« MARSEILLE EN GRAND » : L’INCERTITUDE MACRONIENNE
« Marseille en grand » est l’intitulé d’un « plan » qui aurait dû marquer l’engagement du président pour le développement de Marseille. Qu’en est-il ?
Pourquoi un plan « Marseille en grand » ?
Le chef de l’État a voulu élaborer un plan de développement pour Marseille. Intitulé « Marseille en grand », ce plan vise d’une part à donner à Marseille les moyens d’un développement correspondant à une métropole et à la deuxième ville de France, et, d’autre part, à accentuer le contrôle de l’État sur la politique économique et urbaine de Marseille, afin que, même en ce qui concerne la politique de la ville à Marseille, rien n’échappe au contrôle et à la surveillance du président de la République. Mais il faut aller plus loin : parler de « Marseille en grand » signifie que, pour le moment, Marseille ne se voit qu’en petit. Derrière l’élaboration de ce plan, le chef de l’État manifeste une sorte de mépris pour les responsables des politiques locales qui n’est pas sans rappeler le mépris dénoncé récemment par une députée du groupe Renaissance qui a préféré quitter le groupe parlementaire macroniste.
Une double incertitude
L’incertitude semble, une fois de plus, caractériser un chef d’État qui ne sait pas où il va ni, par conséquent, dans quelle direction il nous emmène. Ce plan montre une double incertitude qui le fragilise. D’abord, il s’agit, tout simplement, de l’incertitude politique issue de la dissolution de l’Assemblée et de la lenteur avec laquelle se sera composé le gouvernement dirigé par M. Barnier, chargé d’orchestrer la réalisation du plan, au milieu de l’ensemble des points de la politique de l’État. Comme le ministre en charge de ce dossier n’a été désigné que tardivement, le plan et son exécution ont évidemment souffert de ce retard et de la lenteur de la mise en œuvre effective de la politique de l’État à l’égard des collectivités locales. Par ailleurs il s’agit de l’incertitude venue de la multiplicité des acteurs concernés – la municipalité, la métropole, la région et l’État, et, ainsi, des différences de conception du développement métropolitain qui séparent ces acteurs et rendent confuse la politique de la métropole. Ce grand nombre des acteurs impliqués brouillent le plan et empêche qu’une véritable coordination soit assurée, ce qui inscrit le plan dans une véritable confusion des pouvoirs et des institutions.
La Cour des comptes dénonce un simple « catalogue de mesures »
Dans un rapport spécialement consacré au plan « Marseille en grand », la Cour des comptes, en coopération avec la Cour régionale des comptes, avait dénoncé le fait qu’il ne s’agit que d’un catalogue de mesures qui ne s’inscrivent pas dans une approche globale de la politique consacrée à la métropole. On est devant une sorte de catalogue de la Redoute et non d’une véritable conception du développement de la métropole. Si la Cour nationale des comptes et la Chambre régionale ont, ainsi, alerté les responsables de l’État, il importe de tenir compte de ces observations critiques et de prendre conscience de l’urgence qu’il y a à donner une réalité à l’exécution de ce plan.
L’éducation
L’éducation est un des points importants du plan. La rénovation des écoles manque de rapidité : à la fois la municipalité et l’État reconnaissent qu’il faudrait aller plus vite. En ce qui concerne la rénovation des écoles, le plan avait associé la municipalité et l’A.N.R.U. (Agence nationale de la rénovation urbaine), ce qui marque l’engagement de l’État, mais, en même temps, le retard est tel, dans ce domaine, qu’il faudra du temps pour le rattraper et retrouver une véritable politique de développement des écoles publiques, d’autant plus que les effets de l’inflation se font particulièrement sentir sur la construction des écoles et sur l’aménagement scolaire.
Les transports et la mobilité
Avec l’éducation, les transports constituent un domaine majeur de la politique de la métropole dans lequel les retards sont les plus importants et l’urgence la plus forte. Les transports métropolitains ne sont pas à l’heure. Or il s’agit d’un champ important pour trois raisons. D’abord, ce sont les transports publics qui font vivre un espace politique au quotidien : c’est en prenant le bus ou le métro que l’on se trouve devant la politique municipale ou métropolitaine. Ce n’est pas pour rien que c’est l’abréviation « métro » qui désigne depuis toujours les chemins de fer urbains. Par ailleurs, l’insuffisance des transports en commun devient une urgence presque pathologique pour Marseille : ce domaine a toujours été négligé, alors qu’il est vital pour le développement et qu’il est le seul moyen de se libérer de l’emprise de l’automobile et de la pollution qu’elle engendre. Enfin, l’étendue de la ville et l’importance de ses quartiers périphériques nécessitent l’organisation d’un véritable réseau maillé de relations et de circulation des transports en commun.
Où en sommes-nous ?
Comparé à l’ambition affichée du plan « Marseille en grand », le résultat n’est pas au rendez-vous. Alors que ce plan avait été annoncé en septembre 2021, trois ans après, les retards sont loin d’avoir été rattrapés. Les mêmes insuffisances caractérisent la vie dans la métropole et l’importance des projets de développement urbain. Ce plan a pris du retard pour trois raisons essentielles. D’abord, il s’agit des incertitudes politiques et institutionnelles dues à l’absence de responsable gouvernemental en mesure de suivre l’avancement de la réalisation du plan. Une deuxième raison de ce retard tient à la monopolisation des projets de développement et des acteurs politiques municipaux et métropolitains par la question des élections municipales de 2026 qui paralysent les intentions et les projets. Enfin, la division entre les orientations politiques des autorités urbaines et métropolitaines contribue aussi à les affaiblir et à assurer au plan « Marseille en grand » une véritable mise en œuvre. Finalement, on s’aperçoit, au bout de ces trois ans, qu’il en va du plan « Marseille en grand » comme de la plupart des initiatives du président E. Macron : il ne s’agit que de fumée, de mots creux, de projets politiques sans consistance et sans lendemains. Par ce fameux plan, Marseille s’est retrouvée, comme bien d’autres responsables, piégée par cette politique illusoire du macronisme.
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