Européennes : les combines de Grégory Allione, candidat macroniste et ex-chef des pompiers
De 2016 à 2022, Grégory Allione a bénéficié d'une mise à disposition gratuite de la part de son employeur, le service départemental d'incendie et de secours des Bouches-du-Rhône, pour lui permettre de s'investir en tant que vice-président puis président de la fédération des sapeurs-pompiers de France. Or, un fonctionnaire ne peut être mis à disposition d'une structure privée, dénuée de toute mission de service public, comme c'est le cas de cette fédération.
Grégory Allione en meeting à la Coque en compagnie de colistières, d'Elisabeth Born et Sabrina Agresti-Roubache, le 30 mai dernier. Photo : Grégoire Mothe.
Sur la scène de La Coque, ce jeudi soir, à Marseille, Grégory Allione vit ses premiers applaudissements militants, au côté de ses colistières, dont l’ancienne première ministre Elisabeth Borne, descendue à Marseille pour l’évènement. Dans la petite salle de la Joliette, il se prête volontiers au jeu des questions-réponses avec une assistance acquise à la cause du parti macroniste.
Dans la dernière ligne droite de la campagne, la liste Renaissance menée par Valérie Hayer pour les élections européennes du 9 juin met en avant un de ses candidats, issu de la “société civile” et nouveau venu en politique à ce niveau de mandat électif. Huitième sur la liste, en position éligible, Grégory Allione a pour lui le prestige de l’uniforme des pompiers.
Ce n’est pas le bleu du fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, que revendique Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex et propulsé en troisième position de la liste du RN. Ni le kaki discret du général Gomart, ancien patron du renseignement militaire, également en troisième position sur la liste LR. Mais les soldats du feu ont pour eux une popularité sans faille, qui pourrait permettre à la liste Renaissance, régulièrement annoncée larguée par le RN dans les sondages, de grappiller quelques points.
Une carrière dans le sud
Si Grégory Allione est un quasi inconnu au plan national, il l’est moins dans le Sud de la France où il a effectué la majeure partie de sa carrière. Il y dirige toujours l’École nationale supérieure des officiers sapeurs-pompiers (Ensosp), située à Aix-en-Provence. Avant cela, il était en poste au service départemental d’incendie et de secours, le SDIS 13, un satellite du département des Bouches-du-Rhône, présidé par le maire (DVD) de Bouc-Bel-Air, Richard Mallié. Curieusement, sa biographie officielle sur le site de campagne préfère mettre en avant une autre ligne de son CV, d’ailleurs de manière erronée, pour résumer sa carrière.
“Âgé de 52 ans, cet ancien directeur de la fédération nationale des sapeurs-pompiers est une figure reconnue dans le monde des soldats du feu”.
De fait, Grégory Allione n’a jamais été directeur de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). Cette mention a d’ailleurs été corrigée depuis la parution de cet article : il a été le président de la fédération durant quatre ans, de 2018 à 2022, alors qu’il exerçait toujours la fonction de directeur du SDIS 13.
Un “en même temps” gênant
Contrairement à ce qu’écrit sa biographie officielle sur la liste Besoin d’Europe, ce n’est pas “ensuite” qu’il s’est investi comme administrateur de la fédération des pompiers mais en même temps qu’il dirigeait le SDIS 13, fort de quelque 1200 pompiers professionnels. Et ce sont les conditions de cet “en même temps” très macronien qui interrogent aujourd’hui.
D’après les documents que Marsactu a pu consulter, le directeur du service d’incendie et de secours des Bouches-du-Rhône depuis 2014 bénéficiait d’une mise à disposition auprès de la Fédération nationale des sapeur-pompiers et ce, dès son élection au sein du comité exécutif de l’association en 2016. Problème, Grégory Allione est fonctionnaire territorial depuis le début de sa carrière chez les pompiers, mis à part quelques parenthèses politiques au sein de cabinets ministériels.
Dans la délibération soumise à l’approbation du bureau du SDIS 13, en 2022, les élus approuvent à l’unanimité la convention entre la fédération et le service départemental “en vue de garantir l’accomplissement du mandat électif” de l’intéressé “tout en veillant à la nécessaire compatibilité avec [sa] profession” jusqu’à la fin de son mandat prévue pour 2024.
