JO 2024 : France, orchestre symphonique

Billet de blog
le 30 Juil 2024
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Les sportifs français, entre coéquipiers et solistes, ont accumulé les succès, lundi 29 juillet, mettant en musique leurs traditionnels points forts. Une énorme vague est en train de grossir, et va porter le pays tout entier.

Devant une telle profusion de médailles, il est malaisé de faire une hiérarchie des plus méritants. Il faut d’abord constater que ce sont les sports les plus prolifiques qui se sont mis en valeur : l’escrime, le cyclisme, le judo, l’équitation. Depuis peu, notre pays élargit aussi son expertise dans les eaux vives et au tir à l’arc.

Cette vague de succès n’est pas près de mollir puisque les stars les plus attendues ne sont pas encore entrées en action. Les paris les plus insensés à propos du bilan des médailles deviennent crédibles, et le soutien du public va encore s’accroître. Même le soleil devient patriotique.

En judo, les Français n’ont pas gagné de titre ce lundi, mais ils ont procuré un bien fou à leur discipline et bien du souci à leurs adversaires. Pas de calcul boutiquier sur les pénalités et la défense, tout pour l’attaque à la moindre ouverture. Sarah-Léonie Cysique a balayé une première Japonaise en 9 secondes, avant de céder d’un souffle (pénalité dans la prolongation) contre une seconde, Christa Deguchi, naturalisée Canadienne, n°1 mondiale, double championne du monde et future médaille d’or. Malgré sa déception, elle a su se remobiliser pour obtenir le bronze sur un magnifique contre.

Personne n’attendait Joan-Benjamin Gaba en finale des moins de 73 kg. Il y est parvenu en « ipponisant » tous ses opposants, dont Lasha Shavdatuashvili, triple médaillé olympique géorgien, et le Japonais Shoichi Hashimoto. Complètement à sec d’énergie, il n’a cédé qu’après 5 minutes de prolongation, face au n°1 mondial azéri, Hidayat Heidarov, quadruple champion d’Europe et champion du monde.

Ces jeunes gens ont mérité l’hommage sincère de leurs adversaires, impressionnés par le danger auquel ils avaient échappé de justesse. Ils ont donné un immense plaisir à leurs familles, à leurs camarades et à tout un pays, amené à constater les bienfaits partagés d’une intégration réussie.

L’escrime a vu une superbe finale au sabre féminin, dans le cadre majestueux du Grand palais, écrin d’une inhabituelle ferveur populaire. Manon Apithy-Brunet a renversé le pronostic face à son amie Sara Balzer, dans un assaut qui aurait procuré le même plaisir avec un résultat inversé, ce qui reste exceptionnel. Les finales par équipes promettent déjà une fusion joyeuse avec toute la nation.

L’équitation est elle aussi un trésor national en France, pays d’élevage et de tradition où près d’un million de personnes vivent et travaillent dans l’intimité des chevaux. Ce milieu où l’on gagne peu et où on se lève tôt mérite amplement l’attention du public tous les quatre ans. Cette fois, les cavaliers se sont vu offrir le cadre prestigieux de Versailles et ils se montrent à la hauteur. L’équipe de concours complet a terminé deuxième, derrière des Britanniques intouchables, et elle a communié dans le souvenir ému d’une jeune coéquipière prometteuse, Thais Méheust, décédée dans un accident malheureux.

La tradition française se renouvelle et elle a pris ses aises dans les bassins d’eau vive. Le « céiste » (pratiquant du canoë; on ne dit pas encore kaïste…) Nicolas Gestin a écrabouillé l’épreuve du slalom en demi, puis en finale, avec un sang-froid et une joie proprement médusants. Il lui fallait reprendre le flambeau laissé par de prestigieux anciens, Tony Estanguet (3 titres) et Denis Gargaud-Chanut, et il ne l’a pas laissé choir dans la rivière.

L’épreuve masculine du VTT a sacré un immense champion, le Britannique Tom Pidcock déjà titré à Tokyo, mais aussi champion du monde de cyclo-cross et vainqueur de classiques sur route et d’une étape du Tour à L’alpe d’Huez. Pidcock s’était détaché et le seul capable de l’accompagner était le Français Victor Koretzky. Mais le Britannique a perdu plus de 30 secondes à réparer un ennui mécanique, laissant le Français seul en tête, avant de produire un effort démentiel pour revenir sur lui dans le dernier tour. Koretzky s’est sans doute alors convaincu qu’il ne pourrait pas battre un tel champion, surtout dans un sprint final. Il a pourtant tenté de s’échapper, mais n’a pas su fermer la porte à Pidcock quand celui-ci a réussi à forcer le passage en tête, dans une manœuvre scabreuse mais pas manifestement illicite. Le Français avait du mal à savourer sa médaille d’argent, conscient d’avoir manqué une occasion unique de s’imposer. Il saura sans doute réaliser que son combat a été magnifique, et qu’un titre éventuel aurait été dévalué par la malchance de son rival. Les Français n’ont pas porté de réclamation, il faut espérer que leur attitude servira d’exemple dans les autres disciplines.

La médaille d’argent de l’équipe de France masculine au tir à l’arc a représenté un moment rafraichissant. Dans le cadre somptueux du Champ de Mars, un trio aux allures de campeurs a fait bonne figure devant les mécaniques sud-coréennes, archi-favorites et archi-dominatrices. La médaille sera-t-elle comptabilisée dans la colonne « sports d’équipe » ? Elle compensera en tout cas la déception entraînée par la défaite inattendue de la sélection féminine de rugby à VII, finaliste des Jeux à Tokyo, mais battue en quart de finale par le Canada (14-19) au Stade de France. Les Tricolores ont paru bridées par l’ambiance (à Tokyo, les tribunes étaient vides), et ignorantes du jeu de leurs adversaires, plus redoutables que les précédentes. L’excès de confiance ne risque plus d’affecter les performances des handballeurs, champions en titre, qui ont subi une seconde raclée, des Norvégiens cette fois. Le mal semble profond, mais l’orgueil de ces bagarreurs et l’apport considérable du public peuvent leur permettre de redresser la tête

Dans les autres sports « co », tout va bien. Les basketteuses déroulent, et les poloïstes féminines surprennent, avec leur victoire sur l’Italie. Les Françaises savent mouiller le maillot!

VIGNETTES

¤ En natation, le prodige roumain David Popovici s’est imposé d’un souffle sur le 200 m, le souffle qui avait été trop court à Tokyo. Il a surmonté une grave dépression, et on ne serait pas plus surpris s’il récupérait son record du monde à l’issue du prochain 100 m. La jeune (17 ans) Canadienne Summer McIntosh s’est montrée imperméable à la pression en survolant le 400 m 4 nages, et l’Australienne Mollie O’Callaghan a privé sa compatriote Ariarne Titmus d’une couronne convoitée sur 200 m.

¤ Le 60e match entre Rafael Nadal et Novak Djokovic a nettement tourné à l’avantage du Serbe (6-1, 6-4) qui n’avait battu que deux fois à Roland-Garros le maître incontesté des lieux. Les commentateurs ont cru pouvoir arracher à l’Espagnol l’aveu qu’il s’agissait de son dernier match à Paris. Ils en sont pour leurs frais. Nadal n’a pas perdu le double qu’il joue au côté de son héritier Carlos Alcaraz. Et « Djoko » n’a pas encore gagné le simple du tournoi olympique, où il s’est déjà étalé à trois reprises dans sa carrière.

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