensemble !

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    • SLM SLM

      Il n’y a pas que TV Bolloré pourtant.
      Et les audiences du service public audiovisuel sont excellentes.

      Alors pourquoi donc les gens regardent CNews à votre avis?

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  8. SLM SLM

    Article intéressant qui illustre à la fois la vacuité des arguments en faveur du vote RN et le profond malaise de la population que les élus dits républicains n’ont absolument pas su appréhender ces 30 dernières années.

    Pêle-mêle :
    “Macron c’est Louis XVI.”
    Cette perception parfaitement légitime d’un pouvoir monarchique est avant tout liée au fonctionnement des institutions françaises. La France est une monarchie républicaine qui ne dit pas son nom. Son dirigeant habite dans un palais. Le fait du prince existe encore avec la possibilité d’amnistie. Souvenons-nous de l’époque où les infractions au code de la toute étaient classées sans suite au moment de la présidentielle et où les condamnés à des peines légères étaient libérés le 14 juillet. Dieu merci ces pratiques médiévales sont révolues. Mais il en subsistent tant d’autres…

    “Cahuzac repart en politique et Hollande revient. Ils ne pensent qu’à leur petite personne.”
    On est d’accord que ces retours sont absolument pathétiques d’un point de vue politique, même si c’est le droit le plus absolu de ces deux personnes. Mais qui, à part les idiots, peut croire que les élus RN ne pensent pas non plus qu’à leur petite personne et n’essayeront pas de s’accrocher au pouvoir une fois élu?
    Frédéric risque d’être rapidement déçu par ses nouveaux poulains…

    “La gauche a précipité notre effondrement social.”
    Là encore on est d’accord. Economiquement, la gauche, c’est Oui Oui au pays du capitalisme. On rappellera qu’il ne reste que 5 pays communistes dans le monde : la Corée du Nord, la Chine, le Vietnam, Cuba et le Vénézuela. Seuls deux sont vraiment admirables d’un point de vue économique et Oh miracle! c’est parce qu’ils ont introduit l’économie et la liberté d’entreprendre. Qu’on le veuille ou non, on vit dans dans un monde capitaliste. Par conséquent si on veut avoir une chance de ne pas mourir, il faut bien accepter les règles du jeu capitaliste. Or la gauche française refuse l’innovation pour lutter contre le réchauffement climatique et rejette la retraite par capitalisation ; deux exemples qui suffisent à la disqualifier sur les sujets économiques.
    Ce qui sauvait la gauche, c’était ses idées progressistes comme les congés payés, l’abolition de la peine de mort, l’égalité des sexes, le mariage gay etc. Il faut la remercier pour cela. Sauf que depuis peu, elle a vendu son âme au diable fasciste et antisémite ainsi qu’à l’hydre islamiste alors même qu’elle était censée défendre la laïcité. Et elle regarde les wokistes américains avec les yeux d’un enfant dans un magasin de bonbons. Doublement disqualifiée donc.

    ‘’Je ne comprends pas que des gens qui se sont endettés sur 20 ans pour acheter un terrain et y faire construire une villa, choisissent le racisme et la haine des autres au détriment de leur propre intérêt économique et social. Ça me dépasse.”
    Moi aussi ça me dépasse. Mais je n’ai pas bien compris si Alain parlait du RN ou de LFI et de sa haine des israéliens. J’espère des deux mais j’ai comme un doute. Rassurons-le en tout cas sur l’intérêt économique et social : le programme du RN est inapplicable car il va se fracasser sur quatre obstacles majeurs : le Conseil d’Etat pour les projets de loi, le Conseil Constitutionnel quand les lois seront votées (si elles le sont un jour…), les institutions et traités européens et surtout les marchés financiers. Le programme du RN sert à appâter les poissons les plus bêtes de l’aquarium, à savoir ceux qui n’ont aucune culture économique. Et dans une belle mise en abîme darwinienne, ces mêmes poissons seront les premiers à mourir si jamais le RN réussit par miracle à appliquer son programme.

    “Macron est “un traître à sa patrie qui fait ce que les Américains et Von der Leyen [la présidente de la commission européenne, ndlr] lui ordonnent.”
    Manifestement cette personne a été interrogée à la sortie du bar. Quel intérêt de retranscrire un tel témoignage dans cet article?

    Ces verbatim sont à mon sens une bonne synthèse de ce que pense la majorité du pays. Et c’est malheureusement dramatique.

    L’énorme erreur de Macron et de ses prédécesseurs, c’est de ne pas avoir pris en compte dans leurs politique de réformes les vraies raison du vote RN : les gens ne veulent plus d’immigration incontrôlée.

    Encore un fois, peu importe si c’est rationnel ou non. On le voit bien avec ce reportage qui souligne l’inadéquation entre les peurs et la réalité du village. Mais c’est ce que veulent la majorité des gens. Et en démocratie, c’est le peuple qui a raison. Même si il a tort.