Une convention open bar en 2019
Dans ladite convention, les deux entités s’accordent sur “l’intérêt conjoint” qu’elles ont à faciliter l’engagement associatif de Gregory Allione. Mieux, il bénéficie pour ça d’un aménagement d’emploi du temps, sans rien préciser du nombre de jours ou d’heures de mise à disposition. Dans les précédentes conventions, de 2016 à 2019, la mise à disposition ponctuelle était évaluée à la louche à 60 jours par an soit cinq jours par mois.
En 2022, s’y ajoute une mention open bar, puisque Grégory Allione qui signe la convention avec le président du SDIS 13, Richard Mallié, peut s’appuyer, “sous réserve de nécessité, sur les structures et les moyens de la direction départementale pour l’accomplissement de son mandat associatif“. On ne sait pas à quel point, le colonel Allione met à profit les moyens publics de son établissement pour les besoins de la fédération qu’il préside. En tout cas, en juillet de la même année, le SDIS 13 met volontiers à disposition de la fédération “à titre gracieux” un camion de pompiers durant plusieurs d’étapes du tour de France. La fédération présidée par Allione y mène des actions de sensibilisation à la prévention, en partie avec des moyens publics.
Or, la loi est très claire concernant la mise à disposition de fonctionnaires. Si celle-ci est possible, elle repose sur un cadre précis. La loi liste donc les organisations qui peuvent accueillir un fonctionnaire dans le cadre d’une mise à disposition et elles ont toutes en commun la dimension “publique“, que cela soit par la nature même de cette organisation (administration, collectivité, établissement) ou la mission qui y est exercée, même par une entreprise privée. Et, dans ce cas, la mise à disposition dudit fonctionnaire doit être strictement limitée aux “seules missions de service public confiées à ces organismes“.
Le lobby des pompiers
La fédération des sapeurs-pompiers de France ne relève pas d’une organisation publique. Elle n’exerce pas non plus de mission de service public, même si elle rassemble des femmes et des hommes qui ont le sens du service chevillé au corps. Ainsi elle est déclarée en tant que lobby auprès de l’Union européenne et paraît à ce titre dans le registre de transparence, mis en place par les institutions européennes pour répertorier les organisations qui cherchent à exercer une influence sur le processus législatif européen. La fédération est l’émanation des unions départementales, elles-mêmes issues des amicales communales des sapeurs-pompiers. Une grande partie de son activité consiste à défendre le statut de sapeur-pompier volontaire, notamment contesté par les syndicats professionnels.
Elle figure également au sein du répertoire des “représentants d’intérêts” de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour son activité de défense du modèle français de sécurité civile.
La fédération des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) ne peut donc pas bénéficier de la mise à disposition d’un fonctionnaire. C’est d’ailleurs, la réponse immédiate d’Éric Brocardi, le directeur de la communication de la FNSPF. “Cela n’est pas possible, explique-t-il. C’est comme si mon père, prof d’EPS, était mis à disposition de la fédération française qu’il préside“.
Un collaborateur de cabinet à cheval sur deux entités
Comme nous lui expliquons que nous disposons de documents officiels signés par les deux parties faisant état d’une mise à disposition, il nous conseille de les faire suivre à Jérémy Sénatore, le chef de cabinet du président de la FNSPF. Lui non plus n’est pas un inconnu, sous nos latitudes, puisqu’il cumule ces fonctions avec celle de directeur de cabinet du maire de Bouc-Bel-Air et président du SDIS 13, Richard Mallié depuis 2019.
“Ce n’est pas du tout une mise à disposition, justifie-t-il à son tour. La fédération n’est pas apte de par ses statuts à bénéficier de la mise à disposition de fonctionnaires. Il s’agit d’une convention de dédommagement qui permet de couvrir les frais du SDIS qui seraient occasionnés par l’exercice de son mandat associatif. S’il utilise les timbres, le téléphone, voire même un véhicule du SDIS. Cette convention concerne tous les membres bénévoles du comité exécutif de la fédération. Elle est d’ailleurs prévue par un article de notre règlement intérieur“.
