À Aix, démissions en série à l’hôpital de Provence sur fond d’urgences saturées

Info Marsactu
le 21 Sep 2023
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12 des 14 médecins urgentistes de l'Hôpital privé de Provence ont démissionné au cours de l'été. Alors que les hôpitaux publics à Manosque ou Pertuis doivent fermer régulièrement et que celui d'Aix-en-Provence connaît des difficultés chroniques, cette crise dans le privé inquiète des soignants déjà à bout.

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L'hôpital privé de Provence se situe au sud d'Aix à quelques kilomètres du centre-ville. (Photo : ML)

L'hôpital privé de Provence se situe au sud d'Aix à quelques kilomètres du centre-ville. (Photo : ML)

À la fin, il n’en restera qu’un. Ou plutôt deux. Cet été, 12 des 14 médecins qui composent l’équipe des urgences de l’Hôpital privé de Provence (HPP) à Aix ont démissionné, a appris Marsactu. Si l’information circule déjà depuis plusieurs jours au sein du personnel de santé du pays d’Aix, l’établissement privé situé près du pont de l’Arc n’a, lui, rien laissé filtrer pour l’instant sur les raisons de ces départs massifs. Contactée par Marsactu, la direction de l’HPP confirme la nouvelle, mais les soignants démissionnaires ne souhaitent pas encore s’exprimer.

“Malheureusement le marché des urgentistes est en crise”, déplore la directrice de l’HPP, Sophie Laussel. Ces démissions sont la conséquence de “mouvements comme dans tous les services”, minimise-t-elle. “Il y a une réorganisation de l’offre médicale. Et il est vrai qu’il n’y avait pas eu de changements de ce type dans nos équipes depuis longtemps.” La directrice de l’établissement tient toutefois à souligner que les démissionnaires ont été remplacés par des vacataires, ainsi que des nouvelles arrivées pour les remplacer sur le long terme. Mais refuse cependant de chiffrer précisément l’effectif actuel. “Le plus important c’est de dire qu’on a continué à travailler”, martèle-t-elle, répétant qu’il “n’y a pas de difficultés”.

À quelques kilomètres au sud du centre d’Aix, l’Hôpital Privé de Provence a ouvert en 2019 après la fusion de la polyclinique Rambot et de la clinique La Provençale. L’établissement se vante régulièrement dans les pages de la presse locale d’être devenu “le plus important centre médico-chirurgical privé de la région”. Et met en avant sur son site internet ses “300 lits, 210 médecins et 500 collaborateurs” ainsi qu’une série d’équipements dernier cri. Ces atouts semblent attirer les investisseurs car l’HPP a été racheté il y a quelques mois par le groupe Saint-Gatien, déjà au capital depuis 2019. Mais cela n’a visiblement pas empêché le départ de quasiment toute une équipe en quelques semaines.

Urgences en souffrance

“C’est déjà dur de garder les médecins dans le public, si en plus les groupes privés rencontrent aussi des difficultés…”, souffle une médecin du Centre hospitalier du pays d’Aix (CHIAP). Si à l’HPP personne n’ose parler, du côté du service public les soignants ne se gênent pas pour commenter la situation et s’inquiéter des répercussions sur l’ensemble du territoire. La crise des urgences médicales n’est en effet pas nouvelle pour eux. Mais le fait que leur voisin privé aixois connaisse maintenant aussi des difficultés est vu comme le symbole d’un dernier barrage qui avait tenu bon jusqu’ici.

Cet été, plusieurs urgentistes avaient menacé de démissionner à l’hôpital de Pertuis, rattaché au CHIAP à cause d’un épuisement général, comme rapporté dans La Provence. Le personnel a cependant trouvé un accord avec la direction pour rester. Du côté d’Aix-en-Provence, aux urgences, l’effectif optimal devrait être de 24,8 médecins – en équivalents temps pleins – mais il est aujourd’hui de 11,4. “On est loin d’avoir l’effectif pour fonctionner, mais il faut faire tourner le service, commente Jean-François Laude, chef du service. Les urgences se battent pour avoir des médecins car c’est un poste moins attractif.”

Des flux de patients à rediriger

Des turbulences au sein du privé ont forcément des répercussions sur la gestion du flux de patients au sein du territoire. “Cela a des retombées sur l’hôpital public qui n’est pas dans la meilleure position”, déplore ainsi un soignant. L’hôpital public à Aix-en-Provence connaît en effet déjà un afflux important de malades. “On a Manosque qui a été fermé jours et nuits en août, détaille René Sale, secrétaire générale force ouvrière (FO) des hospitaliers. Et sur le site de Pertuis on a été amenés à fermer plusieurs nuits au mois d’août et c’est également prévu en septembre.” 

Quand le service manosquin ferme ses portes pour cause de manque d’effectifs, les patients sont le plus souvent renvoyés vers Pertuis. Et si le site vauclusien ne peut pas ouvrir à son tour, tout le monde retombe sur Aix-en-Provence, entre le service public au CHIAP, et privé avec HPP. “On n’a jamais vu une telle situation, affirme ainsi le syndicaliste. L’an dernier on avait limité la casse, là on a encore tenu, mais les médecins et infirmiers ne veulent plus travailler à ce rythme.”

À ce cercle infernal s’ajoutent les tensions concernant le nombre de places disponibles pour les patients. Sur le site aixois du CHIAP, 25 à 30 lits sont nécessaires par jour. “Quand on en a une quinzaine on est contents, souffle Jean-François Laude. C’est un casse-tête permanent pour l’urgentiste.”

La direction de l’hôpital privé de Provence nuance quant à elle les inquiétudes et difficultés exprimées au CHIAP. “Ils sont en crise comme nous et on les a fortement aidés, indique Sophie Laussel. Cette crise des urgences permet aux services de mieux travailler ensemble.” Tout le monde n’est pas aussi positif. “Les médecins perdent leur motivation”, résume Jean-François Laude, qui veut tout de même croire à une possible amélioration. “Mais à un moment il faut bien voir un médecin”, glisse-t-il. Le plus vite possible, quand il s’agit d’urgences.

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Commentaires

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  1. Patafanari Patafanari

    Service d’Urgences cherche urgentistes urgemment .

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  2. julijo julijo

    après la sncf, edf, la poste….l’école, se sont les hopitaux
    voilà une quinzaine d’années que tout est mis en place (loi hpst de bachelot) pour démolir les services de sante.
    on récolte.
    ce qui est quand même un peu fort, c’est que les grands penseurs du gouvernement, font et refont toujours la même chose, et que ça ne marche pas. mais ils s’obstinent ! et ils sont contents.

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  3. Alceste. Alceste.

    Marsacru, une question.Les medecins démissionnaires sont partis pour où.
    Ont’ils changés de métier, sont-ils partis comme médecine de ville, ou bien pour de meilleures conditions salariales ou pour d’autres services moins durs?

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    • Patafanari Patafanari

      Ils sont retournés en Afrique.

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    • Marc13016 Marc13016

      Où l’on a bien besoin d’eux d’ailleurs.

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