Mais au fait, ils font grève pour quoi à la RTM ?
"La grève n'appartient plus à aucun syndicat. Ce sont les traminaux qui se battent", explique David Gimenes, délégué du personnel CGT, entouré d'une dizaine de conducteurs de bus et de tramways. Dans le boulevard de Sévigné, accolé au dépot de bus de Bougainville, les grévistes ont allumé un feu au milieu de la route et ont installées des cagettes pour la barrer. Quelques voitures peuvent quand même y passer, au pas.
Il sont à peu près une cinquantaine à se rassembler autour du barbecue allumé pour l'occasion. Certains tiennent cette buvette de fortune, à quelque pas de l'entrée d'un hangar de la régie des transports. "C'est pas nous qui prennons les Marseillais en otages, c'est le patron, martèle un conducteur. On est les premiers pénalisés par la grève". "Mais plus qu'un simple grève, c'est une lutte idéologique qu'on mène", ajoute David Gimenes. Une lutte contre le retrait de leurs acquis sociaux et pour la reconnaissance de la pénibilité de leur travail. Richard est conducteur du bus 26 et travaille à la RTM depuis une dizaine d'années. Avant, il était routier. "Il m'arrivait de faire 35 heures en 3 jours. Mais à côté de conducteur de bus, ce n'était pas un métier pénible." Lui-même utilisateur du réseau de transports depuis son enfants, il comprend l'exaspération des utilisateurs. "Moi-aussi j'en ai vécu des grèves quand j'étais plus jeune. Et je râlais contre les conducteurs en disant « ils sont au chaud toute la journée assis dans un bus, de quoi ils se plaignent ? ». Mais maintenant que je vais ce métier, je comprends". Les difficultés de leur travail, ils les ressentent tous les jours entre le manque de moyens dans des quartiers "délaissés", "l'agressivité" des voyageurs, "l'absence de police", "le stationnement anarchique"… Mêlés aux problèmes inhérent à des bus parfois usés, notamment au niveau des sièges, ce qui a valut à Richard une hernie discale, "dont je me serais bien passé", lâche-t-il.Autre négociation que la CGT veux entamer avec la direction : la fusion des primes de "non-accident" et "conduite-recette" (prime créée lorsque les poinçonneurs ont quitté les bus passant le relais aux conducteurs) ainsi que leur revalorisation. De même, ils souhaitent une revalorisation salariale par la création d'une prime accordée pour le travail du samedi dont le montant n'est pas encore fixé par le syndicat. Mais leur combat le plus important, celui qui a d'ailleurs déclenché la grève selon eux, c'est la suppression de deux jours de congés hors période, un acquis social qu'ils ne sont pas prets à perdre. Pour faire simple, tous les salariés ont aujourd'hui droit au minimum à 5 semaines de vacances par an : une pour la période hivernale et 4 l'été (période qui s'étale du 1er juin au 31 octobre). Un salarié peut fractionner ses congés et ainsi garder quelques jours hors période. Dans ce cas, et s'il garde au minimum 6 jours, il a droit à deux jours supplémentaires. Par un accord passé de longue date, les salariés de la RTM bénéficient de ces deux jours, sans avoir à fractionner leurs congés annuels. En conférence de presse ce matin, Pierre Reboud, directeur de la RTM a indiqué ne plus vouloir permettre aux salariés de poser ces jours de congés hors période, ce qui, de fait, supprime ces deux jours accordés. "Nous sommes prêts à discuter", explique Pierre Reboud. Et d'ajouter qu'"il est de règle à la RTM que l'on ne discute pas sous la menace", exigeant ainsi de la CGT de cesser la mouvement de grève avant d'entamer quelque négociation. "Sur la question salariale, il n'y aura aucune négociation", insiste le directeur. "Les négociations annuelles salariales ont été signées par tous les syndicats". Négociations qui ont abouti à une revalorisation "de plus de 3%, soit une augmentation six fois supérieure à l'indice des prix qui a augmenté de 0,5%."Vous avez un compte ?
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