Après les législatives, Renaud Muselier voudrait ne pas ajouter “du chaos au chaos”

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le 12 Juil 2024
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Jeux olympiques d'hiver qui attendent leur signature, recomposition politique marseillaise, municipales de 2026... l'épais brouillard de la situation nationale a des répercussions locales qui génèrent des appréhensions chez le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Renaud Muselier, président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d
Renaud Muselier, président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le 11 juillet 2024, à l'hôtel de région. (Photo C.By.)

Renaud Muselier, président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le 11 juillet 2024, à l'hôtel de région. (Photo C.By.)

Ce n’est pas l’ordre du jour, somme toute léger, de l’assemblée plénière qui se tient ce vendredi 12 juillet dans l’hémicycle régional qui lui pèse. Non, ce qui génère “une vraie inquiétude” chez Renaud Muselier, président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est le contexte national. Passées la stupeur de la dissolution de l’Assemblée nationale et la digestion des résultats des législatives anticipées, le président de la région formule désormais “des interrogations”, comme on dit pudiquement dans le monde politique pour exprimer doutes ou craintes.

Le 9 juillet, dans une lettre qu’il a adressée à tous les maires du territoire, l’élu de la majorité présidentielle défend “la stabilité de l’institution régionale et des actions” menées, “face à l’instabilité provoquée par la situation nationale”. Il n’empêche. Devant la presse ce jeudi, le président de région explique s’être livré à “un état des lieux de tout ce qui est engagé” par sa collectivité et qui peut être impacté “demain” par le flou qui perdure sur le nom du Premier ministre et la forme d’un gouvernement qui tarde à venir.

Des JO sans signature

Selon Renaud Muselier, 28 milliards d’euros de crédits pour la région sont ainsi suspendus à la vacance gouvernementale. Il liste “le patchwork” des projets à venir ou en cours qui n’attendaient plus que les blancs seings étatiques : la ligne nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA), la ligne à très haute tension devant contribuer au réaménagement industriel de Fos-sur-Mer dont dépendent “10 000 emplois”, ou encore le plan “Escales zéro fumée”… Puis il interroge : “Et France 2030, c’est stop ? ou encore ? Je ne sais pas”.

Mais le plus gros point d’interrogation, Renaud Muselier le pose au bout de la ligne Jeux olympiques d’hiver 2030. “La plénière du comité international olympique (CIO) se tient le 24 juillet prochain. Et on ne peut pas y arriver en disant : « Eh oh ! On n’a pas les sous ! »”, pose le patron régional. Le dossier des JO dans les Alpes est “bouclé sur les plans technique et organisationnel” et attend désormais “la signature du président de la République ou du Premier ministre”. Or Gabriel Attal est chargé d’expédier les affaires courantes. “Est-ce que ce dossier en fait partie ?”, interpelle Renaud Muselier, en écartant les mains. Manifestement pas pour Matignon. Renaud Muselier a échangé avec le chef de l’État sur le sujet, mais sans certitude de retour. “L’affaire doit être pliée mercredi ou jeudi prochain si on veut être prêts pour les réunions préparatoires du 23 juillet”, soupire-t-il.

Je vois des apprentis sorciers donner leur version tous les jours (…) j’invite tous ceux-là à fermer un peu leur gueule !

Renaud Muselier

Renaud Muselier est agacé par ce brouillard qui n’a pas l’air de vouloir se dissiper. Et que la cacophonie des acteurs politiques entretient durablement : “Je vois des apprentis sorciers donner leur version tous les jours, dans tous les sens et à tout le monde ! Moi, je connais la République pour avoir connu tous les mandats et dans ces moments d’incertitude, j’invite tous ceux-là à fermer un peu leur gueule !” L’aimable conseil vaut pour tout le monde. Pour les partisans d’Éric Ciotti  – “sa déroute est une maigre consolation “ – comme pour Benoît Payan, le maire divers gauche de Marseille : “Il tourne là-haut [à Paris] comme un oisillon, d’un coup, il est redevenu PS”. L’hypothèse de le voir à Matignon l’a “fait tomber à la renverse”. Mais en fin politique, Renaud Muselier sait bien qu’après une telle déflagration, “chacun pense au match d’après”.

“Un député RN de plus, mais un guériniste de moins”

Lui y compris. Car même s’il assure refuser de “s’exprimer en public” pour ne pas ajouter “du chaos au chaos”, l’ancien du RPR, de l’UMP et des Républicains, reconnaît “parler à tout le monde” chez Renaissance – dont il est membre du bureau exécutif – comme chez les Républicains. Bien sûr, localement, il regrette de voir les troupes sortantes de la majorité présidentielles “lessivées”, par des “candidats fantômes du Rassemblement national”. Pour Sabrina Agresti-Roubache, Lionel Royer-Perreaut et Claire Pitollat, la sanction des urnes est, dit-il, “d’une injustice totale”.