Effectivement, l’article 48 du règlement intérieur de la fédération prévoit une telle convention liée “à l’utilisation du secrétariat, des moyens de communication téléphonique ou de télécopie, à l’affranchissement des courriers, aux frais de véhicule, et en général toutes les utilisations qui peuvent être faites des moyens appartenant à leur employeur” pour déterminer “forfaitairement le remboursement de ces coûts“.
La convention signée en 2019 et celles en vigueur les années précédentes ne détaillent aucun frais mais uniquement “des facilités de service pour l’accomplissement de sa mission et pour effectuer des tâches liées à son mandat, dans la limite de 60 jours par an“. Ces “facilités” donnent lieu à remboursement pour un montant de 4421 euros, payés en deux fois. Pire, elles sont définies comme “une mise à disposition ponctuelle” à la première page de ladite convention.
Feuille de calcul
Même chose en 2016, alors que Grégory Allione n’est encore que vice-président de la fédération et déjà patron du SDIS. Il n’est nulle part question de timbre ou de téléphone mais bien d’une “convention de partenariat (…) visant à la mise à disposition ponctuelle de monsieur Grégory Allione, auprès de la fédération pour l’accomplissement de ses missions et tâches liées à son mandat électif“. En annexe, à la convention, on trouve même une feuille de calcul permettant de détailler la façon dont l’indemnité versée au SDIS a été montée.
Cela n’empêche pas Grégory Allione de tenir exactement la même ligne de défense que son ancien chef de cabinet. En déplacement électoral en Haute-Garonne, il répond volontiers à Marsactu pour mettre en avant la même prise en charge des frais de mandat. “C’est moi qui en prenant la présidence de la Fédération ai fait supprimer la mention d’une mise à disposition car ç’en est pas une, avance-t-il. Je le sais puisque j’ai été mis à disposition du ministère de l’Intérieur par le SDIS du Var“.
Quand on lui fait remarquer que la convention de 2019 reprend encore le terme de mise à disposition ponctuelle, il rétorque “honnêtement, cela a dû se faire petit à petit“. Il reprend également un autre pan de la défense avancée par son collaborateur : “l’essentiel de mes missions à la tête de la fédération, je le faisais sur mon temps de congés. Il y avait beaucoup d’heures que je ne prenais pas, chaque année, et c’est sûr ces heures que j’exerçais mon mandat. Il me restait que le dimanche après-midi pour m’occuper de ma famille. Et une semaine de vacances, fin août s’il n’y avait pas d’incendie“.
Quant à son engagement dans le champ politique, Grégory Allione le relie directement à sa défense du modèle français. “Honnêtement, c’est le deal, explique-t-il. Je me suis engagé dans la campagne pour ça“. Il croisera donc ses anciens collègues bénévoles de la fédération, dans les couloirs du parlement européen, s’il est élu dimanche…
Actualisation le5 juin à 18 h 52 : La mention erronée des responsabilités de Grégory Allione au sein de la Fédération nationale des sapeurs pompiers a été corrigée sur le site de campagne de la liste Renaissance.
Commentaires
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Et voilà un nouveau lièvre de levé ! Et qui concerne, ô surprise, le Département et son marigot politique.
Incompétence ? Jemenfoutisme (des règles du service public) ? Ou escroquerie volontaire sur argent public ?
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Le SDIS 13 n’enest plus à une magouille près. Et toujours avec la complicité active du Département ( déjà du temps de JeanNono) et de l’incontournable Maillé.
Parions que l” incendie” allumé par Marsactu sera vite circonscrit.
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méconnaissance des textes, incompétence crasse, indifférence des régles….oui, tout à la fois, selon le niveau d’intervention.
mais surtout, la certitude qu’ils ( département, allione, maillé…) ont le “droit” de faire ce qui les arrange, et que l’impunité est la règle.
un “incendie” ? quel incendie ?
