À Aix-en-Provence, Sophie Joissains lance la très politique rénovation du cours Sextius

Décryptage
le 4 Déc 2023
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Le quartier historique du Faubourg entre en mutation avec comme objectif la piétonisation du cours Sextius. Si le chantier vise à améliorer la qualité de vie des habitants, sa date de livraison coïncidera aussi avec les élections municipales de 2026.

À Aix-en-Provence, Sophie Joissains lance la très politique rénovation du cours Sextius
À Aix-en-Provence, Sophie Joissains lance la très politique rénovation du cours Sextius

À Aix-en-Provence, Sophie Joissains lance la très politique rénovation du cours Sextius

Le cours Sextius deviendra-t-il dans quelques années aussi emblématique que son voisin le cours Mirabeau ? C’est en tout cas ce qu’espère la Ville d’Aix en lançant la requalification du quartier du Faubourg, au nord-ouest du cœur historique. Ce secteur compte de nombreux logements dans des immeubles très anciens et beaucoup de petits commerces. L’ensemble s’articule autour du cours Sextius, un boulevard grandement occupé par la voiture, qui voisine avec terrasses, école et église, cachés à l’abri des grands platanes.

La maire (UDI) Sophie Joissains veut y mener un projet de rénovation de centre-ville, avec comme objectif une livraison pour 2026. Une date qui coïncide – heureux hasard – avec les prochaines élections municipales. Enjeu politique autant qu’urbanistique, après le grand chantier des trois places, piloté par sa mère et prédécesseure, Sophie Joissains veut imprimer sa marque dans le centre-ville.

D’abord chiffré à 20,4 millions d’euros, le projet s’est étoffé pour atteindre une enveloppe de 36,5 millions.

Le programme représente tout d’abord un enjeu financier pour Sophie Joissains en raison de son coût pour la municipalité. Alors que l’idée de rénover ce quartier était en réflexion depuis plusieurs années, la mairie présente pour la première fois en mai 2022 un programme d’aménagement pour ce secteur à 20,4 millions d’euros. Le projet fait alors l’objet d’une concertation préalable jusqu’en fin d’année 2022 avec la présentation de ses conclusions. Mais la Ville revoit sa copie en juin 2023 en raison de la signature du contrat de centralité 2023-2027 avec la région qui lui permet de demander un financement à la collectivité sur ce programme. Le coût global du chantier grimpe alors à 36,5 millions d’euros, pour une aide de 8 millions de la région et donc un coût de 28,3 millions pour la municipalité.

La municipalité justifie ce chantier par le besoin d’apaiser cette zone d’Aix-en-Provence. “C’est un quartier fondateur de la ville, mais il a besoin d’une rénovation”, résume Sophie Joissains. La zone souffre notamment de problématiques de circulation, entre stationnement anarchique et passage de nombreux véhicules, dont des camions, sur des routes très anciennes. “Actuellement le cours Sextius c’est le salon de l’auto”, avance Aline Mineur, présidente du comité d’intérêt de quartier (CIQ) Faubourg-Sextius. Autre argument, il y a quelques années, des immeubles du haut de l’artère avaient du être évacués en raison d’un risque d’effondrement. L’événement a motivé la réalisation de travaux sur ce secteur.

“Rendre l’espace aux Aixois”

Concrètement, l’enjeu principal de la rénovation du quartier réside dans la piétonisation du cours Sextius. Dans un premier temps, plusieurs autres rues adjacentes vont connaître des restrictions de circulation. “Le projet doit permettre à terme la piétonisation de l’ensemble du cours Sextius si possible”, éclaire l’architecte en charge du dossier, Emmanuel Dujardin, du cabinet Tangram-Rougerie, qui pilote déjà la rénovation du centre-ville de Marseille. “La piétonisation ne se fera pas sans expérimentation, tient cependant à rappeler Sophie Joissains. D’abord sur le haut, en continuant à prendre le pouls de la population.” Si le test est un succès, le bas de la rue pourrait aussi être fermé aux véhicules motorisés à l’avenir.

