Courts circuits

Ciné Éden de Julie Caty. Photo : journal Ventilo

Malgré les coups de boutoir européens et internationaux qui visent à affaiblir les dispositifs, sous prétexte de concurrence déloyale, l’exception culturelle française tient bon et continue, au moyen de divers leviers, de soutenir la création et sa diffusion, malgré quelques dysfonctionnements (la concentration des pouvoirs, entre autres) sur lesquels il reste urgent de se pencher. Conscientes que la sémillante production de formats cinématographiques courts reste un vivier extraordinaire, un “espace de créations protéiformes, lieu d’expérimentation et de renouvellement des talents”, comme l’évoque le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée, les institutions concernées s’engagent incontestablement dans un soutien croissant, du CNC aux collectivités locales, sans oublier l’accompagnement exceptionnel de structures comme le GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques). Lesdits leviers peuvent prendre de nombreuses formes, du simple soutien financier aux résidences d’écriture, sans omettre le rôle prépondérant des structures d’accompagnement, de création et de réflexion, du Bureau des auteurs, de la Scénariothèque, des dispositifs comme Talents en Court ou des tutorats. Et bien évidemment, en termes de diffusion, la Fête du Court Métrage, événement national dont s’emparent chaque année de très nombreuses salles de l’hexagone, et qui présentera du 20 au 26 mars sa nouvelle édition, afin de mettre en valeur et d’éditorialiser toute la richesse cinématographique des formats courts.

À Marseille, c’est derechef l’excellente structure Des courts l’après-midi qui sera en charge de la programmation, alors qu’un peu plus au nord, à Aix-en-Provence, ce sera fort logiquement le Festival Tous Courts qui prendra la main dans la cité aixoise. Durant sept jours, les salles de la cité phocéenne (le Miroir à la Vieille Charité, les Variétés, la Baleine, le Videodrome 2, l’Alcazar, le Gyptis, l’Artplexe et le Pathé Madeleine) accueilleront l’événement pour un feu d’artifice de films, intelligemment sélectionnés au sein de thématiques multiples. À commencer par la présence de la cinéaste, illustratrice et sérigraphe Julie Caty, proposée par les Écrans du Sud, qui, outre la diffusion de ses œuvres (Éden, Normal), animera une précieuse masterclass. Autre invitation de taille, le cinéaste Sébastien Laudenbach, dont le formidable dernier opus co-réalisé avec Chiara Malta, Linda veut du poulet !, vient d’être primé aux César, accompagnera pas moins de sept films en parallèle de passionnants temps d’échanges.

Insistons encore sur la grande qualité d’éditorialisation du vaste programme présenté ici par Des courts l’après-midi, qui permet une circulation pertinente dans la foisonnante production de courts métrages existants, car outre les deux propositions susnommées, nous retrouverons les sélections “La fabrication de l’illusion et du mouvement dans le film d’animation”, avec Cour(t)s y-vite, “À la découverte des origines du cinéma”, à destination — mais pas que — du jeune public, la Carte Blanche à l’AARSE, Association des Auteur·ice·s et Réalisateur·ice·s du Sud-Est, “La nuit, des paillettes et des souvenirs”, sur une proposition de Victoria Rezelman et Yasmine El Maanouni, “Le Carnaval, une subversion des formes filmiques”, animée par l’historien du cinéma Federico Rossin, en partenariat avec Peuple et Culture Marseille, “Les courts qui rendent heureux”, “Transe & sentiments – Laboratoire cinéma-danse – musique”, ou la rencontre avec l’immense cinéaste Luc Moullet, point d’orgue d’une programmation de toute beauté. Autant de sélections qui regorgent d’œuvres cinématographiques de formats courts (moins d’une heure), savoureuses et exaltantes, pour le plus grand plaisir de tous les publics.

Emmanuel Vigne

La Fête du Court Métrage : du 20 au 26/03.

Rens. : www.lafeteducourt.com / www.descourtslapresmidi.fr / festivaltouscourts.com