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Oh le Maillé, élu au service de toutes les bonnes causes, lobbyiste pour les buralistes, le vin, les chasseurs
Wikipedia liste ses appétences quand il était député
Pour la peine de mort
Pour le travail le dimanche
Pour la baisse du budget de l’Assemblée Nationale et contre le gaspillage d’argent public
Pour le maintien du nombre départemental sur les plaques d’immatriculation
Contre le droit de vote des étrangers
Contre l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne
Contre la théorie du genre
Contre la loi Bichet
Contre la suppression des panneaux ou des avertisseurs de radars
– Au concours de Superbeauf, il serait pas mal placé pour le podium
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Il est contre le gaspillage d’argent public ? Chiche. Qu’il commence par lui-même et son entourage professionnel et amical.
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Je trouve la véhémence des commentaires précédents excessive. Il aurait évidemment mieux valu que tout soit correct réglementairement, mais que son administration lui ait laissé du temps et des moyens pour assurer des missions qui, de fait, concourent, directement ou indirectement, à l’intérêt général ne me parait pas exorbitant, d’autant que manifestement tout cela a été correctement documenté et fait l’objet de décisions publiques, il n’y avait pas de volonté de dissimuler d’une infraction ou un passe droit.
C’est plutôt le procès de la misère du bénévolat en France, l’exemple donné par l’un des interviewés du fonctionnement d’une fédération sportive est parlant : beaucoup d’activités repose sur le travail gratuit de bénévoles là où des agents publics devrait être mis à disposition ou des salariés rémunérés.
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oui, c’est vrai, FW, peut être excessifs ces commentaires.
cependant, où qu’on se tourne on se retrouve dans l’entre soi, avec les mêmes élus, les mêmes personnalités….pas forcément d’enrichissement personnel (quoique ?) mais un laxisme évident pour les lois et règlements auquels le commun des mortels est lui, bien obligé de se conformer.
oui misère du bénévolat, certes, mais certaines fois des assoc, des organisations fonctionnent en circuit fermé (les mêmes élus, les mêmes personnalités) et il est compliqué parfois pour le citoyen lambda de s’impliquer dans ces structures.
ce n’est pas le cas de la majorité des assoc, qui effectivement parfois excutent des travaux bénévoles qui relèvent de services publics disparus
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C’est ce qui fait la grandeur du bénévolat Julijo.
Vous dénoncez l’entre soi du département avec raison , penchez vous sur l’entre eux du Payanisme associatif qui est un véritable business.,que pensez de ces professionnels de l’associatif ?.
Barbapapa, Maillé n’est pas ma tasse de thé, mais surveillez quand même votre vésicule biliaire ,elle est en sur régime.
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comme d’habitude une lecture en diagonale, et un essai d’évitement du sujet !
je ne critique pas ” l’entre soi du département ” je parle d’une façon générale des assoc.
là on parle de la FNSPF, et bien sûr, quelle implication de payan ??? mystère.
je ne reviendrai pas sur votre détestation pathologique de payan….
quant à maillé, il est relativement connu en politique depuis…les années 90 je crois ! et il n’a pas la réputation de quelqu’un d’intègre et d’honnête…il a été condamné il me semble il y a un moment à une peine d’inégibilité..?
barbapapa a raison un vrai beauf ! pur sucre.
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Sur la photo de gauche à droite : Barbie, la cheftaine scoute, Greg Yaga, James Bond, l’attachée de presse.
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Je suis désolé, mais en tant qu’ancien fonctionnaire et bénévole de plusieurs associations, je ne vois là aucune illustration de quoi que ce soit de bien net.
“Honnêtement”, c’est ainsi qe ce monsieur entame diverses réponses…
Étonnant comme quelqu’un qui a eu des fonctions administratives d’un rang assez élevé méconnaît des textes réglementaires élémentaires ; étonnant comme d’autres fonctionnaires de la DRH, qui épluchent parfois ces textes pendant des jours avant d’opposer un refus à une demande de congé de formation, se sont fourvoyés ; et “honnêtement”, quand on sait que des décisions d’une importance bien moindre ne passent que si elles ont été validées par le cabinet de la présidence du Conseil départemental…
Honnêtement, en tant qu’ancien fonctionnaire je m’interroge.
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en photo la “dream team” qui va conquérir Marseille
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Qui va tenter du moins.
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Et au fait en parlant du département, ça intéresse personne de savoir si RC a payé son dû ?
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