Avec Sabrina Agresti-Roubache, “Marseille en grand accélère” en créant beaucoup de fumée

Actualité
le 24 Nov 2023
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La secrétaire d'État marseillaise veut faire avancer plus vite les projets du plan Marseille en grand. Concrètement, cette accélération se traduit par des dates de réunions avancées et la proposition d'une nouvelle opération d'intérêt national aux contours encore flous.

Avec Sabrina Agresti-Roubache, “Marseille en grand accélère” en créant beaucoup de fumée
Avec Sabrina Agresti-Roubache, “Marseille en grand accélère” en créant beaucoup de fumée

Avec Sabrina Agresti-Roubache, “Marseille en grand accélère” en créant beaucoup de fumée

Voici donc venu le temps de l’accélération de Marseille en Grand”, a promis Sabrina Agresti-Roubache pour son déplacement ce vendredi 24 novembre. Elle a également prévenu qu’elle ne ressortirait pas le carnet de chèques, mais qu’elle ouvrirait plutôt la boîte à bonnes idées. Avec ce coup d’accélérateur, elle crée surtout beaucoup de fumée avec des annonces encore floues et des rendez-vous aux dates qui restent à fixer, alors qu’elle a déjà repris la route vers la capitale.

Le programme de cette visite a été conçu comme une revue de chantier par Sabrina Agresti-Roubache en personne. Le premier rendez-vous est donné place Castellane pour parler transports. Sur le chemin, la secrétaire d’État fait des câlins à de vieilles connaissances croisées par le plus grand des hasards, se vante de connaître par cœur la ville et partage ses bonnes adresses pour déguster un thé à la menthe. Mais pas le temps de papoter, il faut “accélérer” lui rappelle son équipe.

Ainsi, la représentante du président de la République annonce la tenue en janvier prochain d’une réunion du groupement d’intérêt public (GIP) en charge de piloter les projets de mobilités. Une rencontre qui sera présidée par la secrétaire d’État en personne et où l’enjeu réside en sa capacité à réunir autour de la table la métropole et la Ville pour parler transports. Le GIP n’a rien de nouveau, mais sa dernière assemblée a été organisée il y a plus d’un an. “Que la réunion ait lieu, c’est une bonne chose, commente Audrey Gatian, adjointe au maire aux transports. Mais sur certains projets, comme le tramway de la Belle-de-Mai, on a un développement qui est très, très lent.” La Ville réclamee de nouvelles études pour évaluer l’impact du tracé choisi sur le bâti ancien du noyau villageois, ce que la métropole lui reproche. Il faudra en tout cas attendre 2024 pour voir si ces chantiers accélèrent enfin.

“Quand c’est beau, c’est plus lent”

Le déplacement se poursuit sur le chantier de construction de l’école Marceau, située justement dans le 3e arrondissement. L’établissement doit être livré dans quelques mois avec une ouverture pour la rentrée scolaire 2024. Il fait partie du plan Marseille en grand et a été piloté par la société publique locale chargée du chantier des écoles, même si le projet date de l’ère Gaudin. “On va faire référence au niveau national”, commente le maire Benoît Payan. “Cette école, c’est une école modèle”, ajoute Sabrina Agresti-Roubache. Sur place, les murs sont certes bien blancs, mais des câbles pendent toujours du plafond. “Mais quand on veut faire quelque chose de beau, c’est plus lent, mais ça va durer plus longtemps”, pirouette le premier magistrat de la ville.

Sur ce volet, la secrétaire d’État met toutefois un coup de frein au calendrier, le temps de concerter. “Ce que je veux, c’est une consultation sur le choix des écoles avec les élus et les parents d’élèves, ce qui n’a pas tout le temps été le cas. La liste a été établie dans l’urgence, mais je pense qu’on peut faire un peu plus, explique la membre du gouvernement. J’ai donné trois mois pour que quelques écoles qu’on a déjà ciblées soient ajoutées aux premières phases du plan. Trois mois, ce n’est rien sur l’échelle du temps.” Un comité de pilotage de la société publique des écoles de Marseille sera organisé pour les arbitrages, sans pour qu’on ait pour l’instant de date.

La fin de la récré

Cette visite a également une visée très politique. “Je viens à Marseille siffler la fin de la récréation”, a averti Sabrina Agresti-Roubache dans un entretien à La Provence en amont de son déplacement. L’avancée du plan Marseille en grand est en effet extrêmement liée à la capacité à la Ville et la métropole à s’entendre pour faire avancer les projets. Or, ces dernières semaines, les chicayas entre la gauche et la droite marseillaises ont repris de plus belle sur un air de pré-campagne municipale. Forcément, l’ambition supposée de la nouvelle ministre dans l’élection qui s’annonce n’est pas forcément gage d’apaisement.

