Fin de parcours pour le projet pharaonique d’aire des gens du voyage à La Ciotat

Info Marsactu
le 31 Mai 2023
0

Dans les cartons depuis 20 ans, relancé par la métropole en 2019, le très coûteux et très peu adapté projet d'aire d'accueil de La Ciotat va finalement être abandonné pour des raisons urbanistiques. Les associations dénonçaient un chantier "aberrant" ne répondant pas aux besoins des voyageurs.

Le site choisi comportait de nombreux points dénoncés par les associations de gens du voyage. (Photo : Loeiza Alle)
Le site choisi comportait de nombreux points dénoncés par les associations de gens du voyage. (Photo : Loeiza Alle)

Le site choisi comportait de nombreux points dénoncés par les associations de gens du voyage. (Photo : Loeiza Alle)

La métropole était prête à débourser plus de six millions d’euros pour installer une aire d’accueil de gens du voyage dans ce terrain éloigné de tout, en zone Natura 2000. Et puis finalement non. Douze petits mots sont venus signer la fin de ce chantier, inscrits dans un tableau du schéma départemental d’accueil des gens du voyage pour la case concernant La Ciotat : “Problématique du terrain retenu avec la Loi littoral – Nouveau terrain à rechercher”. Le terrain identifié et validé de longue date est donc finalement rejeté. Il pourrait bien s’agir de la clôture définitive d’un projet envisagé depuis plus de quinze ans et ressorti des cartons en 2019.

Comme l’a détaillé Marsactu à plusieurs reprises, cette aire aurait dû accueillir 50 caravanes dans le Nord-Ouest de la commune de La Ciotat, en contrebas de l’autoroute, sur le terrain d’une ancienne décharge. Un projet tout sauf simple et particulièrement coûteux. Un rapide calcul montrant que, vu l’ampleur des travaux pour rendre le site habitable, chaque place de caravane reviendrait à 240 000 euros. Pourtant, en 2021, la métropole affirmait être prête à lancer le chantier, après un premier terrassement et la conclusion des études d’impact environnemental. Et en janvier 2022, elle sélectionnait un groupement d’architectes pour exercer la maîtrise d’œuvre, sous la houlette de la Soleam.

Sollicitée, la société publique locale d’aménagement, confirme à demi-mots l’abandon du projet. Elle indique aussi n’avoir conduit aucun travaux sur ce terrain dont elle a la charge depuis 2019, “ni même lancé de consultation sur cette opération”. Elle n’est pas en mesure non plus d’expliquer la nature exacte de l’obstacle réglementaire rencontré. Une source impliquée dans le projet complète : “cela fait plusieurs mois qu’on n’avait pas de nouvelles. C’était un grand silence”.

La “loi littoral” pour toute explication

Le motif retenu pour écarter le terrain, “loi littoral”, fait sourciller plusieurs sources proches du dossier sollicitées par Marsactu. Celle-ci vise en priorité à préserver l’urbanisation en bord de mer, même si ses préconisations peuvent porter sur l’entièreté d’une commune. Et le terrain du vallon de la Forge se trouve à plus de six kilomètres de la côte. “Parmi toutes les contraintes techniques de ce projet, je ne sais pas si on n’a pas mis tout ça sous le couvercle de la loi littoral”, fait mine de s’interroger un technicien. Dans une étude d’avant projet menée sur le site en 2012 et que Marsactu a pu consulter, la question de l’impact de cette loi n’était tout simplement pas évoquée.

Les raisons pour renoncer au projet ne manquaient pourtant pas : coût astronomique, impact pour l’environnement, pollution des sols, proximité immédiate de l’autoroute et d’une voie ferrée pouvant affecter la santé des futurs occupants… Sans parler de l’éloignement du centre-ville, rendant tous les déplacements impossibles sans voiture. “Le projet réunissait tellement de contraintes, pour un résultat médiocre”, soupire la même source.

La métropole a répondu à nos questions après la publication de cet article, pour indiquer sobrement que : “le terrain initialement identifié n’a pu être retenu, notamment en raison de contraintes réglementaires”. Elle indique chercher un nouveau terrain. Plusieurs élus métropolitains et la mairie de La Ciotat n’ont pas donné suite à nos sollicitations. Politiquement, les voix pour défendre ce chantier n’ont jamais été nombreuses, malgré son maintien au fil des ans.

“Encore un échec de la politique d’accueil”

“On ne peut que se réjouir de l’abandon de ce projet, qui aurait eu un impact néfaste pour l’environnement et pour la santé des voyageurs, mais sur le fond, c’est encore un échec de la politique de la métropole d’Aix-Marseille pour l’accueil”, déplore William Acker, directeur de l’association nationale des gens du voyage citoyens (ANGVC). “Ce projet semblait fantoche, il était improbable, aberrant. Cela relevait plus du positionnement politique”, souligne-t-il encore.

Régulièrement, des installations sur ses terres de grands groupes de gens du voyage sont déplorées par la commune de La Ciotat. Mais aucune aire adaptée n’existe dans le secteur, la seule du territoire métropolitain à être fonctionnelle se trouvant à Istres, à l’autre bout du département. En 2019, la métropole avait été condamnée pour son inertie générale sur la question des aires d’accueil. Dans le schéma départemental tout juste validé, elle ambitionne de tripler ses capacités d’accueil d’ici à 2026. Une promesse à laquelle les associations de voyageurs n’accordent que très peu de crédit. L’exemple de l’imbroglio à La Ciotat ne devrait pas les rassurer davantage.

Actualisation le 1er juin à 19h : ajout de la réponse de la métropole, parvenue après la publication de l’article.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire