La région est-elle encore accro au charbon ?
Alors qu'Uniper menace de fermer la partie charbon de sa centrale de Gardanne, la CGT locale défend l'utilité de l'équipement. En période de pics de consommation, les centrales thermiques à énergie fossile garantissent l'alimentation de la région en électricité. Un rôle qui rend l'usine gardannaise indispensable aux yeux de ses salariés. Les responsables du réseau d'électricité pondèrent cette affirmation.
La région est-elle encore accro au charbon ?
La région peut-elle se passer de la centrale à charbon de Gardanne ? Présentée comme une “péninsule électrique”, consommant bien plus qu’elle ne produit, Provence-Alpes-Côte d’Azur dispose d’une des quatre dernières centrales à charbon de France. Or fin avril, le gouvernement a annoncé qu’il allait appliquer une surtaxe carbone pour ce type d’installations particulièrement polluantes. Immédiatement, Uniper, propriétaire du site de Gardanne, évoquait une fermeture d’ici l’été. La société allemande, filiale du groupe EON, exige des “mesures d’accompagnement” de la part du gouvernement. Aussitôt, la CGT bloque la centrale et demande des garanties sur l’emploi et le maintien de la partie charbon. Elle pointe également le risque d’une fermeture intégrale du site, y compris la partie “biomasse”, la production d’électricité à partir de bois et de déchets verts.
Cette menace, qui n’est pas la première sur la centrale de Gardanne, amène irrémédiablement à s’interroger sur le rôle de cette installation dans le paysage électrique régional.
Absorber les pics de consommation
Les centrales à charbon fonctionnent de manière discontinue, en moyenne 4000 heures par an. Elles sont mises en route lors des pics de consommation, principalement l’hiver et le soir. Ces usines font partie avec le fioul et le gaz de la famille des centrales thermiques à énergie fossile. Elles ont représenté en 2015 un peu plus de 40% de l’électricité produite dans la région, juste derrière les centrales hydrauliques. “Dans notre région très marquée par un déficit de la production électrique, la centrale de Gardanne est la seule à fournir Nice et tout l’est de notre territoire. Il est incompréhensible de mettre en péril cet outil industriel et la pérennité de ses emplois”, écrivait Roger Meï, maire communiste de Gardanne, le 11 mai à Manuel Valls.
L’argumentaire développé par la CGT présente lui aussi la centrale comme indispensable dans le mix énergétique régional : “Nous avons rappelé au préfet que nous avons été réquisitionnés lors de l’hiver 2012, défend Nadir Hadjali, responsable CGT. En pleine grève, le préfet avait fait rappeler le personnel pour faire fonctionner la centrale. La biomasse et le charbon ne sont pas du tout sur le même terrain. La biomasse va fonctionner en continu et nous, on fonctionne lors des périodes de pointe”. En somme, sans la centrale de Gardanne, ce serait le black-out, la panne assurée lors des envolées de consommation. Lors des mois d’hiver, les centrales thermiques peuvent représenter jusqu’à 60% de l’énergie produite au niveau local, comme en novembre 2015 (voir graphique ci-dessous).
“Dernier outil de production” à l’ouest
Du côté de la filiale d’EDF Réseau de transport d’électricité (RTE), qui gère l’approvisionnement en électricité, le diagnostic est bien plus nuancé. “Si toutes les centrales thermiques de la région ne fonctionnaient pas en hiver, on serait embêté oui, reconnaît son directeur régional Jean-Philippe Bonnet. Mais avec une capacité de 3000 mégawatts, même si une centrale est en panne ou à l’arrêt, nous arrivons à assurer l’approvisionnement”. Il y a deux ans, par exemple, en raison d’un mouvement de grève, la centrale est restée à l’arrêt pendant six mois, de janvier à juin.
La région a également la particularité d’avoir une capacité hydroélectrique importante, sur la Durance. Cette dernière peut être activée en quelques heures si nécessaire. L’hydraulique a cependant le désavantage d’être dépendant de la pluviométrie. La région est donc caractérisée par l’absence de nucléaire et la forte prépondérance du duo thermique fossile et hydraulique. Le photovoltaïque progresse également avec une capacité de 870 mégawatts. Ce qui permet à RTE, dans son bilan électrique régional 2015, de mettre en avant le chiffre de 64% d’électricité régionale issue d’énergies renouvelables.
Pas de quoi sauter au plafond non plus car la région importe massivement des mégawatts de Rhône-Alpes, produits grâce aux barrages mais aussi à des centrales nucléaires. Autre enjeu : l’équilibre consommation/production au sein même de la région. “La centrale est le dernier outil de production d’ici à Monaco”, s’insurge la CGT. Les Bouches-du-Rhône concentrent bien les lieux de production, notamment les centrales thermiques, tandis que la métropole niçoise consomme beaucoup sans produire. Mais ce n’est pas finalement cela qui semble préoccuper le plus l’opérateur de réseau : “l’enjeu aujourd’hui n’est pas tellement celui du lieu de production, argumente Jean-Philippe Bonnet. Il est plutôt de faire en sorte d’adapter la consommation à la production et non l’inverse”. Il conseille donc aux Niçois de faire tourner leurs machines à laver en journée quand ce sont les panneaux solaires du Haut-Var qui produisent l’électricité.
Commentaires
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Laver son linge en journée. Riche idée ! Les heures creuses sont concentrées sur la nuit. C’est tout benef pour EDF.
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Ca dépend de l’abonnement, et si les taxes carbone augmentent, l’abonnement pourrait changer …
Ceci-dit, il y a beaucoup de choses pour lesquelles les alpes maritimes semblent peu habiles: limiter les rejets en mer, traiter leurs déchets dans leur département, produire leur électricité… Ah la côte d’Azur !
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