A droite, l’UDI veut grappiller quelques députés

Maurice Di Nocera et Jean-Claude Gaudin lors des voeux 2014 du maire du 4/5 Bruno Gilles. Photo Esther Griffe.

La devise pourrait être brodée au revers de l’écharpe bleu-blanc-rouge. Une fois l’élection passée, penser à la suivante. A peine les régionales achevées que la présidentielle et les législatives occupaient déjà tous les esprits. A droite, le calendrier a été d’autant plus accéléré que la primaire organisée par le parti Les Républicains pousse chacun à se positionner. Malgré l’immense incertitude liée au résultat de la présidentielle, les candidatures se dévoilent déjà.

Singulière est encore la position de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), allié traditionnel de l’UMP, dont le président national propose de claquer la porte de la primaire, faute d’accord avec les Républicains. Un vote des militants doit valider cette position lors du congrès du parti le week-end prochain. Bien avant ce coup de théâtre, “Jean-Christophe Lagarde avait demandé aux fédérations départementales de faire remonter les candidats potentiels aux législatives dans les circonscriptions aujourd’hui détenues par la gauche”, explique la présidente départementale du parti Arlette Fructus.

Il a ainsi réveillé les ambitions “même s’il n’y avait pas besoin de ça”, s’amuse l’adjointe au logement de Jean-Claude Gaudin. Elle ne cache pas sa volonté d’être candidate dans la circonscription du nord-ouest de la ville, où le sortant est le socialiste Henri Jibrayel. Face au manque de leader LR dans le quartier, elle ne devrait pas trouver beaucoup de concurrence dans son camp.

Di Nocera, Genzana, les ambitieux de l’UDI

D’autres en revanche se sont lancés dans un combat avant le combat. C’est notamment le cas de Maurice Di Nocera qui se voit disputer la candidature dans la 5e circonscription (qui regroupe tout ou partie des 4e, 5e, 6e arrondissements) au maire des 6e et 8e Yves Moraine. Ce dernier a été adoubé par LR face à la sortante PS Marie-Arlette Carlotti pour sa première candidature à la députation.

C’est tout le contraire de Maurice Di Nocera, vieux routier de la politique “à l’ancienne” comme il l’admet lui-même, aujourd’hui adjoint au maire délégué aux grands événements et vice-président au sport du département. Toujours bien placé sur les photos, celui qui a “commencé sa carrière à 14 ans en 1958 au Provençal parce que [son] père l’avait demandé à Gaston Defferre” et mené une carrière politique à ses côtés avant de basculer à droite, se prépare à une deuxième élection législative après sa défaite en 1993. Enfin, c’est en tout cas la volonté qu’il affiche. “Vous pouvez l’écrire, je suis candidat à la candidature et c’est irrévocable, pose-t-il.

“Je suis un meilleur candidat qu’Yves Moraine. C’est un petit adorable mais il n’est pas qualifié pour ce combat. Il est bien moins connu que moi dans les 4e et 5e arrondissements dont la clientèle n’est pas celle des 6e et 8e ! Il n’a pas la culture du porte-à porte et ça ne s’apprend pas en 6 ou 8 mois.”

“Ça fait un peu désordre”

Le ton incisif est inhabituel au sein d’une majorité municipale marseillaise habituée à marcher au pas. Mais il n’effraie pas chez LR. “Je ne veux pas faire de commentaire là-dessus, balaie Yves Moraine. Ma future suppléante [la vice-présidente du département] Marine Pustorino et [l’ancien député de la circonscription] Renaud Muselier m’ont dit que c’était pareil en 2012″. Dans sa mairie des 4e et 5e arrondissements, le nouveau président de LR dans le département Bruno Gilles reste lui aussi flegmatique : “L’adjoint au maire, élu des 4e et 5e arrondissements, candidat contre le maire des 6e et 8e arrondissements et poulain de Jean-Claude Gaudin, ça fait un peu désordre. Mais ce n’est pas parce qu’il y a un peu d’écume qu’il faut en faire une tempête.”

Le patron des LR voit aussi arriver devant lui un autre dilemme. Le vice-président UDI à l’environnement du département, Bruno Genzana affirme se préparer à candidater dans la 10e circonscription qui inclut notamment les communes de Gardanne et Allauch, un territoire dont il est élu depuis les départementales de 2015. “Mon positionnement politique me permettra de rassembler largement au second tour face au FN”, estime-t-il. Au même endroit, Richard Mallié (LR), maire de Bouc-Bel-Air et ancien questeur de l’Assemblée nationale, se verrait bien récupérer le siège perdu contre l’écologiste François-Michel Lambert en 2012. “Dans ce cas, c’est effectivement plus compliqué”, admet Bruno Gilles.

Pourtant, dans ce rapport de force déséquilibré, l’UDI pourrait bien ne se retrouver candidat que dans des circonscriptions ingagnables. “On a tout intérêt à être gentils, mais à l’arrivée il y a des réalités politiques. Ça ne peut pas être comme aux régionales où nos alliés centristes récupèrent un quart des postes alors qu’il ne représente pas un quart de l’électorat”, souffle Bruno Gilles. Et comme à chaque fois, les membres de l’UDI jurent qu’ils ne se laisseront pas happer dans un accord déséquilibré.