Législatives : le Rassemblement national reconduit ses sortants et promet deux “surprises”
Le RN a dévoilé les noms de 14 de ses candidats dans les 16 circonscriptions des Bouches-du-Rhône. Les six sortants, de même que plusieurs perdants de 2022, rempilent. Dans la 2e à Marseille et dans la 14e à Aix, le délégué départemental du parti de Marine Le Pen promet du "renouveau" et de "l'ouverture".
Des candidats du Rassemblement national aux législatives anticipées 2024. (Photo : C.By.)
“Ce sont des candidats d’union nationale”. Debout derrière son pupitre translucide, Franck Allisio, le délégué départemental du Rassemblement national, ne boude pas son plaisir. Ce vendredi 14 juin, à 16 jours du premier tour des législatives anticipées, il dévoile, dans un salon ouaté d’un hôtel marseillais, les noms de 14 candidats RN sur les 16 circonscriptions des Bouches-du-Rhône. Douze d’entre eux sont assis derrière lui. Au ton allègre de Franck Allisio répondent les sourires qui s’étalent sur leurs visages : le RN est sorti victorieux du scrutin européen dimanche 9 juin et aborde l’échéance post-dissolution avec une certaine tranquillité.
Le casting de cette “union nationale” pour les législatives 2024 ressemble pour beaucoup à celui de 2022. Les sortants rempilent : Gisèle Lelouis à Marseille dans la 3e, Joëlle Mélin (Aubagne 9e), José Gonzalez (Gardanne 10e), Franck Allisio (12e), Emmanuel Taché de la Pagerie (Arles 16e), Romain Baubry (Tarascon 15e). Et les battus de 2022 repartent au feu : Emmanuel Fouquart à Martigues (13e), Romain Tonussi à Salon-de-Provence (8e), Hervé Fabre-Aubrespy dans le Nord aixois (11e), Arezki Selloum sera opposé à Sébastien Delogu (LFI) dans les quartiers Nord marseillais (7e) et Monique Griseti repart en campagne dans l’Est marseillais (1ere).
Dharréville, Zulesi, Agresti-Roubache en cibles
Sans fixer d’objectif, Allisio et ses troupes entendent faire mieux qu’en 2022, lorsque le RN a fait élire six députés dans le département. Le but est de conforter cette assise, en surfant sur “une dynamique” favorable. Les circos identifiées comme pouvant basculer ? La 13e, tenue jusqu’à présent par le communiste Pierre Dharréville, la 8e dans laquelle le sortant Jean-Marc Zulesi (Renaissance) est en difficulté. Et la 1ʳᵉ, où Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance) ne s’était imposée que de 470 voix face à Monique Griseti. “Cette fois-ci ça va passer !”, certifie le délégué départemental du RN.
D’abord parce que “si Sabrina est très sympathique, ce n’est pas Gaston Defferre”. Mais aussi parce que Monique Griseti – la tante de Franck Allisio à la ville – “n’a pas passé plus de temps dans les salons dorés parisiens que sur le terrain”. N’y aurait-il pas eu quelque panache à ce que le responsable RN aille lui-même se frotter à la secrétaire d’État sortante ? “Ce n’est pas un concours d’amitié pour faire tomber la copine à madame Macron”, rétorque celui qui reste donc candidat à sa succession à Marignane dans la 11e.
Qu’importe si nombre d’acteurs sont connus et que certains ressorts du scénario semblent déjà écrits, Franck Allisio garantit de l’inédit. Notamment dans la 2e à Marseille et dans la 14e, à Aix. Dans les deux cas, les binômes seront connus avant dimanche 18 heures, date butoir pour enregistrer sa candidature en préfecture.
En l’état actuel des choses il n’y a pas de discussions en cours avec Stéphane Ravier et il n’y en aura pas.
