Budgets, salle de shoot et gros investissements : les dossiers chauds du conseil municipal
Avec 140 rapports inscrits au menu, le dernier conseil municipal de 2023 promet aux élus marseillais une fin d'année en beauté. Plusieurs points risquent de voir la majorité du Printemps marseillais et les oppositions ferrailler. Marsactu en a sélectionné les principaux.
Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)
On sait quand ça commence, rarement quand ça finit. Ce vendredi 15 décembre, le dernier conseil municipal de l’année à Marseille débute par un gros morceau : le budget 2024. Il devrait permettre aux groupes politiques de la majorité et des oppositions de s’affronter sur la trajectoire du navire municipal. Patelin, l’adjoint aux finances, Joël Canicave, se réjouit déjà de voir sa collectivité entrer dans le cercle vertueux de celles qui votent leur budget avant le commencement effectif de l’exercice budgétaire. En pleine célébration du bilan à mi-mandat, l’aride document est assorti d’un plan pluriannuel d’investissements, le PPI, recommandé de longue date par la Chambre régionale des comptes et jamais réalisé par les précédentes municipalités. De quoi nourrir des discussions qui ne cessent de se tendre depuis l’offensive orchestrée en début d’année par les partisans de Martine Vassal et de Renaud Muselier dans l’hémicycle.
Les réunions publiques autour du projet de salle de consommation à moindre risque qui viennent de se dérouler, suivies d’une prise de position de Martine Vassal la veille de la séance, devraient relancer le débat clivant sur ce sujet soutenu par la municipalité. Et si jamais la torpeur gagnait les travées, le maire a placé tout au bout de l’ordre du jour copieux, la protection fonctionnelle qui lui est accordée à dans le cadre de son attaque pour diffamation envers le sénateur Stéphane Le Rudulier (LR). Le parlementaire avait estimé sur X (ex-Twitter) que le maire de Marseille était “du côté des trafiquants”. “Il rend la Ville otage du communautarisme, de la racaille du foot et des trafiquants”, ajoutait-il. Le maire demande donc à la municipalité de prendre en charge sa défense. En attendant de vérifier si cet usage des deniers publics fait débat ou pas, voici quelques dossiers chauds qui pourraient les nourrir d’ici-là.
L’addition du budget municipal
Les adversaires du Printemps marseillais en avaient fait une de leurs maximes favorites lors de la campagne : cette équipe ornée d’un soleil méridional n’amènerait que l'”hiver fiscal sibérien”. La prédiction n’était pas totalement fausse : pour la première fois, la Ville de Marseille vote ses taux d’imposition de l’année suivante en décembre, de même que son budget. Sous l’ère Gaudin, et contrairement aux usages en cours dans les autres grandes collectivités du territoire, il fallait attendre la date limite d’avril pour connaître les projections de la majorité.
Voilà pour la saison. Pour la température, elle reste la même depuis 2022, qui avait connu une brusque hausse de la taxe foncière. “Les contribuables paient l’addition, mais ils seront remboursés, car ils auront des équipements enfin à la hauteur”, défend l’adjointe Samia Ghali, avant de voter le plan d’investissement 2024-2029, composé de 304 projets estimés à d’1,9 milliard d’euros.
Une ambition traduite dans le budget 2024 par un volume de 325 millions d’euros, en hausse de 11 %. C’est pourtant sur l’autre volet, celui des charges de fonctionnement, que l’intention se distingue. Elles devraient progresser de 5,8 %, en particulier sous l’effet des dépenses de personnel (+ 7,7 %). La semaine dernière, la maire des 1er et 7e arrondissements Sophie Camard comparait cette “dynamique” à la politique “austéritaire” de la métropole, qui “comprime la hausse à 1 %”, malgré le contexte inflationniste. Régulièrement en attente de concrétisation des recrutements promis, dans la police municipale ou les crèches, l’élu d’opposition Pierre Robin ne s’offusque pas de ce rythme de progression. “Ce que j’ai plus de mal à voir, c’est l’exécution.”
Loyer réévalué pour le vélodrome
Le cap des huit millions d’euros par an est finalement atteint. La Ville vote ce vendredi le nouveau montant du loyer que l’Olympique de Marseille doit verser à la municipalité pour jouer dans l’enceinte sportive. De longue date, la Chambre régionale des comptes considérait que le montant initial de cinq millions d’euros de part fixe était nettement sous-évalué. Elle considérait donc comme normal de viser une part fixe de huit millions d’euros. C’est sur cette somme que le club et la Ville sont tombés d’accord, pour trois ans. Elle est assortie d’une part variable qui se déclenchera à partir de 35 millions de chiffres d’affaires, contre 40 millions précédemment. Seul petit bémol, il faudra déduire de la part fixe 50% du montant des travaux entrepris par le club pour améliorer le fonctionnement du stade, soit 1,5 million pour 2024.
Vers un territoire “zéro non-recours” à la Belle-de-mai
C’est un angle mort des politiques publiques. Dans les zones où la pauvreté et l’exclusion sévissent de manière endémique, un grand nombre de personnes n’ont pas recours aux aides et prestations sociales auxquelles elles ont droit. Selon les services de l’État, ce taux de non-recours représente 34% par trimestre pour le revenu de solidarité active, 50% pour le minimum vieillesse, 30% pour l’assurance chômage, et 72% pour la complémentaire santé contributive. Pour lutter contre ce constat, la Ville signe une convention avec l’État pour participer à l’expérimentation nationale.