Quant à son soutien à l’aixoise Anne-Laurence Petel, arrivée troisième qui a fait le choix de se maintenir en triangulaire et a offert ce faisant sa circonscription au RN, il assume : “Elle avait le soutien du national. Et puis je suis un anti-guériniste, Jean-David Ciot [candidat de gauche opposé à Petel, NDLR] a été son directeur de cabinet. Alors qu’on ne me fasse pas de leçon de morale : ça fait un député RN de plus, mais un guériniste de moins.”

“Descente aux enfers” de la droite

À Marseille, la polarisation qui voit la droite et le centre pulvérisés, au profit d’un duel extrême droite – Nouveau front populaire l’a tout tout de même surpris. “Parfois les Marseillais me sidèrent”, commente-t-il. “Payan est en danger avec et il l’a bien compris d’ailleurs”, ajoute-t-il au sujet de la poussée de la France insoumise dans le Nord de la ville. Quant à la droite, “elle a connu une longue histoire de descente aux enfers.” Renaud Muselier a beau s’en défendre, mais il ne peut s’empêcher de se projeter vers les prochaines échéances, même s’il clame à qui veut l’entendre qu’il ne sera pas candidat à Marseille en 2026.

Pour imaginer l’emporter aux prochaines municipales, la droite devra être rassemblée. Or, ces législatives anticipées ont fait du dégât. Les défaites des députés Renaissance mettent à mal les chances de Sabrina Agresti-Roubache et de Lionel Royer-Perreaut. Surtout, la campagne a remis du sel sur certaines plaies. Notamment dans le 9/10 ou “LRP”, Renaissance ex-LR, aurait sans doute pu accéder au second tour et l’emporter sans une candidature du frère ennemi LR. Les retrouvailles autour d’une table de négociations pour 2026 risquent d’être musclées.

“J’ai eu Lionel Royer-Perreaut au téléphone, je lui ai dit : tu pars en vacances, tu vas marcher à la montagne ou tu vas à la mer, tu te reposes et quand tu auras purgé tout ça on recommencera à discuter…”, raconte Renaud Muselier. Comme Jean-Claude Gaudin en son temps, le président de la région se pose au carrefour des droites et entend jouer un rôle d’homme orchestre incontournable pour cet essentiel scrutin à venir. Évidemment, la confusion actuelle et ses paysages politiques mouvants ne sont pas pour le rassurer. Et alourdissent encore la barque de ses inquiétudes.

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Commentaires

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  1. mrmiolito mrmiolito

    Rassurez vous M. Muselier : dans les Alpes, on n’en veut pas (plus) de vos JO ! vous pouvez écarter votre premier sujet d’inquiétude…

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  2. RML RML

    Pfff…la retraite c’est quand pour Muselier?
    Je le rassure : à Marseille personne veut de lui…et Martine qui s’affiche RN va lui planter une paire decouteau de cuisine dans le dos.
    S’il ne voit pas que la droite républicaine est quasi morte en Paca, il n’y a que lui!

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  3. Manipulite Manipulite

    Aucune autocritique sur son fiasco !

    Muselier a soutenu la candidate macroniste arrivée 3ème à Aix et a donné un député RN dans une circonscription qui n’en avait jamais eu ! Ramener Ciot à Guérini qui n’est plus dans le paysage politique est une défense un peu courte.
    Le RN à la Région PACA dit merci à Muselier.
    Quant au forcing de Museau sur Claire Pitollat à Marseille pour son maintien dans le but de faire battre à un adjoint au maire, a été heureusement inopérant sur la candidate courageuse qui a respecté le barrage républicain en se désistant.
    Barrage républicain dont ont bénéficié 2 fois Estrosi/Muselier au conseil régional PACA y compris de la part de…Jean David Ciot dont Muselier n’avait pas refusé le soutien pour cause de guérinisme.

    Sans oublier Sophie Vaginay dans sa majorité et qu’il avait brutalement évincée et l’avait suffisamment violentée pour qu’elle se présente du côté du RN et l’emporte !

    Bref, ce Muselier a un sens politique de bulot : pire, une absence d’éthique sidérante.
    On le savait, mais cela devient dangereux dans les circonstances exceptionnelles.

    Que ses JO d’hiver à la neige carbonique aient du plomb dans l’aile est une bonne nouvelle. L’entourloupe à coups de cabinets d’études et de com’ et de promesses d’infrastructures ne se fera pas. Il faudra que Estrosi se débrouille pour sa patinoire et son centre de congrès. A moins que la Région PACA passe à la caisse en faveur de Nice. Encore une fois !

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  4. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Ses copains ont été éjectés dès le premier tour et c’est d’une “injustice totale”. Sinon ça s’appelle le vote et la démocratie… On voit à quel point notre sémillant président de région considère la valeur du suffrage universel

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  5. barbapapa barbapapa

    La seule bonne nouvelle, c’est que peut-être on n’aura pas la jobardise olympique en 2030, après que le gars soit plus ou moins détraqué questions analyse politique et autres, c’est son problème

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