Franck Allisio, RN
Dans la 2e circonscription, soit les 7e et 8e arrondissements de Marseille, Franck Allisio promet “a minima un symbole, une surprise” qui, dit-il, “explique beaucoup de cette dynamique” en faveur du RN. Il ne s’étend pas sur cette prise de guerre dont le nom sera annoncé ce samedi 15 au matin. t écarte l’hypothèse d’un parachutage, qui selon lui ne prend jamais à Marseille.
Il balaye aussi avec force l’éventualité d’un retour de Stéphane Ravier – ancien RN passé chez le frère ennemi Reconquête, mais désormais en froid avec Éric Zemmour. “En l’état actuel des choses, il n’y a pas de discussions en cours avec Stéphane Ravier et il n’y en aura pas”, cadre le délégué départemental. Avant d’expliciter : “Vous savez très bien combien Marine [Le Pen] et moi avons été affectés par la violence de la campagne [présidentielle]”, avec “ses couteaux plantés dans le dos “ et “sa tentative d’assassinat en bande organisée”. De la part du parti d’Éric Zemmour, Franck Allisio ne s’attend à aucune faveur : “Il y aura un candidat de Reconquête face à chacun de nous”.
Le pied de Martine, les tripes de Rivoallan
Pas de rabibochage prévu donc, mais du sang neuf pour tenter d’enlever une circo des beaux quartiers (2e) dans laquelle la bataille des droites s’annonce rude. Franck Allisio ironise du choix entre “deux macronistes” qui s’offre là aux électeurs. La sortante Renaissance, Claire Pitollat y sera opposée, entre autres, à la patronne de la fédération Les Républicains, Laure-Agnès Caradec. “En quoi Laure-Agnès Caradec sera-t-elle une candidate d’alternance ? C’est une LR macroniste”, à l’image “de Martine [Vassal] qui a un pied chez Macron et de Renaud [Muselier] qui y a les deux”, pique le patron départemental du RN.
Franck Allisio veut croire que “la recomposition phénoménale” du paysage politique à l’œuvre depuis dimanche viendra grossir ses rangs d’élus de la droite traditionnelle. Il en veut pour preuve le pas en avant (suivi de deux en arrière) effectué par Jean-Baptiste Rivoallan. Conseiller d’opposition LR à Marseille et président du groupe de droite Une volonté pour la métropole, l’élu a salué mardi 11 juin dans un post sur X le “courage” d’Eric Ciotti avant d’effacer son tweet. Une recrue de cet ordre plairait-elle au leader RN ? “Oui ! Son tweet était un élan du cœur, un élan de tripes”, dit-il. Avant toutefois de fustiger avec acidité ceux qui font machine arrière “quand on les menace de leur retirer leurs délégations”.
Rivoallan et Allisio ont-ils discuté ? Non. Oui. Peut-être… Franck Allisio se perd dans sa réponse et évoque soudain son droit à des relations d’ordre privé. Mais il l’affirme, il y a eu des “contacts” avec des élus Les Républicains. Avec Yves Moraine qui a annoncé choisir le RN plutôt que l’union de la gauche au second tour ? “Pas encore”, répond-il dans un mince sourire.
Pas d’effet Ciotti
Il n’empêche, l’effet Ciotti ne saute pas aux yeux. Aucun cadre local des Républicains n’est allé jusqu’à rallier ou soutenir officiellement la bannière de “l’union pour la France”. La raison ? “Les chefs à plumes sont macronisés. Renaud et tant d’autres sont allés à la soupe !”, s’agace encore Franck Allisio. Tant pis pour cette “classe politique fossilisée”. “Nous, on a gardé leurs électeurs”, dit-il encore.