Le premier territoire visé est celui de la Belle-de-Mai. La Ville y installera une équipe dédiée du centre communal d’action sociale (CCAS), en préfiguration d’une future antenne de la Caisse centrale des activités sociales. En séance, au conseil départemental la semaine dernière, la vice-présidente du CCAS, Audrey Garino (PCF) regrettait que le département des Bouches-du-Rhône ne soit pas associé à cette expérimentation, qui recoupe pourtant ses compétences. Elle n’a pas reçu de réponse de la présidente (divers droite) de l’institution, Martine Vassal.
Un nouveau Centre social pour la Castellane et une charte pour le relogement
Il s’agissait d’un des points durs du projet de renouvellement urbain de la Castellane : trouver un lieu pour le centre social du quartier, propriétaire de ses locaux et farouchement attaché à son indépendance. Le petit bâtiment carré situé au cœur de la cité était promis à la démolition, mais propriété de l’association gestionnaire. La Ville a décidé d’accorder un bail emphytéotique administratif de 50 ans à l’association pour le nouveau bâtiment. Évalué à quatre millions d’euros, celui-ci sera installé au cœur d’un triangle constitué par les tennis, gérés par l’association, la piscine promise à rénovation “et un parc ludico-sportif“. “L’ensemble de ces équipements formeront un tout cohérent, ouvert sur le quartier tout entier“, explique l’adjointe Samia Ghali, qui suit le projet depuis l’époque où elle était maire de secteur. La redevance annuelle dont devra s’acquitter l’association gestionnaire est évaluée à un euro.
Dans le même train des mesures liées à la rénovation urbaine, la Ville doit également adopter la charte de relogement mise sur pied avec la métropole. Ce document doit permettre un “parcours résidentiel ascendant” aux habitants des quartiers visés par un projet de renouvellement urbain. Elle prévoit aussi un “reste à charge” constant pour les habitants dont le logement doit disparaître.
Étude de faisabilité pour une médiathèque à Capitaine-Gèze
Combler le déficit d’équipements et notamment de bibliothèques fait partie des promesses du Printemps marseillais. Après avoir lancé le projet de la Fabrique Loubon, l’équipe municipale envisage une médiathèque dans le quartier des Crottes. La mairie ambitionne de la positionner “au cœur des quartiers prioritaires de la ville”, grâce “au plan de rénovation urbaine défendu par la Ville de Marseille auprès de l’ANRU (agence nationale de rénovation urbaine)”. Elle devrait donc trouver sa place à la sortie du métro Capitaine-Gèze, “de sorte qu’elle bénéficiera aux habitants du quartier et aura un rayonnement à l’échelle de la ville”.
Pour ce faire, l’équipe municipale va passer une convention avec Euroméditerranée afin que l’établissement public d’aménagement réalise “une étude de faisabilité pour l’implantation et pour la programmation d’un équipement dont la surface prévisionnelle est estimée entre 2400 et 3000 m².” Sa sortie de terre n’est toutefois pas pour demain. D’ici là, Jean-Marc Coppola, l’adjoint à la culture, promet de mettre un terme à la faible ouverture des bibliothèques. L’amplitude horaire devrait être étendue “au premier semestre 2024”, notamment à l’Alcazar, grâce “au recrutement de nouveaux agents au rythme de 50 par an” et à “une réorganisation” des services, dit l’élu.
Une concertation citoyenne pour l’Aménagement de la place Cadenat
“Une démarche participative (…) associant tout au long du processus les citoyens et se laissant le temps de l’expérimentation par la mise en place d’occupations transitoires”. Après une première expérimentation testée pour le réaménagement de la place Sébastopol, qui, souligne la Ville, a attesté de l’intérêt des habitants pour l’exercice, la municipalité envisage de renouveler ces concertations autour d’autres sites en attente de requalification : Notre-Dame-du-Mont (6e), la place des États-Unis (14e), la place Joseph-Étienne (7e) ainsi que la liaison Plan d’Aou/halte ferroviaire (15e). Mais surtout la place Bernard-Cadenat (3e) à la Belle-de-Mai, qui va donc en 2024 faire l’objet d’études pré-opérationnelles de requalification “sur la base d’un programme construit avec l’adhésion de tous”. Outre une large concertation des riverains, usagers et acteurs locaux du quartier, la Ville va également initier là “une stratégie d’occupation transitoire qui permettra d’expérimenter de nouveaux usages” de ces espaces urbains.
Commentaires
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Une bibliothèque à Capitaine Gèze !!! Déjà faire en sorte que les bibliothèques dans les quartiers fonctionnent correctement avec un fond digne de ce nom.
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“L’ambition fait mourir son maître” nous dit un proverbe québécois.
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Sérieux, vous pourriez arrêter d’utiliser l’expression “salle de shoot”?
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Creer de nouvelle bibliothéque pourquoi pas … mais faire fonctionner au mieux celles existantes serait déjà pas mal; voir par exemple les horaires indigents d’ouverture de l’Alcazar, faute de personnel suffisant parait-il .
ET je ne parle pas de l’accueil à la Vieille Charité qui s’est dégradé au fil des ans ; plus de librairie, des salles fermées, un personnel pas toujours très accueillants etc …
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Il est dommage que le psychothérapeute Robert Desoille ayant traité dans les années 30 ,”le rêve éveillé dirigé” n’est pas connu notre équipe municipale.Il aurait eu de la matière.
Le principe est simple: voir ( une image,une situation),vivre( émergence de sentiments à la suite de la captation)et enfin verbalisation ( exprime ses réves dans le discours).
Visiblement le Benoît était dans cette phase lors de ce conseil municipal.
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