La Ville concède un hôtel à la Villa Valmer mais garde le jardin public avec vue sur mer
À l'issue d'une médiation de plus d'un an, la Ville de Marseille a trouvé un accord avec le promoteur de l'hôtel de la Villa Valmer. Celui-ci pourra poursuivre son projet d'hôtel dans l'ancienne bastide mais devra laisser l'intégralité du parc à la Ville.
La Villa Valmer en avril 2022. (Photo : SL)
Le win-win plutôt que le ouin-ouin. La Ville de Marseille a acté ce lundi 17 juin, la fin du bras de fer qu’elle menait depuis deux ans avec le promoteur Pierre Mozziconacci. La municipalité s’en sort par le haut après une médiation de plusieurs mois entreprise sous l’égide du tribunal administratif. Il y aura donc bien un hôtel sur la Corniche, niché dans l’ancienne bastide municipale et, en contrepartie, un parc public à son pied.
“Nous allons rendre aux Marseillais la totalité du parc comme on s’y est engagé, se félicite Nassera Benmarnia, l’adjointe aux espaces verts. Les 1600 mètres carrés qui faisaient partie du projet d’hôtel seront restitués au parc public. Le promoteur participera même à la rénovation du jardin à hauteur de 75 000 euros“. Une autre concession financière est mise en avant par la Ville, sous la forme d’un budget de quatre millions dédiés à une programmation culturelle “sur toute la durée d’exploitation“. Soit 30 000 euros par an, durant 60 ans, par le biais d’un fonds de dotation mis sur pied par le promoteur.
Un “cultur’hôtel” aux contours flous
Comme on est sur le registre du gagnant-gagnant, Pierre Mozziconacci est sur le même ton positif que les élus municipaux. “Il y avait de la part du maire une exigence forte de transformer le projet. Nous avons donc eu une discussion exigeante avec les services de la Ville. Mais, avec Didier Germain, mon associé, nos équipes sont assez enthousiastes d’avoir su faire évoluer le projet sur un axe culturel, sous la forme d’un cultur’hôtel“. L’expression apparaît mot pour mot dans la communication municipale, sans qu’on comprenne bien ce que le mot valise transporte. Le promoteur évoque un projet culturel monté avec la Ville dans le but de créer des “résidences d’artistes pour participer au rayonnement de Marseille“.
Le ton est singulièrement conciliant sur ce dossier dans lequel Benoît Payan s’était engagé en personne, depuis fort longtemps. D’abord en tant qu’opposant à l’ancien maire, en instiguant lui-même un recours devant le tribunal administratif, dès 2019. Puis, deux ans plus tard, lorsqu’il débarque en personne sur le chantier au moment où des démolitions intempestives sont entreprises sur le bâtiment. “Ici, c’est chez les Marseillais, ce n’est pas chez lui“, avait-il lâché devant les journalistes présents. Désormais, on s’achemine bien vers une colocation entre les Marseillais et le promoteur.
43 millions d’euros de risque financier
Le projet mis sur pied par les deux parties permet de détricoter la ficelle qui tenait suspendue une épée de Damoclès financière évaluée par le promoteur à 43 millions d’euros. “On a travaillé pour parvenir à un accord avec pour objectif premier la préservation de l’intérêt public, formule Éric Méry, conseiller municipal délégué à l’urbanisme et avocat dans le civil. En 2021, après des travaux non autorisés, nous avons lancé une procédure à l’encontre du promoteur pour résilier le bail emphytéotique. Cet accord permet de mettre fin à une procédure devant la justice administrative qui pouvait nous amener jusqu’en 2030 ou 2032, en comptant les appels tous suspensifs. Alors plutôt que de faire tout ce qu’on veut en 2032, on a préféré rendre le parc aux Marseillais dès 2026“. La date comprend les travaux de renaturation, déjà votés en conseil municipal à l’automne, pour un montant global de 660 000 euros.
L’élu affirme que dans cet accord, c’est le promoteur qui a fait toutes les concessions. “La seule que nous ayons faite est d’accepter la poursuite de l’exploitation de l’hôtel“, admet Éric Méry. Côté promoteur, les patrons de la SAS Villa Valmer ont accepté d’embaucher un architecte en chef des monuments historiques, dans le cadre d’une assistance à maîtrise d’ouvrage. “Nous sommes en cours de recrutement“, explique Pierre Mozziconacci. Pour souligner cette dimension patrimoniale, la municipalité prévoit de demander l’inscription de l’ensemble du site sur la liste des monuments historiques du ministère de la Culture. Un comité de suivi avec la Ville, la direction régionale des affaires culturelles, les porteurs de projet, sera également mis sur pied.
Fort d’un accord de principe avec la Ville, le promoteur a déjà déposé un premier permis modificatif pour la remise en état des parties démolies en 2021. Il envisage le dépôt d’un nouveau permis “au plus vite“, une fois passé les étapes cruciales d’un vote en conseil municipal du protocole de médiation et de la signature d’un avenant au bail initial de 60 ans.
