À Fos, le port dévoile son projet de site de construction d’éoliennes flottantes
Le Grand port maritime de Marseille a présenté son projet Deos, dont la concertation préalable débute le 14 octobre. Dans les bassins Ouest de Fos-sur-Mer, une plateforme pour construire et assembler des éoliennes flottantes doit voir le jour en 2028 pour un budget de 550 millions d'euros. Ce site pourrait livrer 25 éoliennes par an dans des parcs en Méditerranée.
Les trois éoliennes de la ferme pilote Provence grand large, à 17 km au large de la côte. (Photo : VA)
Avec son projet Deos, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) veut faire de Fos-sur-Mer le site de référence de la construction d’éoliennes pour les parcs marins. Ce mardi 1er octobre, le port a levé le voile sur les détails de ce programme avant le lancement de la concertation, le 14 octobre. Sur le golfe de Fos, dans ses bassins Ouest, le grand port maritime de Marseille prévoit de construire pour 2028, et un coût de 550 millions d’euros, un ensemble d’infrastructures portuaires. Cette plateforme, nommée Deos, regroupera l’ensemble des activités nécessaires à la conception de parcs éoliens flottants en mer. “C’est un énorme projet industriel pour le port”, résume Hervé Martel, président du directoire du GPMM.
Ce site futur vise à proposer la totalité des prestations nécessaires à l’installation des parcs éoliens en mer. De A à Z. C’est-à-dire : la réception des différentes composantes, la fabrication des flotteurs qui servent de support en mer, leur mise à l’eau, l’assemblage de l’éolienne et son installation sur les fameux flotteurs via une grue. Le stockage de ce nouvel ensemble en attendant sa livraison sur le lieu de destination se fera aussi à Fos. De même, au besoin, que la maintenance lourde et le démantèlement le moment venu. “Quand on peut tout faire sur un même site, on est plus compétitifs”, commente Hervé Martel. Vingt-cinq éoliennes devraient sortir de Deos chaque année, selon les estimations du port.
120 hectares entre terre et mer
Le premier parc marin dont les éoliennes pourraient être construites sur la plateforme Deos est encore au stade de l’appel d’offres. Il prévoit d’installer entre 10 et 18 éoliennes sur deux sites, dont un au large du golfe de Fos-sur-Mer, à 25 kilomètres des côtes, et un autre vers Narbonne, à l’horizon 2031. Puis, dans un second temps, le Grand port maritime de Marseille espère s’imposer à l’international. “Le marché visé depuis Fos est une partie de l’Espagne, de l’Italie, et même l’Europe du Nord”, précise encore le président du directoire.
Pour cela, le projet Deos prévoit de se déployer en deux zones. La première, nommée Fos 4XL, est terrestre, d’une superficie de 75 hectares, et vise à abriter l’ensemble des activités industrielles. Le deuxième espace, cette fois-ci en mer, aura une superficie de 45 hectares pour stocker temporairement les flotteurs et les éoliennes. Cela nécessite l’aménagement d’un quai de 800 mètres de long pour la mise à l’eau, des drainages afin d’obtenir la profondeur suffisante pour immerger les flotteurs, ainsi que des jetées ou encore le renforcement des sols pour supporter l’ensemble de ces activités. Les travaux nécessiteront en 2027 et 2028 l’emploi de 250 personnes. À terme, selon les estimations du port, entre 300 et 1200 personnes travailleront sur le site, en fonction du type de flotteurs à construire, de l’assemblage ou de la maintenance des éoliennes.
L’installation de ce site à Fos-sur-Mer nécessite aussi d’opérer des raccordements avec le réseau portuaire existant. Mais surtout routier, alors que le trafic dans cette zone est déjà compliqué et régulièrement saturé. “À ce stade du projet, les flux entrants seraient de l’ordre de 1100 à 1700 véhicules légers par jour. En complément, divers approvisionnements sont attendus et représenteraient environ 30 poids lourds par jour”, détaille le Grand port maritime de Marseille. L’institution précise avoir “lancé les études nécessaires à la requalification des voies d’accès” qui “intègrent bien les besoins éventuels de recalibrage de la route portuaire 541 qui dessert l’ensemble du môle central”.
Pour ce projet, le Grand port maritime de Marseille est soutenu par les collectivités. Sans que l’on sache, pour l’heure, les montants des financements alloués. Plusieurs élus ont fait le déplacement, ce mardi 1er octobre, pour cette présentation. “Ce projet est global, de l’installation à la fabrication. C’est une opportunité pour le territoire, assure ainsi Isabelle Campagnola-Savon, conseillère régionale (Horizons). On le soutient, car il contribuera à la compétitivité du grand port.” Le maire de Port-Saint-Louis-du-Rhône et vice-président de la métropole Martial Alvarez (divers droite) se satisfait lui aussi de l’avancée du projet : “Deos est l’aboutissement de la nécessité que le GPMM s’empare du sujet de l’éolien en mer et porte un vrai projet à la hauteur. Deos sera la pierre fondatrice d’une chaîne de valeur.”
Concertation préalable jusqu’au 23 décembre
Deos doit toutefois encore passer l’étape de la concertation préalable avant que les premières éoliennes sortent de terre pour aller en mer. La procédure s’ouvre le 14 octobre et dure jusqu’au 23 décembre. Une première réunion publique est organisée à Fos-sur-Mer le 17 octobre, avant une série de réunions thématiques et de rencontres de proximité. Suivra une clôture, le 17 décembre, en présence des partenaires, notamment des élus locaux et l’État. Deux visites du site sont également programmées, sur inscription. L’ensemble des éléments relatifs au projet sont disponibles en ligne.
La concertation permettra de répondre à plusieurs inquiétudes au sujet de l’éolien en mer, notamment celles rencontrées par le parc Provence Grand Large. Les questions liées à l’impact potentiel des installations futures sur la faune et la flore locales seront ainsi sans doute soulevées. Concernant l’environnement, le Grand port maritime de Marseille indique que des inventaires de biodiversité sont en cours. Les porteurs du projet affirment que “l’emprise du projet Deos est recouverte principalement d’habitat à faible enjeu écologique”, même si “des espèces protégées sont [déjà] recensées.”
“L’installation des trois éoliennes ne s’est pas si bien passée que ça”, souligne René Raimondi, le maire (divers gauche) de Fos-sur-Mer. Derrière ce qu’il qualifie “de problèmes de voisinage”, l’édile pointe les contraintes et restrictions d’accès autour des éoliennes déjà implantées. Il promet qu’“il y aura débat” durant cette concertation. “Le choc entre les plaisanciers et les activités portuaires est de plus en plus difficile à gérer. Si vous limitez l’espace maritime, vous vous confrontez de plus en plus à la population, avertit-il. Si le projet interdit l’accès au golfe [de Fos], je ne suis pas d’accord. Il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas les approcher.” Il finit par tempérer : Deos est un projet “novateur qui amène Fos vers une nouvelle destination”. Mais le chemin vers les énergies renouvelables est pavé d’obstacles.
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