Pour l’heure, seul Olivier Fayssat se présente comme un transfuge de chez Les Républicains et offre un visage non issu des troupes de l’extrême droite locale. Candidat parce que “[son] ami Eric Ciotti” le lui a demandé, ce courtier en assurance de 56 ans s’aligne dans la 6e, les quartiers Sud-Est de Marseille où le député Renaissance Lionel Royer-Perreaut se représente. Encarté LR par intermittence ces dernières années, Olivier Fayssat indique faire partie de “ces nombreux citoyens qui partagent ce lieu commun : on a la droite la plus bête du monde”. Le candidat dit avoir frôlé “le burn out électoral (…) tiraillé entre ses convictions politiques et ses amitiés. Là, tout se rejoint.” Éléonore Bez, qui concourait sous les couleurs RN dans cette circonscription en 2022 est donc éjectée de la liste des prétendants à un fauteuil au palais Bourbon. Elle devrait, une fois la page législative tournée, entrer au Parlement européen. Trente-quatrième sur la liste, elle profitera des places libérées par ses colistiers entrant, eux, à l’Assemblée nationale.
Joseph Staline en centre-ville
Deux petits nouveaux figurent dans les rangs RN de ces législatives anticipées. Pas aux places les plus aisées, mais positionnés dans “des terres de mission”, selon l’expression de Franck Allisio. Franck Liquori est investi dans la 5e, circonscription enlevée par l’insoumis Hendrik Davi en 2022. Elle regroupe en partie les 4e, 5e et 6e arrondissements de Marseille, peu favorables à l’extrême droite. Reste la 4e : l’hyper-centre marseillais dans lequel Manuel Bompard (LFI) se représente. Là, le délégué du RN l’affirme, “la France insoumise présenterait Joseph Staline, il serait élu”. Raison pour laquelle, sans doute, il envoie une novice au front. Aurélie Quinquis, agente immobilière marseillaise, 32 ans dont 12 de militance au RN, était suppléante de Julien Tellier en 2022. Cette fois, c’est elle qui portera les couleurs du parti à la flamme là.
La présentation des candidats ne laisse guère de place à l’exposé des axes programmatiques du RN. Il tient en peu de mots dans la bouche de Franck Allisio. Il s’agit de “remettre Marseille, la Provence et la France en ordre” : “avec la fin de l’anarchie migratoire” et “un ordre économique juste” qui arrêterait “la spoliation du pouvoir d’achat des Français”.
Surtout, aux yeux du responsable d’extrême droite, ces législatives revêtent “un enjeu considérable” et permettent d’avoir la tête à l’après. Il tient en plusieurs temps : d’abord “Jordan Premier ministre”, puis “Marine présidente.” Ce qui n’empêche pas Franck Allisio de penser aussi à son avenir personnel. L’air de rien, il glisse : “Les législatives sont un avant-goût des municipales et nous comptons bien gagner beaucoup de communes dans les Bouches-du-Rhône, y compris la première d’entre elles.”
Commentaires
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belle brochette !
aux législatives de 81, après l’élection de mitterrand, le ps a pu faire élire un nombre de députés considérables, on disait qu’ils auraient pu présenter des chèvres, elles seraient passées.
la situation est quand même différente, mais…..
et dans ma chère 1ere circo, qui c’est grisetti ? la tante d’allisio, ok, mais à part ça ? jamais vu !
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Bonjour,
La députée LELOUIS est élue dans la 3eme circo et non la 6.
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Merci de nous lire et d’avoir un oeil de lynx! Je corrige cette erreur tout de suite.
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Dans cette circo, on avait malheureusement assisté à un vote communautés contre communautés, les cités contre les noyaux villageois ( “nouveau peuple créolisé” contre “petits blancs”) expression de la nouvelle stratégie de Mélenchon.
Patatras, Mme Lelouis est élue, la stratégie mélenchoniste s’étant retournée contre le candidat LFI (méritant au demeurant).
Ce coup ci, la première ayant échoué, on change de stratégie. On ne représente pas le perdant qui est pourtant bien implante mais un écolo. En espérant que les habitants des noyaux villageois ont la fibre verte?……
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J’ouvre les paris sur la “surprise” dans la 2e circo : le petit Moraine ?
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Ils ont dit “une surprise”, donc ça ne peut pas être lui 😉
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Je verrai bien la pieuse Pila. Elle si prolixe d’ordinaire sur les réseaux sociaux est d’une discrétion de violette depuis le 9 juin
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Il est capable de tout et même pire!
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il faut sortir ces sortants
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