LETTRE À BRUNO GILLES

Billet de blog
le 26 Déc 2025
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Comme le dit Boris Vian dans une chanson qu'il avait composée en 1955 contre la guerre d’Indochine, « Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être, si vous avez le temps ».

Comme l’un des candidats de notre quartier à la prochaine élection municipale a squatté notre boîte aux lettres à ma femme et à moi, nous avions deux solutions. Ma femme a choisi la plus simple : elle a jeté la lettre, histoire de ne pas perdre de temps à lire les billevesées d’un candidat de droite à la prochaine élection municipale. Pour ma part, j’ai choisi de répondre à cette fausse lettre – histoire de faire de ma réponse l’objet de ma chronique de Marsactu. C’est que c’est tout de même intéressant de lire les mots des adversaires et de jouer le jeu d’y répondre, car cela permet de mieux les comprendre en tentant de leur donner un sens, et de s’obliger à soi-même à trouver les mots que l’on a envie d’exprimer en rendant de cette façon plus clair notre engagement et plus explicite la dénonciation de ce qui n’est pas un projet.

C’est que le « tract postal » envoyé par Monsieur Bruno Gilles appelle de ma part de nombreuses critiques. Toutes ne figurent pas dans cette chronique, mais ce qui est clair, c’est que mon engagement est plus décidé que jamais à la lecture de ce semblant de lettre. Il y a trois choses que je n’ai pas mises dans ma réponse. La première est, tout simplement, l’en-tête de la lettre : il n’a pas écrit « Bruno Gilles » et l’adresse, mais « Permanence de Bruno Gilles ». Les choses sont donc claires : ce n’est qu’un jeu. La deuxième est l’explication du « choix de s’engager à nos côtés » : c’est, bien sûr, l’inverse : il voudrait continuer à être le chef en nous incitant, nous, les électrices et les électeurs, à être de son côté. Ne nous trompons pas, le pouvoir, c’est toujours celui qui l’a qui qui le garde ou celui qui le veut qui met tout en œuvre pour y parvenir. Je ne pense du tout que Monsieur Bruno Gilles soit engagé « à mes côtés », car, s’il est engagé, c’est contre mes idées. Enfin, le « bien sincèrement » qui termine la lettre est malhonnête, car il n’y a aucune sincérité dans cette soi-disant lettre – sauf, peut-être dans la condamnation des hors-la-loi et de la « salle de shoot », comme si Monsieur Bruno Gilles savait ce qu’est le shoot.

 

Donc, on lira ci-dessous ma lettre à Monsieur Bruno Gilles. 

Ma femme et moi avons trouvé ce matin, dans notre courrier, une lettre de vous nous faisant de la publicité pour votre candidature aux prochaines élections municipales de Marseille. Contrairement à ce que vous écrivez, nos chemins ne risquent pas de s’être croisés, car nous sommes engagés à gauche, décidés dans nos convictions, plus que jamais, un enseignant et un médecin à la retraite, mais plus décidés que jamais à voir assurée la place du débat, que les gens comme vous s’obstinent à empêcher et à censurer.

Je vais tout de même répondre à votre soi-disant courrier, qui n’en est pas un, car votre « bien sincèrement » est une imitation, mauvaise, par ailleurs, d’une véritable signature manuscrite.

Le sentiment de ne pas être entendu et de ne pas vivre dans la sécurité n’est certainement pas donné par la municipalité dirigée par Benoît Payan au nom de la gauche : c’est plutôt Madame Vassal et les partis qui sont avec elle qui donnent l’insécurité à Marseille, en ne s’occupant pas de l’environnement, en négligeant la question de la pollution, en faisant se développer, dans la métropole, des activités commerciales qui empêchent, justement la sécurité par la multiplication des surfaces de vente, petites ou grandes, au détriment des activités permettant une véritable vie sociale.

J’ajoute que c’est sous le mandat de Monsieur Gaudin qu’ont eu lieu les effondrements des immeubles de la rue d’Aubagne, à quelques minutes de chez moi : ces effondrements ne sont pas survenus par hasard ni par malchance, mais bien que parce que la municipalité dirigée par la droite de Monsieur Gaudin a laissé sans entretien les quartiers destinés aux personnes moins favorisées que celles qui vivent dans le huitième arrondissement.

Par ailleurs, pour circuler dans nos rues, encore faudrait-il que des transports en commun dignes de ce nom circulent en nombre suffisant et desservent tous les lieux utiles. L’obsession de la droite et de vos partis pour le développement de la voiture particulière pollue la ville et empêche une véritable sécurité de permettre une circulation apaisée dans les rues de Marseille. 

Toujours à propos de la circulation, votre prétendue lettre tombe mal : elle est arrivée au moment où nous avons appris que le département, dirigé par Madame Vassal dont vous vous réclamez pour les élections municipales, vient de supprimer une subvention dont bénéficiait une association, « Vélos en ville », dont le projet est justement de réduire la pollution et l’insécurité dans les rues de Marseille en cherchant à promouvoir ce mode de déplacement. Le département de Madame Vassal prétend, dans les explications qu’il donne à l’association sur ce refus de subventions, « déplacer ce financement vers les politiques environnementales » : qu’y a-t-il de plus environnemental que le vélo dans les rues ? Sans doute les subventions iront-elles à des organisations plus soumises aux directives du département que vous dirigez avec vos alliés. Il s’agit d’une hypocrisie de plus du discours du département.

Enfin, au sujet d’une autre de vos obsessions, celle de la drogue et de l’opposition à la « salle de shoot », peut-être, avant de condamner les « drogués », comme vous les appelez en les considérant comme des sortes de « sous-êtres humains », sans doute conviendrait-il, avant de les couvrir de l’opprobre, de vous demander pourquoi ils en sont arrivés là. Le développement des addictions est une des incidences du libéralisme que recherchent à toute force les partis comme le vôtre, à la fois parce que le libéralisme économique néglige la question de l’insertion sociale et professionnelle de la jeunesse et parce que les partis comme celui de madame Vassal ont promu le modèle nord-américain comme modèle, au lieu de mettre en œuvre un véritable projet culturel propre à notre pays et à notre ville.

Quant à la sérénité, pour que toutes et tous puissent en profiter au moment des fêtes comme vous prétendez le souhaiter, seule une politique de solidarité pourrait la permettre, ce qui n’est sûrement le cas de la politique menée par vos partis, incapables de même doter notre pays d’un budget acceptable.

Donc, je vous avertis : ne comptez pas sur  notre soutien, comme vous  le prétendez vous être acquis.

Le « dialogue sincère et permanent » que vous prétendez souhaiter, n’est qu’une esbroufe plus de Madame Vassal et de ses listes, car il n’y a ni dialogue ni sincérité dans le discours de la droite municipale : il n’y a que l’obsession de conquérir le pouvoir et de le conserver. 

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