Bail de 60 ans “inchangé”
“Nous n’avons rien changé, ni sur la durée, ni sur le montant du loyer, reprend Éric Méry. Cet avenant est indispensable notamment pour récupérer la partie du parc qui était comprise dans le projet d’hôtel”. Désormais, les promeneurs pourront se rendre jusqu’à la porte d’entrée et même dîner dans le restaurant, lui-même redéfini “dans un esprit bistronomique, plus accessible au plus grand nombre“. Quant aux clients de l’hôtel, ils accèderont à l’établissement par la rue des Flots-bleus, à l’arrière du bâtiment où un parking de 22 places et une piscine pourraient être construits. Les riverains pourront également rejoindre le parc par cette entrée.
“L’entrée des véhicules par l’arrière est la concession sur laquelle nous avons le plus bataillé, indique-t-on dans les couloirs de l’hôtel de ville. Elle n’apparaissait pas dans le permis initial et elle les oblige à revoir la rampe d’accès à l’hôtel. Mais cela nous permet de supprimer la circulation des véhicules dans le parc public“. Le promoteur table sur des travaux de “16 à 18 mois” qui démarreront dès la rentrée pour la partie “remise en état”. Entre temps, la Villa Valmer continuera d’animer les prétoires : en 2021, la Ville a saisi les services du procureur des atteintes à l’urbanisme qu’elle avait constaté sur le chantier. Les mêmes acteurs réconciliés se retrouveront autour du même sujet.
Commentaires
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Cela semble du bon travail. Pourvu que le promoteur soit de confiance. Car une fois l’hôtel ouvert, il y aura peut-être des exigences de tranquillité des clients 5 étoiles qui mèneront vers une pression sur l’espace public défendu par la municipalité actuelle. Et quid si la municipalité change ?
En attendant, il y a des avancées positives.
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oui, il y a un côté positif, à préserver, à surveiller. ca peut vite déraper sous des prétextes de non mélange des genres, promeneurs, clients.
par contre il semble que sur le plan financier ce soit plutôt une bonne opération pour la mairie. (et pour les contribuables)
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Sur 60 ans, la question devrait être quid QUAND la municipalité changera
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Ici, c’est chez les Marseillais, ce n’est pas chez lui“, avait lâché notre ” bon ” maire.
Maintenant il peut déclamer “Ici, c’est chez Mozzicconaci, et ce n’est plus chez nous“.
Alors cela nous est vendu comme la meilleure affaire du siècle, cela souligne néanmoins une chose, le manque de projets de cette municipalité. Comme quoi ,le gaudinisme n’a pas totalement disparu et les promoteurs non plus.
Je mettrai une petite pièce, sur le fait que dans 10 ans ou moins l’hôtel fait faillite et nous aurons à la place un magnifique ensemble immobilier de luxe ,car vu la capacité de l’hôtel face aux frais d’un 5 étoiles, il faut une sacré clientèle de “nababs” tout au long de l’année pour rentabiliser
les lieux et un très bon taux de remplissage.
Marseille n’est pas Paris,Londres ou Dubaï.
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La Ville conserve l’espace vert . Quand on voit l’état du Parc Borely c’est à se demander si c’est une bonne idée
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?????
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C’est bien peu glorieux comme issue, rétrospectivement les déclarations martiales du maire sont franchement ridicules. La résiliation du bail emphytéotique ne pouvait être légalement justifiée par la démolition, même illégale, d’une annexe dépourvue de valeur patrimoniale. Démolition qui est régularisable comme la suite du dossier le prouvera. Mais c’était tellement tentant de tweeter “on a récupéré les clefs”.
En se comportant ainsi le maire a mis en péril les finances de la ville, car la SAS Villa Valmer était en position de demander une indemnisation colossale. Contrairement à ce que dit Eric Méry, l’issue prévisible du contentieux en 2030 ou 2032 pour la ville ce n’était certainement pas de “faire tout ce qu’on veut”, mais c’était une condamnation lourde, c’est bien pour ça que la ville mange son chapeau. J'”imagine les réunions orageuses pour faire gober ça à Benoît Payan.
J’étais contre ce projet d’hôtel de luxe, et j’aurais préféré qu’il reste un bâtiment public, mais une fois un contrat signé on ne peut pas faire n’importe quoi, c’est vraiment désolant cette équipe municipale qui n’écoute pas ses propres services.
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Je valide ! Et je n’ai pas à mobiliser bcp d’énergie pour connaître les échanges sur ce projet:
– Maire: Je veux paaaas ! Je récupère les clés
– Administration: article XX du BEA Mr le Maire, oui oui, l’article “indemnités de résiliation” à 43M€
– Maire: oups… trouvez moi un modèle où je fais quasiment pareil qu’avant, tout en disant que je ne fais pas pareil, tout en disant que je fais mieux, tout en évitant de faire pire
Tadaaaam ! L’hôtel subsiste, mais avec des travaux encore plus lourds liés aux 3 ans supplémentaires d’inoccupation (et aux dégradations en conséquence). Le parc reste public avec un financement privé microscopique eu égard aux enjeux de remise en état. Le preneur à bail doit être ravi (ah mince ! c’était pas ça l’idée à la base?)
Ca pourrait être drôle si ce n’était pas triste.
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L’essentiel est que les Marseillais puissent profiter de ce beau Parc Valmer depuis lequeo on jouit d’un panorama éblouissant : à Nice les palaces né empêchent pas de profiter de la Promenade des Anglais dont ils sont une partie du décor…
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Je serais curieux de savoir ce qu’en pense Mathilde Chaboche.
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