    L’énorme erreur du RN, c’est de faire croire aux gens qu’il va résoudre ce problème d’immigration incontrôlée. Il ne pourra pas, pour les raisons évoquées au-dessus. Mais après tout, le RN est un parti politique donc sur certains points il ne diffère pas des autres : c’est en mentant en peuple qu’on prend le pouvoir et puis qu’on le perd.

    Enfin l’énorme erreur commise par la majorité des gens à propos de l’immigration c’est de croire qu’elle est la mère de tous leurs problèmes. La France, pays capitaliste dans un monde capitaliste (Cf. ci-dessus) a un besoin vital d’immigrés. C’est vrai d’un point de vue économique et c’est aussi le sens de l’histoire d’un point de vue humain car la mondialisation ne concerne pas uniquement les chinoiseries achetées sur AliExpress mais aussi les gens. En revanche, la France elle besoin d’immigrés qualifiés. Pas étonnant de voir que le pays se “tiers-mondiste” quand il importe le tiers monde. Là encore, ça vaut pour les biens comme pour les personnes.

    Dimanche soir le nouveau spectacle va commencer et il va être atroce à regarder.

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    • pm2l pm2l

      Analyse d’une grande justesse et pertinence … Vous devriez postuler chez Marsactu où les analyses sont souvent au raz des pâquerettes.

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  9. barbapapa barbapapa

    P….. de cugelais ! aujourd’hui des incultes superbeaufs, chasseurs (tueurs) de sangliers, souvent alcooliques, chomeurs consanguins et racistes, des dormeurs de cité dortoir, des mauvais à la pétanque, des troncs qu’on ne voudrait pas à Marseille. La honte humaine, splendeurs de l’engeance.
    Il fut un temps où on allait avec plaisir passer le dimanche chez les copains à Cuges les Pins, ville accueillante avec un super maire communiste Jean-Claude Molina

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    • Alceste. Alceste.

      A ce stade avancé, un conseil : allez consultez.Il est temps.
      Et encore soyons heureux ,vous n’ayez abordé que le cas des Cugelais.Je n’ose imaginer vos propos sur les Cugelaises.

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    • Andre Andre

      On ne combattra pas le RN avec le mépris. Ce que vous ecrivez est tellement stupide que je me plais à penser, par charité, que c’est du second degré

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    • Andre Andre

      Réponse à Barbapapa

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  10. Pythéas Pythéas

    @ Coralie Bonnefoy
    Merci pour cet excellent article de prise de température locale.
    La 9è circonscription est un cas intéressant. Tous les bourgs/villages ont voté largement FN (Cuges: 56,1%, Cassis: 52.1%, Carnoux: 50,4%, La Penne: 49,23%, Ceyreste: 46,2%) alors que les villes (et leurs quartiers populaires) ont résisté (La Ciotat et Cassis sont à 44%).
    Au passage, Carnoux, longtemps plombé par le vote extrême-droitier des pieds-noirs, est aujourd’hui complètement banalisé.
    On pourrait disserter sur ces évolutions (démographiques, sociologiques, générationelles et leurs raisons [individualisme, numérisation, disparition des lieux de socialisation au travail et dans l’habitat, …]). On le fera plus tard.
    Vous n’avez sans doute vu que la partie émergée du vote FN : les beaufs, à grande gueule et à cafés arrosés. Pour avoir fait la capagne dans l’un de ces villages, je peux dire que le vote RN touche aussi fortement la jeunesse (chômage, services publics, transports, non accès aux salles de diverissmeent le soir, etc…) et les femmes. Le vote RN n’est plus seulement les hommes, souvent retaités.
    Le sentiment d’exclusion (par rapport à Paris mais aussi Aix ou Marseille), de déclassement, d’échec personnel (études, emploi, voire affectif) est énorme.
    Ce qui est revenu dans cette campagne (dans ces villages que je connais), c’est : 1) je n’ai de toutes façons droit à rien (santé, formation, aides) ; 2) j’ai beaucoup de problèmes, mais tout le monde s’en fout.
    Face à ça, on peut toujours sortir les programmes, la morale politique, l’égalité des citoyens ou plein d’autres valeurs, la réponse est toujours la même : “cela ne me concerne pas et n’a aucune influence sur ma propre vie”.
    Je ne suis, cependant, pas compètement pessimiste. Si nous voulons changer tout ceci, il va valoir reprendre à zéro : recréer des lieux de socialisation, d’expression, d’échanges, qui ont totalement disparu. C’est ce qu’avait fait la gauche à la fin du 19è siècle et qui nos a nourris jusqu’à présent : tous ces villages ont un “cercle républicain”, créé entre 1870 et 1890, un local, des “harmonies”, des lieux de lettrisme, d’activités diverses.
    C’est la socialisation qui donne un objectif personnel de dépassement. A l’inverse, l’assèchement des lieux de socialisation entraine l’ndividualisme, puis l’angoisse, puis le communautarisme, voire le complotisme.
    Le chantier est énorme. J’ai le sentiment que les problèmes de ces villages sont à leur paroxysme et que si nous ne réagissons pas, ils se déplaceront très très rapidement vers les grandes villes.
    Angoisse.
    Mais bravo, en tous les cas, d’avoir eu l’intuition d’un coup de projecteur sur ces villages…

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    • Alceste. Alceste.

