Lyon : s’illuminer pour séduire

Premier billet depuis trois mois de déplacements loin de Marseille : j’ai pris quelques notes, un peu de recul, j’ai pris peur aussi ! Mais je reviens d’ici une semaine en ville, et dès maintenant sur le blog pour une série de cartes postales de vacances. Je me trouve en ce moment à Lyon, en pleine fête des lumières et je n’ai pas pu résister à l’idée de partager quelques idées que m’a inspiré cet événement, notamment la manière dont certains habitants se l’approprient et le rôle de la fête dans la stratégie de rayonnement de la ville.

Sans avoir mené d’enquête bien approfondie, je peux me baser sur plusieurs années d’observation (plus ou moins) participante avec des lyonnais de la Croix-Rousse. C’est à partir de ça qu’il faut lire la suite. A l’inverse des millions de touristes attirés vers Lyon comme autour d’une lampe sur une terrasse l’été, j’ai de plus en plus l’impression que les lyonnais fuient la lumière pendant le week-end accolé au 8 décembre.

Ils sont nombreux à pester contre ce week-end de fête qui paralyse littéralement leur ville (rentrer du boulot ou tout simplement rentrer chez soi un samedi de fête des lumières relève du parcours du combattant). Certains boycottent la fête du week-end mais y participent le soir du 8 décembre, de préférence hors du week-end. D’autres quittent la ville, louent leur appartement sur airbnb à prix d’or et s’en vont à proximité. On assiste curieusement à un remplacement temporaire de population avec un centre-ville de Lyon prêté à des italiens, espagnols, parisiens, marseillais et banlieusards de Lyon le temps d’un week-end, le tout aux frais de ces mêmes contribuables ayant fuit la ville. Payer pour organiser une fête réservé aux invités : l’acmé de l’hospitalité ?

Oui et non, car à l’image de ceux qui louent leur appartement à prix d’or, ce week-end rempli chambres d’hôtels, restaurants et bars. Le compte doit y être pour la ville. On est aussi dans une démonstration de force, le don dominateur de Mauss : la fête des lumières est un objet de séduction massive pour la métropole lyonnaise. Éblouir pour attirer et rappeler que la seule grande métropole française hors de Paris est ici. Jeune marseillais qui en a marre de ne pas voir ta ville s’animer, met un bonnet et vient contempler la puissance lyonnaise, et si tu veux, ne prend pas de billet retour, on a du boulot pour toi  ! Il n’y a pas de don gratuit !

S’éclairer pour rayonner, c’est assez con comme idée mais ça marche ! Il y a trois ans, j’essayais d’imaginer ce que pourrait être l’équivalent marseillais, je suis étonné que notre équipe municipale obsédée par le tourisme n’ait pas encore sorti ses idées… Ou peut-être ont-t-il peur de ce qu’ils pourraient montrer à des millions de visiteurs ? A l’inverse de Lyon, chez nous, il faudrait commencer par séduire les habitants (et notamment pour les plus jeunes leur donner envie de rester), et ça, ça ne passe pas que par l’organisation d’une fête un week-end par an.