Vidéosurveillance, biffins, Buzine : les dossiers chauds du conseil municipal de Marseille

Décryptage
le 15 Sep 2023
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Après un début d'été bousculé, la Ville programme pour la première fois un conseil de rentrée à la mi-septembre. Au menu de cet ordre du jour allégé, la reprise en régie du château de la Buzine, l'ouverture d'une ressourcerie place Gèze et quelques dossiers chauds repérés par la rédaction de Marsactu.

Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)
Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

C’est déjà reparti. Ce vendredi, les 101 conseillers municipaux regagnent l’hémicycle après la pause estivale. Un calendrier un peu plus anticipé que l’usage, qui fait d’habitude de la foire de Marseille la rentrée institutionnelle. La raison est simple : le contrat de délégation du château de la Buzine avec l’association éponyme expire ce samedi, l’exécutif municipal devait donc acter la reprise de l’équipement en gestion directe avant.

Mais tandis que l’association présidée par Nicolas Pagnol s’offrira une dernière séance symbolique avec la projection du Château de ma mère, le dossier brûlant du mois de juin verra sa place réduite par les multiples sujets d’actualité : émeutes urbaines de l’été, violences policières, départ du directeur général des services, venue du Pape… Et bien sûr par quelques-uns des 99 autres rapports prévus à l’ordre du jour, dont nous vous présentons les plus marquants.

Un remplacement chahuté

11 mai 2023. L’adjointe au maire déléguée à l’urbanisme, Mathilde Chaboche, annonce sa démission. Entériné par le préfet le 14 juin, ce départ contraint trouve enfin sa traduction dans l’exécutif avec l’élection d’une nouvelle adjointe au maire. Un tempo soigneusement maîtrisé par Benoît Payan, puisque la loi prévoyait que ce remplacement soit effectué dans les 15 jours. Après avoir laissé passer les deux séances du 30 juin et du 7 juillet, le maire a donc fini par programmer ce vote. Sans avoir vraiment éloigné le risque de fronde.

Dans un communiqué publié ce mercredi, le groupe écologiste prévient qu’il ne participera pas au scrutin en l’état. Fort de 11 élus, dont Mathilde Chaboche qui l’a rejoint après sa démission de l’exécutif, il réclame un “débat politique” pour apporter une réponse à la crise sociale et aux émeutes urbaines. Appelant à “prioriser la prévention de la délinquance”, il pointe en creux le choix de Perrine Prigent pour cette promotion en tant qu’adjointe, plutôt que Zoubida Meguenni, chargée justement de cette thématique et membre du groupe.

Un renfort devant les caméras

Positionné dans les premiers de l’ordre du jour, ce rapport devrait permettre d’évoquer les enjeux sécuritaires. Alors que le groupe écologiste s’inquiète du développement de la vidéosurveillance, il est prévu le renfort de 30 opérateurs pour visionner les caméras au centre de supervision urbaine (CSU). “Les émeutes survenues à Marseille début juillet ont témoigné du rôle indispensable du CSU et de la nécessité de renforcer plus encore les effectifs qui le composent”, argumente le rapport, qui précise que “les nouvelles recrues garantiront une meilleure surveillance de la voie publique dans un contexte de grande affluence lié aux évènements qui se dérouleront à Marseille en 2023/2024”.

Après un audit de l’inspection générale des services rendu en 2021 mais non communiqué, l’adjoint délégué à la sécurité Yannick Ohanessian avait plutôt insisté sur le temps important consacré par ses agents à visionner des images pour le compte de la police nationale. Depuis, une meilleure coordination a été mise en place.

La Buzine reprise avec 16 salariés

On l’a dit, le 15 septembre visait à préparer le 17, premier jour de gestion municipale au château de la Buzine, après douze ans de délégation à une association. Cela passe en premier lieu par l’intégration dans le personnel municipal des 18 salariés dédiés, dont la directrice Valérie Fédèle, nommée responsable de service. “À ce jour, seize d’entre eux ont choisi de rejoindre les effectifs municipaux”, complète Joël Canicave, le président du groupe majoritaire dans l’hémicycle.