      Vous oubliez le “patro” dans votre liste , le patronage en bon français qui était aussi un lieu de sociabilisation.

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    • Massilia fai avans Massilia fai avans

      Ce qui est intéressant dans votre analyse est que finalement les gens ont décidé de s’installer à la campagne (ou au moins hors des villes) en espérant gagner en sécurité mais pas perdant en services (et pas que public). Avec la pression fiscale, l’inflation sur l’énergie et les difficultés de mobilité, ce choix est perdant d’un point de vue économique, il ne reste plus que l’identitaire pour se rassurer.

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    • Andre Andre

      Pyrheas, vous êtes digne du découvreur massaliète dont vous avez emprunté le nom. Je lis avec plaisir un des rares commentaires intelligents et non bêtement partisans.
      Comme je l’ai dejà écrit, on ne combattra pas le vote RN ( 40 pour cent des votants, quand même!) par des injures, du mépris et de la stigmatisation. Ce nouveau front républicain qui donne à certains le doux frisson d’être un Jean Moulin (mais dans un isoloir, sans risquer la torture) ne réglera rien. Combien de fronts républicains ces dernières années suite auxquels le RN n’a jamais cessé de progresser?…

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    • Andre Andre

      Massalia, ben oui. Mais le développement de ces villages-dortoirs est aussi et surtout le résultat de la politique immobilière et foncière menée depuis Giscard (chalandonnettes) associée à la régression d’une certaine agriculture traditionnelle qui libérait du terrain. La loi SRU a essayé d’endiguer le phénomène mais le mal était déjà fait. On pourrait ajouter à cela la dégradation des grands ensembles que beaucoup ont fini par fuir et, phénomène un peu plus récent à Marseille, la montée délirante du prix de l’immobilier en ville
      Non, il n’y a pas que la recherche de sécurité qui reste cependant légitime.
      Ces populations ont ensuite été rattrapées par le reflux des services publics orchestré par Bruxelles et ses politiques monétaristes et nous y sommes! Les gens n’en peuvent plus et finissent par traduire leur peur et leur exaspération soit par des manifs (les gilets jaunes que l’intelligentsia de gauche a méprisés) soit par un vote contre lequel on veut encore organiser un “barrage” qui ne réglera rien…..
      Il faut relire Guilly.

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    • leb leb

      Pythéas, effectivement, ces villages dortoirs dans la périphérie de Marseille et d’Aix ont la singularité d’attirer à la fois une population de classe moyenne relativement aisée, mais souffre en grande partie d’un véritable déficit en terme de service public. Dans la très grande majorité de ses communes, sans voiture, point de salut, et le paradis aux portes des calanques peut vite se transformer en prison à ciel ouvert.
      En plus des points que vous relevez (manque d’emploi sur place, déplacements…), une autre carence marquante, c’est l’absence de lieux culturels dignes de ce nom. Si je prends l’exemple de Cassis, bourgade prospère et sans histoire en raison du tourisme, aucune salle de spectacle, aucun centre d’art, pas l’ombre d’une bibliothèque, pas de festival un peu ambitieux…que font les habitants, à part rester entre eux ? Le vote RN dans ce type d’endroit montre à quel point une véritable politique culturelle permettant de croiser les points de vue et de s’ouvrir au Monde extérieur est indispensable au sein de toute communauté.

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    • Andre Andre

      Électeur, j’ai lu l’article de Libération. D’accord, on pourra reprocher à Guilly de dessiner la France à gros traits. On pourra toujours trouver des contre-exemples en Vendée ou ailleurs. Mais excusez moi si dans les descriptions de Guilly j’ai reconnu des territoires que je connais bien… Et les gilets jaunes ne sont pas tombés de la planète Mars.

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  11. Patafanari Patafanari

    A lire l’article et les commentaires, les cugelais semblent irrécupérables. A moins de les expédier dans un camp de rééducation par le travail (劳动改造).

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    • Alceste. Alceste.

      Chassez le naturel et il revient au galop.

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    • Andre Andre

      Patafanari, ne rigolez pas. Les Khmers rouges sortaient de la Sorbonne!

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  12. TINO TINO

    Cuges les pins la bucolique provençale s’est muée en Cuges le Pen la cité dortoir où l’ennui s’oubli au bistrot

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