Après des soutiens au RN, la droite marseillaise en équilibre instable sur le fil du ni-ni

Actualité
le 5 Juil 2024
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En quelques jours, le président du groupe métropolitain de droite apporté son soutien à l'alliance RN-Ciotti en vue du second tour, tandis que le secrétaire départemental LR a appelé à faire barrage à l'union de la gauche. Même si ces positions restent isolées, elles sont regardées sans malveillance par ceux qui ont choisi de tenir la ligne officielle du ni-ni.

Ludovic Perney, Laure-Agnès Caradec, présidente de la fédération départementale LR, Didier Réault et Stéphane Le Rudulier, secrétaire départemental. (Photo : C.By.)
Ludovic Perney, Laure-Agnès Caradec, présidente de la fédération départementale LR, Didier Réault et Stéphane Le Rudulier, secrétaire départemental. (Photo : C.By.)

Ludovic Perney, Laure-Agnès Caradec, présidente de la fédération départementale LR, Didier Réault et Stéphane Le Rudulier, secrétaire départemental. (Photo : C.By.)

“Tout vote qui empêchera la victoire de l’alliance des gauches sera un vote utile pour sauver la République. Le 7  juillet, faisons barrage au Nouveau front populaire.” En une tribune dans Valeurs actuelles, le secrétaire départemental de LR et sénateur Stéphane Le Rudulier a rompu la ligne officielle du ni-ni sans susciter de levée de boucliers dans son camp.

Avant lui, mardi 2 juillet, le président du groupe de droite de la métropole, Jean-Baptiste Rivoallan, a finalement franchi le pas. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il l’affirme : “il y a un véritable danger de l’arrivée de l’extrême gauche en France et à Marseille. […] Par conséquent, lors des législatives du 7 juillet, j’apporte mon soutien aux candidats RN et LR au sein de l’union nationale.” Il ajoute alors qu’il démissionne de sa présidence. La sortie est saluée par Franck Allisio pour le Rassemblement national mais a une conséquence imprévue : Martine Vassal lui intime de ne plus siéger dans ses groupes au conseil métropolitain et au conseil municipal. En parallèle, le secrétaire général du groupe, Olivier Rioult, devenu candidat soutenu par le RN, est visé par une procédure de licenciement.

“Il est cohérent”

La mesure est ferme, mais dans les rangs, le discours est bien plus calme. “Il fait sa démarche, il fait son choix et à la limite, il est plutôt honnête, car il quitte les groupes”, explique un cadre local. “Ce n’est pas mon positionnement, mais chacun fait ce qu’il veut. En tout cas, on n’a pas été surpris, ça fait longtemps qu’il avait des positions, disons, droitistes”, analyse le maire des 11e et 12e arrondissements, Sylvain Souvestre, qui compte Rivoallan dans sa majorité de secteur. Général à la retraite et élu métropolitain LR depuis 2020, David Galtier renchérit : “Il est un peu cohérent avec ce qu’il défendait, il a suivi Éric Ciotti. Je le connais depuis quelques années, je ne suis pas de ceux qui lui jetteront la pierre. À titre personnel, je pense qu’il n’y a pas d’avenir avec cette alliance. Mais je comprends qu’il puisse vouloir sortir le pays de l’ornière et qu’il préfère ça plutôt que l’extrême gauche de la gauche de la gauche.” 

Jean-Baptiste Rivoallan avait par exemple défendu un “appel à l’expression d’une politique culturelle de l’enracinement et de l’amour de la France”, sous forme d’une motion ultra-conservatrice : il avait alors été stoppé. Au Sénat, Stéphane Le Rudulier multiplie lui aussi les propositions de loi opportunistes et très droitières. À la droite de leur propre parti, les deux élus sont finalement peu suivis. Laure-Agnès Caradec, la présidente départementale de LR, constate : “Derrière la décision d’Éric Ciotti, ça a crevé un peu tous les abcès. Il n’y a pas beaucoup d’élus qui sortent du ni-ni et les choses sont un peu plus claires.”

L’ancienne adjointe de Jean-Claude Gaudin ne souhaite pas s’étendre davantage sur le choix de l’extrême droite par certains de ses collègues. Elle confie en revanche son “étonnement” face à Ambroise Malinconi, candidat LR malheureux qui soutient dans la 5e circonscription de Marseille Hendrik Davi, député sortant issu des rangs de la France insoumise, au nom de ses valeurs “gaullistes”, contre le RN. “C’est hallucinant, un truc de dingue”, renchérit le cadre cité plus haut.

Tenir une barrière sans brusquer

Si les condamnations sont ainsi limitées, c’est, explique un proche de Martine Vassal, qu’il ne faut pas brusquer ceux qui sont tout aussi tentés : “Ça bouge beaucoup. Je ne dédouane pas la droite mais il y aussi l’alliance de gauche qui a complètement décomplexé les types. Ils disent « si la gauche s’allie avec son extrême, pourquoi on ne ferait pas la même »“.” “Il y a un effet de carrière – et je ne dis pas ça pour M. Rivoallan qui est un entrepreneur. Certains nous disent, on ne va pas encore passer notre tour et attendre la prochaine fois”, renchérit David Galtier.

Un important élu de la droite avoue avoir “réfléchi” lui aussi. “Moi, si je ne l’ai pas fait, c’est aussi parce qu’il nous faut conserver une unité de la droite et du centre pour les prochaines municipales pour faire basculer la ville. C’est assez constitutif de mon engagement et si je fais ce pas, je n’en suis plus partie prenante.” À ne pas savoir comment conclure une élection, autant se préparer pour la suivante.

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Commentaires

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  1. Mireille Urbain Mireille Urbain

    Empêcher la victoire du NFP, “un vote utile pour sauver la République”? lorsqu’on sait si on a la moindre formation civique et politique que l’objectif principal du RN est de mettre à bas la République. Soit ces gens sont des grands naïfs, soit, plutôt, ils souhaitent préserver toutes leurs chances de ralliement au RN et recevoir pour ce faire un strapontin tant qu’existeront le Parlement et les institutions.

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  2. Forza Forza

    Tous les LR et consorts qui rangent le NFP dans l’extrême gôche parce qu’ils n’ont toujours pas trouvé d’autres arguments (que ceux du RN, qu’ils n’osent pas proférer pour certains), ne vous étonnez pas qu’on vous range dans l’extrême droite. Ni oubli ni pardon.

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    • Alceste. Alceste.

      L’extrême gauche qui manifeste avec les frères musulmans c’est quoi ? .
      Des gens qui veulent mettre à bas la République.
      L’extrême gauche qui se réjouis du suicide de gendarmes ou de policiers c,’est quoi ? .Des sales types.
      Ni oubli,ni pardon.

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  3. Alceste. Alceste.

    Précision, je ne parle que de LFI et demain je vote pour un purgé par le “lider minimo”.
    Ça me fait mal au cœur mais il faut ke faire.

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  4. Escartefigue Escartefigue

    La droate, avec la complicité de media complaisants, a depuis longtemps gagné la bataille du Langage, réussissant à qualifier Lfi d’extrême gauche, ce que même le conseil d’état ne fait pas. Il ne m’a pas semblé que la doctrine des frères musulmans ou les militants se réjouissant du suicide de gendarmes et policiers constituent le fondement idéologique de cette formation politique dirigée par un dégénéré.

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