Pour la venue de la secrétaire d’État, Martine Vassal et Benoît Payan font bonne figure. Mais les tensions ne sont jamais loin. “On peut s’opposer, ne pas être d’accord sur tout, mais quand les choses vont bien il faut le dire, déclare par exemple le maire de Marseille au sujet des travaux sur la place Castellane. Parfois on s’exaspère les uns les autres, mais il faut être capable de faire les choses”. “C’est vrai qu’on parle fort, mais on travaille bien”, résume de son côté la présidente de la métropole. “On s’est dit les choses les yeux dans les yeux et on s’est dit que c’est possible de se parler même en ayant des divergences”, conclut Sabrina Agresti-Roubache. La visite sur le terrain était précédée d’une réunion en préfecture avec tous les acteurs du plan Marseille en grand.

Un label et un logo

Les deux dernières annonces de l’exécutif ne font pas l’objet d’une séquence dédiée pendant le déplacement, mais ont été données la veille à la presse. Des références à ces annonces sont distillées au cours de la visite. Sabrina Agresti-Roubache va ainsi créer un label Marseille en grand pour les entreprises dès 2024. Le dispositif sera, selon son cabinet, porté en collaboration avec la région, la métropole et la chambre de commerce et d’industrie (CCI). “Aujourd’hui, il est important d’associer le monde économique en leur faisant bénéficier de l’attrait de ce plan, développe son équipe. Les projets devront être exceptionnels dans l’histoire de la ville et créer des emplois dans des secteurs innovants.” Les détails viendront, prochainement.

Mais l’annonce qui suscite le plus d’intérêt des journalistes et des élus concerne le logement. C’est aussi la plus floue. “Nous allons également étendre le périmètre de l’établissement public d’aménagement et de l’Opération d’intérêt national d’Euroméditerranée, annonce la secrétaire d’État. Nous définirons ensemble, dans les prochaines semaines, ce nouveau périmètre avec toutes les parties prenantes.” Sabrina Agresti-Roubache peine cependant à expliquer son idée. “Ce n’est pas clairement défini pour l’instant, tente d’éclairer la présidente (LR) d’Euroméditerranée Laure-Agnès Caradec. On ne sait si cela sera une extension sous forme d’un élargissement unique du périmètre vers le Nord ou de plusieurs sites individuels.” Cette OIN multi-sites pourrait également intervenir dans le pilotage des projets de rénovation urbaine.

Un Euromed agrandi, vers où ?

Une autre hypothèse est aussi sur table pour cet élargissement d’Euroméditerranée. “Nous allons créer une filiale d’Euroméditerranée : un directeur sera chargé d’instruire directement les dossiers et de piloter des opérations d’intérêt national (OIN)”, déclarait en effet la représentante du président de la République dans son interview à La Provence“Il s’agit de dire qu’il faut un seul opérateur pour aller plus vite, pour instruire et gérer les dossiers”, traduit le maire de Marseille. Mais, concrètement, les contours de cette opération d’intérêt national demeurent flous. Et encore plus, son effet accélérateur sur la construction de logements, dans tous les secteurs de la ville.

“C’est avec Euroméditerranée qu”on va réussir à transformer Marseille”, commence déjà à imaginer Martine Vassal de son côté. Mais la métropole s’interroge sur les contours d’un tel véhicule. “Si elle souhaite que cela s’articule autour du logement il faudra autre chose qu’un établissement public“, prévient Laure-Agnès Caradec. “Il faut cependant une meilleure répartition du financement d’Euroméditerranée”, avertit la présidente du département. Depuis plusieurs années, les collectivités sont les principales contributrices d’un établissement public toujours piloté par l’État. Sabrina Agresti-Roubache n’a pas le temps de répondre à ces inquiétudes en donnant davantage d’éléments techniques. Elle est exfiltrée par ses équipes. Il faudra attendre pour les explications.

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Commentaires

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  1. Forza Forza

    Comme si on avait besoin d’une pièce de plus sur l’échiquier. Si le but était sincèrement de régler les problèmes pour faire avancer les dossiers c’est un médiateur qu’il fallait envoyer, pas une candidate de plus aux municipales.