Se posera alors la question du stationnement. Pour les habitants du quartier, des bornes seront mises en place pour des dépose-minute aux abords des écoles ou des commerces. Aussi, la municipalité souhaite leur réserver l’accès au parking des Cardeurs, qui dessert cette zone. “Il n’y a pas de privatisation, c’est rendre l’espace aux Aixois”, assure Sophie Joissains. Problème : la Ville ne possède pas la gestion des parkings sur son territoire, ils sont actuellement aux mains de la métropole. Un des multiples griefs qui enveniment la relation entre les deux institutions. La majorité municipale a entamé une procédure devant le tribunal administratif pour récupérer cette compétence. Et en cas d’échec devant la justice ? “Il faut voir les terrains disponibles, on est en train de réfléchir à tout ça, répond avec assurance la maire. Il y a un terrain qui m’intéresse beaucoup au niveau du Casino.” Ce qui représenterait toutefois un coût supplémentaire pour un projet dont le budget a déjà augmenté.

“Si on veut en faire un quartier de bobos haut de gamme…”

Mais Sophie Joissains n’est pas la seule à avoir 2026 en tête à Aix-en-Provence, et donc à s’épancher sur la rénovation du cours Sextius. “C’est un enjeu urbanistique important. Le Nord historique de la ville souffre et a besoin d’être revu, avance ainsi Marc Pena, leader du groupe divers gauche Aix en partage. Mais si on veut en faire un quartier de bobos haut de gamme je ne suis pas pour.” L’élu demande ainsi à la maire d’inclure de la mixité sociale dans son projet, afin de garantir aux Aixois l’accès à des logements dans le quartier requalifié.

Du côté d’Anne-Laurence Petel, à la tête du groupe d’opposition municipale Renaissance et apparentés, on partage les craintes quant à l’avenir du secteur. « Ce projet n’est pas à la hauteur des enjeux humains et commerçants du quartier », prolonge la députée.

La méthode Sophie Joissains à l’épreuve

Au-delà du fond, Sophie Joissains veut ici imprimer sa marque. Le projet a bénéficié d’une période de concertation allongée, par rapport à la durée légale minimum obligatoire, d’un site internet bien référencé pour présenter l’ensemble des documents officiels, ainsi que de plusieurs réunions publiques ouvertes à tous les Aixois. “Je voulais un projet partagé, vante ainsi la maire. Il a été très discuté, c’est important à souligner.”

Cette méthode a trouvé des relais auprès de certains acteurs locaux. “Je trouve que la maire a été largement à l’écoute des habitants, indique la présidente du CIQ Faubourg-Sextius. C’est beaucoup plus positif qu’avec sa maman qui régnait en reine. Sophie a l’intelligence de réunir tout le monde autour de la table.” Même si sur le fond du dossier, Aline Mineur attend de voir le résultat des travaux pour se prononcer. “On reste vigilants”, avertit la riveraine.

Lors des réunions publiques, des habitants se sont montrés davantage critiques envers la maire et ses propositions. Les commerçants et restaurateurs ont partagé leurs craintes pour leur chiffre d’affaires avec les changements à venir. Des riverains ont dénoncé “les poubelles, les rats, les oiseaux”, et la saleté qu’ils provoquent au quotidien. Mais ces revendications n’inquiètent pas la maire. “Ce n’était pas par rapport au projet, mais en lien avec d’autres problématiques du quotidien, balaie Sophie Joissains. Il y a le rêve, mais après, il y a la réalité des contingences.”

Cette argumentation ne tient pas pour l’opposition municipale, qui fait une autre lecture de la stratégie municipale. “Le choix fait par Sophie Joissains c’est le choix de la forme plutôt que du fond”, résume Anne-Laurence Petel. « La manière dont elle s’y prend montre qu’elle navigue à vue et change de cap au gré des rapports de force », estime de son côté Marc Pena. La bataille du cours Sextius en avant-goût des débats de 2026.

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Commentaires

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  1. Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

    36 millions d’euros ? Le tarif des sections S2 + S3 du tram à Marseille, soit de la place Castellane à la Gaye. Etonnant un tel budget. Pour ne pas dire dispendieux.

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  2. Peuchere Peuchere

    Ils ont de la chance à Aix d’avoir une Maire qui engage de grand chantiers dans sa ville. Si seulement on avait un Maire à Marseille ……..

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