Un PS marseillais “en convalescence” accueille un congrès explosif

La fédération socialiste des Bouches-du-Rhône lors d'une conférence de presse en 2022. (Photo : SL)

La “bouillabaisse marseillaise”, les “Bouches-du-Nord”, la “Corée du Nord”… Pendant des années, le Parti socialiste marseillais s’est taillé une solide réputation en termes de magouilles. Et voilà qu’un congrès national du parti arrive pour trois jours au palais du Pharo avec un psychodrame sur le poste de premier secrétaire et son lot d’engambis, ramenant par les airs le sparadrap dont les socialistes marseillais avaient promis de se détacher. “On espère que c’est pas à Marseille que le PS va péter en vol”, résume la Vitrollaise Isabelle Rovarino, mandataire locale d’Hélène Geoffroy, candidate battue à la tête nationale du parti. Proche d’Olivier Faure, le premier secrétaire sortant, Benoît Payan hésite encore, à ce stade, à honorer son engagement de prononcer un discours lors du congrès. Socialiste “de cœur” mais sans carte, il pourrait préférer éviter de mêler son image au chaos annoncé.

Le Parti socialiste local cherche pourtant une nouvelle voie, après l’époque des grandeurs et des folies où celui-ci dominait encore la gauche, ici comme ailleurs. “Le PS dans les Bouches-du-Rhône est en pleine convalescence. On a traversé des zones de turbulences, pose celui qui est devenu premier secrétaire fédéral en 2021, Yannick Ohanessian, soutien d’Olivier Faure. Mais depuis juin 2022, on voit arriver de nouvelles adhésions. Le parti se renouvelle notamment à travers des jeunes.”

1400 adhérents au dernier pointage

Le redémarrage reste toutefois modeste et les troupes sont maigres par rapport aux 10 000 militants proclamés il y a quelques années. Yannick Ohanessian se satisfait de 72 nouvelles cartes récentes. Officiellement, la fédération compte 1400 adhérents après, selon l’expression d’Ohanessian “un grand nettoyage de printemps” qui a eu pour effet d’écarter certaines adhésions bidons. Plus de 1000 adhérents sont venus voter pour l’élection du premier secrétaire du parti, soit une participation parmi les meilleures de France et bien au-delà de la moyenne. Un très bon score qui, s’il a fait tiquer certains, ne s’accompagne pas, jusqu’ici, de dénonciations d’irrégularités.

À un moment, le PS était une machine à élire. Là, on a des militants sincères qui veulent refaire du PS une boîte à idées

Isabelle Rovarino

Mais dans les réunions de section régulières, les militants sont peu nombreux, même dans des arrondissements ou des villes très à gauche. “Dans ma section du 1er arrondissement, il y a à peu près 20 militants qu’on voit aux réunions dans l’année. À chaque fois, ça veut dire qu’on est à peu près une dizaine, ce qui finalement n’est pas si mal pour avoir de vraies discussions de fond”, raconte Laurent Lhardit, un des soutiens locaux de Nicolas Mayer-Rossignol. “À un moment, le PS était une machine à élire, il y avait des militants qui pouvaient être là par intérêt. Là, on a des militants sincères qui veulent refaire du PS une boîte à idées”, résume Isabelle Rovarino.

Chacun espère désormais que les querelles nationales ne feront pas exploser ce début de relance que personne n’a voulu perturber en présentant un candidat contre Yannick Ohanessian cette fois-ci. Le contexte général est perçu comme favorable avec une absence d’élections locales avant les municipales de 2026. Et un navire amiral : la mairie de Marseille. “La victoire du Printemps marseillais est, pour certains, un marqueur fort. On n’a pas des foules, mais on sent quelque chose qui s’amorce et ça fait du bien”, se réjouit l’adjointe au maire de Marseille chargée de la mobilité Audrey Gatian. “Pour nous, Benoît Payan, c’est un bel exemple, la seule image que l’on veut renvoyer de Marseille”, pose Isabelle Rovarino qui ne manque pas de saluer les actions de la majorité vitrollaise de Loïc Gachon, à laquelle elle participe.

La mairie de Marseille comme navire amiral

La victoire du Printemps marseillais et l’accession postérieure de Benoît Payan au poste de maire s’est assortie pour plusieurs militants d’un accès à des postes de choix. Yannick Ohanessian est adjoint à la sécurité et il a pris la tête de la “fédé” avec le soutien du maire. Depuis la mairie des 2e et 3e arrondissements, Anthony Krehmeier veille aussi sur la vie du parti. Les concurrents internes ne sont jamais très loin : c’est dans l’équipe municipale que l’on retrouve ainsi les représentants du principal opposant d’Olivier Faure. Laurent Lhardit, adjoint à l’économie et Yoan Lévy, le secrétaire général du groupe majoritaire, sont les premiers soutiens locaux de Nicolas Mayer-Rossignol.

Plus largement, pose un élu socialiste important, le Parti socialiste a placé ses pions un peu partout dans l’exécutif marseillais, offrant à des jeunes pousses notamment, un apprentissage accéléré. “Le PS est celui qui a gardé sur Marseille les cadres, qu’ils soient membres actifs ou ex-membres ça reste la colonne vertébral du Printemps”, explique-t-il. Une manière de se rendre incontournable pour la suite… et de moins dépendre de la santé du PS national.