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  2. RémiP RémiP

    D’après Gilles Rof dans un article du Monde publié hier (“« Marseille en grand » : le gouvernement affiche ses premières impatiences”), le comité de pilotage de la société publique des écoles de Marseille se tiendra à la même date que la réunion du GIP sur les transports, en janvier 2024 (le vendredi 19 d’après l’interview de S. Agresti-Roubache dans La Provence d’hier).

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  3. Citoyen-ne-s-de-marseille.fr Citoyen-ne-s-de-marseille.fr

    “Ce que je veux, c’est une consultation sur le choix des écoles avec les élus et les parents d’élèves, ce qui n’a pas tout le temps été le cas. La liste a été établie dans l’urgence, mais je pense qu’on peut faire un peu plus, explique la membre du gouvernement. ”

    Mais ce n’est certainement pas aux élus de prioriser et encore moins aux parents d’élèves ! Sinon a ce compte là les élus et les parents qui gueuleront le plus fort auront le dernier mot. C’est du n’importe quoi. Ces choix doivent rester techniques en lien avec l’etat technique des écoles, avec les prévision des effectifs et aussi et surtout la complexité technique de réaliser les travaux en milieu occupé et parfois l’obligation de réaliser des opérations tiroirs.

    C’est complètement lunaire cette démarche ! Ce que nous comprenons en creux, c’est qu’en plus cette liste n’est donc pas encore fixée, pire c’est qu’elle évolue de semaines en semaines. Bon courage pour les cadres de la SPEM … Du grand n’importe quoi.

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  4. Moaàa Moaàa

    Elle est venue pour faire du vent, siffler la récréation comme elle a dit, dans pas longtemps elle va se faire siffler en deux temps trois mouvements et adieu sabrina

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  5. Kitty Kitty

    Et aucune réponse sur la seule question qui compte : comment redonner à Marseille des compétences claires en matière de propreté, de transport et de logement ? En d’autres termes, comment faire pour que la Métropole ne se mêle plus de la vie quotidienne des marseillais ?

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  6. BRASILIA8 BRASILIA8

    Elle est là pour préparer sa future candidature aux municipales avec Castaner à la Métropole, Vassal au Département, Museleir à la Région la macronie cherche une implantation

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  7. BUJOLI BUJOLI

    …. Que de sourires forcés, on dirait un panier de crabes ou chacun ne voit que son intérêt électoral…Pendant ce temps là les marseillais attendent!! La métropole, le département,la ville et maintenant l’état avec sa représentante chacun veut tirer dans son sens et on perd en efficacité…..Dommage pour Marseille et les marseillais , après Gaudin on aurait pu espérer mieux !!!!

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  8. vékiya vékiya

    Quelle angoisse cette photo !

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  9. Patafanari Patafanari

    La petite Sabrina entre les deux alligators.

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  10. danielle di scala danielle di scala

    pour madame Vassal ce n’est ni le département ni la metropole ni Marseille qui l’interesse.c’est devenir senatrice en 2026.

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  11. Richard Mouren Richard Mouren

    Je lis l’article de La Provence et les bras m’en tombent. Deux pistes: soit le journaliste est nullissime, soit Mr Collart est nullissime (plutôt Bouvard, plutôt Pécuchet?).

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  12. Richard Mouren Richard Mouren

    Mme la Secrétaire d’Etat a bien retenu la philosophie politique de Mr Macron: un bien bonne élève. Il est évident qu’elle vise l’investiture macronnienne pour la mairie.

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  13. didier L didier L

    Lou Ravi et ses deux ” copines” qui sourient mais n’en pensent pas moins.

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  14. Lissia Lissia

    Bonjour, je ne sais pas si Mme Agresti est une bonne élève de Macron. Mais ce que je sais, c’est qu’elle ne se trouve pas mal d’aller se confier à un Journal qui parait pour le weekend et dont le directeur (depuis quelques mois) est un homme qui appartient à une aile politique la plus éloignée de l’extrême gauche.
    En cela elle a ouvert, en digne représentante de la démocratie, la voie à de nombreuses personnalités amies de M. Macron, qui l’ont imitée sans retenue. Félicitations ! Marseille peut dormir tranquille.

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  15. BRASILIA8 BRASILIA8

    Patafanari Ce sont plutôt les deux crocodiles doivent s’inquiéter la “petite” a les dents très longues

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Bien vu!

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    • Patafanari Patafanari

      Si la mangouste peut saigner les deux reptiles…Qui en seraient très attristés ?

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