NU NUMÉRIQUE
Instants Vidéo, hors les murs
Dans un contexte géopolitique mondial assez préoccupant et une actualité bouillonnante, le festival hétéroclite des Instants Vidéos se prépare à son investiture annuelle à la Friche. Au programme cette année, rien de moins que l’ouverture des frontières, l’action poétique et la beauté du geste rebelle…
Capture d'écran
Dur de donner un aperçu rapide de la programmation de ces cinq jours, tellement les journées apparaissent chargées et denses. Au mieux peut-on, pour résumer cette volonté artistique, souligner la volonté de “créolisation des corps et des langages”. La manifestation, très concentrée, s’affirme comme toujours poétique, mais tout autant politique. Une grande exposition à la Friche et trois petites hors les murs, six jours de vidéos et performances regroupés par thématiques, beaucoup d’éloges, du rire et des larmes, et l’occasion de découvrir pratiquement deux centaines d’œuvres, dont beaucoup de créations récentes.
Deux jours de débats en décalé, à la fin du mois, permettront en outre de s’interroger sur les conséquences artistiques et sociales du tout numérique. C’est d’ailleurs le credo du festival : persister à déconstruire, inlassablement, les murs qui n’ont de cesse de s’ériger dans le monde actuel. Car vivre avec le numérique, comme beaucoup le craignent, c’est bien le risque de nous voir enfermés dans de nouveaux codes et rapports sociaux. Mais ce sont aussi les nouvelles barrières qui sont les plus à même d’induire des brèches et ouvertures inédites.
Festival riche et gratuit
Par ailleurs, il convient de souligner la dimension fondamentale du festival qu’est la gratuité, qui traduit une réelle volonté d’ouverture et d’accessibilité. Et si malgré cela, il reste dur d’attirer à la Friche des personnes non initiées, qu’à cela ne tienne : le festival investit des espaces publics concernant des personnes plus défavorisées ou marginalisées, à savoir l’ADPEI (structure dédiée à l’insertion par l’activité économique) et le SARA (association de lutte contre la pauvreté et la précarité). Je disparais de Dominique Comtat (courte mise en scène de phrases écrites dans des décors du quotidien) au SARA, Paradiseator de Ralph Kistler (vidéo expérimentale recensant quelques cinq cents clichés d’un paradis stéréotypé) et Cartes et territoires de Chantal duPont (un parcours qui tisse des liens entre des images de voyage de l’artiste et de son corps) à l’ADPEI, permettront peut-être un échange chaque fois plus présent, sans toutefois tomber dans des formes faciles proches de la pédagogie. On espère cette présence à l’image du festival : incongrue et dérangeante.
Au final, on constate avec plaisir que cet engagement du festival, à savoir de lutter contre les murs en perpétuelle construction, va au-delà de belles phrases imprimées dans un programme. En effet, et outre la solidarité dont il fait preuve à l’instar de son homologue syrien All Art Now, il a pu “faire acte de présence” cette année notamment dans les camps de Gaza et Ramallah en participant au festival palestinien /si :n/4 (dont il a aidé à la mise en place). Une belle preuve qu’il y a bien des choses que les murs n’arrêtent pas.
Estelle Wierzbicki
Les Instants Vidéo : jusqu’au 29 novembre à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e) et à Marseille. Soirées programmations / performances à la Cartonnerie du 7 au 11/11. Rens. : 04 95 04 95 95 / . Le programme des Instants Vidéo ici.
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