L’exécutif précise aussi cinq axes pour le projet culturel de l’équipement. Accusée par le président de l’association gestionnaire Nicolas Pagnol et son opposition de vouloir liquider l’héritage de l’écrivain-cinéaste, la majorité y inclut en premier lieu “la dimension patrimoniale en lien avec la mémoire de Marcel Pagnol et de son œuvre et plus largement le patrimoine littéraire marseillais, en lien par ailleurs avec la culture provençale”. Sans surprise, elle insiste aussi sur l’éducation artistique et culturelle et le public scolaire. Par ailleurs, à l’instar des musées, les expositions permanentes seront désormais gratuites, tout comme le premier jour des expositions temporaires.

Un bail pour les biffins des puces

Ce serait, selon le rapport, “le plus grand marché informel de France”. Autour du marché aux puces, là où Euroméditerranée entend transformer la ville en même temps que l’arrivée du métro et du tramway, environ 200 vendeurs “en grande précarité” s’installent régulièrement, “dans des conditions difficiles en extérieur et sur la voie publique”. Après des mois de négociations, l’association Amelior, qui porte une démarche de normalisation de cette activité, va décrocher un premier bail de trois ans dans un entrepôt de 3500 m².

Le projet présenté dans le document soumis au vote fait figure de compromis entre celui initialement défendu par Amelior et le scénario préféré par la maire-adjointe Samia Ghali, membre importante de la majorité. Cette dernière a obtenu gain de cause sur le choix du lieu et sur la perspective d’ouverture d’une recyclerie/ressourcerie. L’association, qui craignait une logique de “projet parfait dans des années” pourra proposer rapidement un “accueil transitoire”, d’ici fin octobre. La Ville lui verse aussi 20 000 euros pour couvrir les premières dépenses.

Soutien accru face à la précarité alimentaire

La Ville compte renforcer son action en matière de lutte contre la précarité alimentaire pour faire face à une explosion de la demande, sensible à Marseille comme dans le reste du pays. Consciente qu’un certain nombre d’associations sont “confrontées à une forte augmentation de la demande” ainsi qu’à “une fragilisation de leurs ressources”, indique le rapport, la municipalité doit voter le principe d’un complément de subvention d’un montant de 160 000 euros, à destination d’associations telles que les Restos du cœur, le Secours populaire ou Vendredi 13.

Dans le rapport soumis au vote, la municipalité décrit l’augmentation substantielle des budgets alloués à la lutte contre la pauvreté depuis 2021. En 2023, la Ville a fait distribuer par les équipes du Samu Social 110 440 repas en 2023, soit près de 36 000 repas de plus qu’en 2021.

Plus de moyens pour l’Hébergement d’urgence

La crise du logement est partout : construction, location, logements neufs ou anciens, tous les segments du marché sont touchés. Pour répondre à cette urgence, la Ville a décidé d’augmenter les capacités d’hébergement “à destination des personnes les plus vulnérables, dans un contexte d’accroissement de la grande précarité et de saturation du parc d’hébergement”. 300 nouvelles places ont été créées en mobilisant des sites municipaux et la Ville accompagne l’ouverture de deux nouveaux centres, rue Cavaignac dans le 3ᵉ arrondissement et rue Nau dans le 5ᵉ. Ils seront portés par un collectif d’acteurs dont Just, Yes we camp et HAS.

La Ville s’engage aussi à financer à hauteur de 70 000 euros cette dernière association. Dans la même délibération, est annoncé un financement de 150 000 euros pour permettre au centre communal d’action sociale (CCAS) d’assurer le suivi des futurs hébergés de ces deux centres.

Pollution de l’air : 10 millions pas encore tombés sur le port

Un an après le vote d’une enveloppe de 10 millions d’euros pour “l’accélération de la
transition écologique des activités maritimo-portuaires au bénéfice de l’amélioration de la qualité de l’air et de la santé des Marseillais”, ce fonds municipal revient dans l’hémicycle pour prendre un peu plus d’épaisseur. Le rapport proposé entend fixer le cadre pour l’intervention de la Ville, autour de six orientations stratégiques. Par rapport au manifeste de septembre 2022, le dispositif y gagne en exhaustivité, avec des actions sur les cars de tourisme ou les déchets, mais sans donner à voir une feuille de route datée et budgétée. Une première action, une étude poussée de l’impact de la pollution sur la santé, sera toutefois lancée avant la fin de l’année.

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Commentaires

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  1. Kitty Kitty

    Et pour l’économie, et donc l’emploi, y-a-t-il un pilote à bord ?

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    • Alceste. Alceste.

      Faute de compétences, cela fait partie de ses nombreuses incompétences.

      Signaler

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